Leur commande arriva rapidement. C'était une autre serveuse. Elle déposa les chopes devant les deux voyageurs. Au passage elle jeta elle aussi un regard appréciateur à Öta. Dès qu'elle eut disparu, Saalyn remarqua :
— J'ai l'impression qu'au moins un de nous deux ne va pas dormir seul cette nuit.
— Tu crois ? répéta-t-il en la regardant s'éloigner.
— Si tu n'étais pas mon disciple, je t'entraînerais moi-même dans une chambre à l'étage.
Il baissa les yeux sur sa consommation.
— D'ailleurs, tu ne resteras pas éternellement mon disciple, ajouta-t-elle.
Puis elle but une gorgée de sa bière. Le jeune stoltzen se réfugia derrière sa chope pour masquer sa gêne.
— Je confirme les paroles de votre maître, dit une voix mâle juste à côté d'eux, si je n'étais un homme, moi aussi je vous inviterais.
Saalyn leva les yeux. Le soldat qui l'avait bloquée tout à l'heure sur l'escalier se tenait au-dessus d'elle.
— Je peux ? demanda-t-il en désignant la chaise vide à côté d'Öta.
D'un geste, elle l'invita à s'asseoir. Il ne se fit pas prier.
— Je me présente. Je suis Banerd. Je viens de Nayt. Je vénère le seigneur noir.
La précision était inutile, les adeptes du dieu blanc ne sortaient que rarement de la Nayt. Ce dont les voisins de la théocratie ne se plaignaient pas.
— Je suis Saalyn, de Neiso. Que fait un Naytain si loin de chez lui ?
— Je pourrais vous retourner la question. Nous sommes loin de Sernos, votre base d'opération actuelle il me semble.
Il était bien renseigné. Ceci dit, en Nayt, cela n'avait rien d'exceptionnel.
— Je tiens à m'excuser pour mon comportement, tout à l'heure, dit-il, c'était grossier.
— Vous regrettez votre geste ?
— Je n'ai pas dit ça. Avoir le sein de la grande Saalyn dans la main, même quelques vinsihons seulement, est un plaisir rare.
— Ce n'est pas un exploit. Vous n'êtes pas le premier et vous ne serez pas le dernier. Mon métier m'expose à pas mal de désagréments.
— Parce que pour vous c'était un désagrément ?
— Je n'ai pas dit ça, le singea-t-elle.
— J'espère n'avoir pas profité d'un moment de faiblesse. J'ai appris ce qui vous était arrivé en Orvbel.
— Ce n'était rien.
— Vous êtes quand même restée cachée presque un an à l'ambassade d'Helaria à Sernos.
Devant son silence, il ajouta.
— Personne n'était dupe. Tout le monde savait parfaitement pourquoi vous êtes restée si longtemps là-bas.
Il se tourna vers Öta.
— Depuis combien de temps travaillez-vous avec Saalyn ?
— Ça va faire neuf ans, répondit le jeune stoltzen.
— C'est donc vous qui avez organisé l'expédition pour la délivrer. C'était du beau travail.
— Ça confirme que j'avais raison de le prendre comme apprenti, intervint Saalyn. Il a encore beaucoup à apprendre, mais il est doué.

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L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)
FantasySoixante ans se sont écoulés depuis la guerre qui a mis fin au règne des tyrans. Une civilisation a pu renaître sur les ruines, malgré la subsistance de poches de chaos. Mais la plus grande partie du continent reste mortelle. Vivant en limite de la...