Elle se retourna. Les deux drows sur les talons, elle se dirigeait vers la sortie.
— Je pourrais vous faire tuer pour cet affront, cria Brun.
Elle s'arrêta, le regarda droit dans les yeux. Le jeune roi sentit ses os se liquéfier sous la terreur.
— Bonne chance, dit-elle simplement.
Puis, elle quitta la salle. Brun regarda la porte qui se refermait.
— J'ai bien envie de lui envoyer quelques gardes, histoire de donner moi aussi une leçon à l'Helaria, lâcha Brun.
— Les feythas ont essayé. Elle est toujours là, répondit Dayan.
— Tu la connais ?
— Bien sûr. Elle est dans nos livres d'histoire.
— Raconte.
— Elle dirigeait un domaine dans le pic de Bathis, au-dessus d'Elmin.
— Tu veux dire le cirque de Bathis, corrigea Brun.
— À l'époque c'était un pic. Puis les feythas sont arrivés.
— Je vois. Quelles armes impressionnantes ils avaient !
Il se perdit un bref instant dans ses rêveries.
— Que ne ferais-je pas si j'en avais quelques-unes.
Le brouhaha des courtisans attira son attention. Il les regarda, étonné de les voir là, comme s'il avait oublié leur présence. Leur futilité l'excédait. En temps normal il les supportait, mais pas aujourd'hui.
— Que faites-vous encore ici ? Dégagez ! s'écria-t-il.
Ils sortirent précipitamment, se bousculant à la porte. Seuls quelques-uns attendirent que la cohue soit passée pour quitter dignement la salle, non sans saluer leur roi auparavant. Dayan nota mentalement leur nom. À l'avenir, ils pourraient se révéler précieux. Ou une menace, il ne pouvait se décider encore.
Le monarque et son ministre retournèrent à la tour de guet du palais pour voir la délégation de l'Helaria partir. Devant eux, les gens s'écartaient. Même les gardes préféraient s'enfuir plutôt que de gêner leur progression. Avec rage, Brun vit quatre femmes, quatre esclaves, braver leur peur pour se glisser entre les drows et la gems. Ils ne se préoccupèrent pas d'elles, mais ils ne les chassèrent pas non plus. Aucun garde ne serait assez fou pour aller les récupérer. Il ferait des exemples bien sûr. Il ne pouvait pas laisser passer un tel manquement au devoir. Mais il savait que cela ne changerait rien. La prochaine fois qu'une situation identique se reproduirait, ils réagiraient de la même façon.
La cohue sur le port attira leur attention. Le quai auquel le seul navire helarieal à être entré dans le port s'était amarré avait été sécurisé par les soldats de la Pentarchie. Tous les gardes de la ville en avaient été refoulés. Mais les esclaves en fuite qui cherchaient à y pénétrer le faisaient sans aucun obstacle et de là, montaient librement à bord du vaisseau de guerre. Les Helariaseny étaient en train de lui voler ses richesses. De la tour de défense la plus proche, un archer tentait d'endiguer le flot de fuyards en décochant ses flèches. Il réussit à atteindre une réfugiée sur le pont du navire. Un tir de baliste lui répondit aussitôt, mettant un terme à son activité et certainement à sa vie aussi.
En rage, Brun quitta le poste de surveillance pour ne plus voir son pays se faire piller. Aujourd'hui, l'Orvbel ne serait pas brûlé. Mais ce qu'il subissait n'était guère mieux. Certaines esclaves étaient chères à acquérir. Quelques-uns de ses commerçants seraient ruinés après le départ des Helariaseny. Il se précipita dans le petit cabinet où il réglait les affaires courantes.
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L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)
FantasíaSoixante ans se sont écoulés depuis la guerre qui a mis fin au règne des tyrans. Une civilisation a pu renaître sur les ruines, malgré la subsistance de poches de chaos. Mais la plus grande partie du continent reste mortelle. Vivant en limite de la...