Chapitre 34 : Domaine de Sarhol. (1/4)

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Cela faisait un peu plus d'une douzaine que Saalyn et Öta avaient quitté l'Yrian. Ils étaient au milieu du Chabawck, le territoire des bawcks. Ce peuple, farouche, restait invisible. Il évitait les abords de la grande route, préférant rester dans les plaines ou les forêts plus éloignées. Mais régulièrement, on pouvait voir les chemins qui menaient à leurs campements. Même s'ils restaient discrets, ils n'en commerçaient pas moins avec les autres peuples. Maîtres dans l'art de la forge, et d'autres arts nécessitant l'usage du feu, ils avaient de nombreux clients. Le verre qu'ils fabriquaient était transparent contrairement à celui trouvé partout ailleurs. Ils fournissaient les plaques équipant les distillateurs solaires qui purifiaient l'eau polluée par les pluies de feu. Saalyn se dit que ce ne serait pas une mauvaise idée de faire réparer son épée. Elle avait beau en prendre soin, son usage l'abîmait. Elle était ébréchée. Les bawcks savaient comment la refondre partiellement pour remettre du métal là où il avait sauté.

La nature autour d'eux était déprimante. Les pluies de feu arrosaient régulièrement ces plaines. Mais elles étaient aussi irriguées par de nombreuses rivières qui provenaient des montagnes loin au nord. Et si la végétation était malsaine, elle existait. La plupart des arbres étaient mourants, mais ils s'accrochaient. Les plantes arrivaient à se reproduire avant que la maladie du feu, ou son équivalent végétal, ne les emportent. Il y avait aussi des animaux, des insectes principalement et quelques reptiles proches des lézards et serpents. Mais aucun oiseau ne volait dans les branches en chantant, aucun prédateur ne rugissait dans les forêts et aucun troupeau d'herbivores ne sillonnait la savane en broutant les herbes du sol comme autrefois.

Les voyageurs qu'ils croisaient, les caravanes qu'ils rattrapaient et même les patrouilles de l'armée yriani, outre qu'ils confirmaient qu'ils suivaient toujours la bonne piste, constituaient une distraction bienvenue dans cette désolation. Vivement qu'ils atteignent les premiers royaumes humains ! La nature n'était pas en meilleur état, mais au moins, il y aurait de la vie.

Öta attira l'attention de Saalyn en l'appelant doucement. Perdue dans ses pensées, elle ne l'entendit pas tout de suite. Enfin, elle tourna la tête vers lui.

— Tu avais bien dit qu'aucun ptérosaure ne vivait dans cet endroit ? demanda-t-il.

— Aucun ptérosaure ni rien d'autre qui vole.

— Alors c'est quoi ça ?

Le jeune stoltzen avait l'œil perçant, parce que Saalyn distinguait à peine la tache noire que lui montrait son disciple. Mais il avait raison. Plusieurs êtres volaient en formation, en provenance du nord. Vu la distance, ils devaient être gros, ce qui expliquait que Öta n'ait pas envisagé les oiseaux.

— Ce ne sont pas des ptérosaures, corrigea Saalyn, ce sont des gems.

— Des gems ? Je n'en avais jamais vu voler ainsi.

— Chez nous, il y en a certains qui portent des ailes.

— Je sais, mais je ne les ai jamais vus voler en groupe comme ça.

Saalyn les observa un moment.

— Je me demande où ils vont. C'est trop à l'est pour l'Helaria, trop à l'ouest pour la Nasïlia. Et les premiers royaumes sur cette route sont à plus d'une centaine de longes à l'est.

— Peut-être l'Orvbel, où les royaumes de la Vunci, proposa Öta.

— Peut-être, mais qu'iraient-ils y faire ? Aucun gems ne vit là-bas.

Ils continuèrent leur chevauchée, surveillant la formation dans sa progression. Ils se rapprochaient, on commençait à distinguer l'anatomie des membres du groupe. Au bout d'un calsihon, il n'y avait plus aucun doute sur leur destination.

L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant