Bien que le premier couché, Ternine se réveilla le dernier. On disait que l'air marin aidait à trouver le sommeil, il venait de constater que c'était vrai. Jamais il n'avait aussi bien dormi et il se sentait en forme comme jamais auparavant. Il s'habilla et descendit au rez-de-chaussé.
Dans le salon, il n'y avait personne. Mais il y avait du bruit dans la pièce qui abritait ce que Littold avait appelé un billard. Il hésita un moment avant d'entrer, mais c'était une salle de jeu, pas un bureau. À tout hasard, il frappa. Une voix féminine l'invita à entrer. Il poussa la porte.
Il y avait du monde. Debout, face à lui, un homme était en train de frotter la pointe de sa queue de billard avec quelque chose tout en surveillant les boules sur la table. Il n'était pas très grand mais avait de la présence. Sa couleur dominante était le noir : barbe noire soigneusement taillée, cheveux noirs, tunique et pantalon noirs. Seules touches de couleurs, ses yeux jaunes de reptiles, une ceinture de cuir blanc avec une boucle en argent et le sempiternel bracelet que portait tout Helariasen. L'espion regrettait ne pas savoir lire l'écriture traditionnelle à base de perles colorées. Il aurait tout de suite su qui était cet homme. Celui-ci esquissa un vague sourire en voyant l'Orvbelian puis retourna à son activité. À côté de lui, se tenait Littold. Elle jouait, propulsant les boules colorées dans les trous avec son instrument. Quand elle se releva, il se rendit compte de son erreur. Ce n'était pas Littold. Elle lui ressemblait, mais ce n'était pas elle. Cette femme devant lui était plus grande, plus mince et, aussi incroyable que cela puisse paraître, plus belle encore. Elles devaient être parentes. Littold était certainement la fille, la mère, voire l'arrière-grand-mère de cette inconnue. Allez savoir avec les stoltzt. Il y avait aussi une femme brune, sans rien de remarquable. Il y en avait des milliers comme elle dans le monde, les recruteurs des harems lui auraient à peine porté attention. Par contre, elle n'hésita pas à le détailler de la tête au pied, sans aucune gène.
Quant au deux dernières, il éprouva un choc en les voyant. Il avait fait leur connaissance la veille quand elles lui avaient sauvé la vie. Ces deux femmes n'étaient autres que les jumelles tueuses, les Dargial Caltherisy, les pentarques quarte et quine. Elles aussi l'avaient reconnu. Elles lui adressèrent une salutation de bienvenue auquel il répondit. Mais si ces deux-là étaient des pentarques, alors les autres... Cet homme ne pouvait être que le pentarque seconde, Wotan. Et la superbe femme blonde Vespef, la pentarque prime, l'impératrice de l'Helaria. Il éprouva un moment de panique. Mais il se reprit vite. Après tout, il travaillait sous les ordres du roi d'Orvbel, d'un rang équivalent aux pentarques, ce qui l'obligeait à le fréquenter souvent. La dernière femme, la brune, ne pouvait être que le numéro manquant dans sa liste : le trois. Mais il ne se souvenait ni du nom, ni du rôle de cette dernière.
C'est elle pourtant qui parla la première.
— Je crois qu'il a compris qui nous sommes ?
— C'est mon impression aussi, répondit Wotan.
Vespef esquissa un sourire.
— Littold ne vous a rien dit ? demanda-t-elle.
Ternine, paralysé par l'éminence de ses hôtes, mit un moment à répondre. Surtout qu'il se souvenait qu'il s'était présenté comme son amant hier aux deux jumelles. Elles avaient dû bien se marrer.
— Non, dit-il enfin.
Puis il ajouta avec hésitation :
— D'ailleurs elle n'est pas avec vous ?
— Elle nage avec les dauphins, répondit Wotan.
De la main, il désigna la porte qui donnait sur la plage.
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L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)
FantasíaSoixante ans se sont écoulés depuis la guerre qui a mis fin au règne des tyrans. Une civilisation a pu renaître sur les ruines, malgré la subsistance de poches de chaos. Mais la plus grande partie du continent reste mortelle. Vivant en limite de la...