Chapitre 35 : cours de l'Unster (2/2)

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Le commanditaire montra l'immense espace entre Kushan et le Lumensten.

— Il n'y a pas un port où on pourrait faire relâche dans cette zone ? Ces territoires ne sont pas helarieal.

— Des ports de pêche, rien de plus. Ces territoires sont peu peuplés. La plus grande communauté fait je crois à peine cinq cents habitants.

— J'ai entendu dire qu'ils exportaient énormément de viande, de céréales et d'objets artisanaux. Comment font-ils ?

— Il est plus facile pour eux d'aller les vendre à Kushan. D'ailleurs je crois que la totalité de leur production est achetée par l'Helaria.

— Je vois.

Biluan se frottait le menton tout en examinant la carte. On aurait dit qu'il essayait par la pensée de faire apparaître un port qui n'existait pas.

— La Tour, dit-il enfin.

— Mauvaise idée, répondit le second. Le Lumensten est l'endroit le plus dangereux de ce monde. Il est en plein chaos. Les pentarques doivent se mordre les doigts de l'avoir intégré à leur empire. Les seuls navires qui y font relâche ne gèrent que les lignes intérieures. Vous n'y trouverez aucun moyen de continuer vers l'Orvbel.

— Il y a une route qui relie l'Orvbel au Lumensten.

— Depuis La Tour, elle est inaccessible. Les chefs de guerre qui contrôlent le territoire veillent bien à ce que la Pentarchie ne puisse pas interférer avec leurs affaires.

— Si vous deviez choisir un port, dans lequel iriez-vous ?

— Kushan, c'est une grande ville, très ouverte sur l'extérieur, la seule du pays accessible par la mer et par la terre à la fois. Il est impossible de contrôler tout ce qui s'y passe. De plus, le commerce y est très actif. Vous trouverez facilement un navire à destination de l'Orvbel. Au pire, vous pourrez en affréter un. Il sera facile, moyennant quelques précautions, de transborder votre marchandise. Et moi je serai assuré d'une réparation rapide et de qualité.

— Kushan ?

— C'est le meilleur choix.

Tout en regardant la carte, Biluan réfléchissait à voix haute.

— En plus, disait-il, vu le nombre de chenaux qui relient le port à la mer, ils auraient du mal à nous mettre la main dessus.

— Si nous sommes pris en chasse par la marine helarieal, remarqua le capitaine, peu importe le nombre de chenaux.

Il roulait la carte en disant cela. En la rangeant, il butta sur Deirane qu'il n'avait pas vu. Il poussa un juron.

— Naturellement, il ne faudra pas qu'elle fasse de bruit pendant le transbordement. Sinon, nous risquerions de voir la garde de la ville rappliquer. Je ne tiens pas à décorer les vergues de mon propre bateau pour avoir fait du trafic d'esclave en l'Helaria.

— Ne vous inquiétez pas, expliqua le commanditaire. Nous détenons son fils que nous avons fait parvenir en Orvbel par un autre trajet. Elle sait qu'elle n'a qu'un seul moyen de le revoir. Et puis les Helariaseny ne pratiquent pas la pendaison.

La méthode utilisée dans la Pentarchie, la décapitation, ne semblait pas meilleure au capitaine.

Biluan restait circonspect. Il n'était pas satisfait des solutions proposées.

— Et nous déposer en dehors d'un port ? demanda-t-il.

— Ou voulez-vous aller ?

Le capitaine reposa la carte sur la table. Le commanditaire montra un point au fond de la baie de Kushan, un peu à l'est du Lumensten.

L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant