L'arrivée de Deirane en Orvbel marqua une rupture avec le début de sa captivité. Elle ne voyait plus Ard. C'était un autre précepteur qui reprit son enseignement en main. Il était plus jeune, plus strict aussi. Il n'était plus question de culture, mais de protocole. Elle passait toutes ses matinées avec lui en compagnie de jeunes filles à répéter les révérences, les salutations et toutes les autres conventions que se devait de connaître une concubine royale lorsqu'elle s'adressait à un supérieur. Ses compagnes étaient des esclaves comme elle, certaines étant encore plus jeunes, au milieu de leur adolescence. Elle ne voyait plus Biluan non plus, ce dont elle ne se plaignait pas. En l'absence de ce sadique, plus personne ne levait la main sur elle. La plus forte punition qu'elle eut à subir fut une remontrance sévère de son professeur. Ses après-midis étaient consacrés à lui apprendre sa future activité de concubine. On lui apprit les rudiments pour s'habiller, se maquiller, se coiffer. Il y avait aussi des cours de danse et de diction. L'une de ses instructrices remarqua sa voix. Ils ajoutèrent des cours de chant à son éducation.
Cette vie ne dura pas longtemps, guère plus de quelques douzaines. Cet intermède n'était destiné qu'à la préparer à sa rencontre avec Brun, le roi d'Orvbel. Son éducation définitive se ferait une fois intégrée au harem et s'étalerait sur plusieurs mois, voire des années. Si bien sûr le roi décidait de la conserver plutôt que de la revendre. Cette présentation eut lieu trois douzaines après son arrivée.
Sa préparation commença tôt le matin. Au réveil, elle n'eut droit qu'à une rapide collation. Puis le travail commença. Ils la baignèrent dans une eau parfumée. Elle fut soigneusement épilée, ne laissant aucun poil subsister sur l'ensemble de son corps, à l'exception de ses sourcils. Elle éprouva de la gêne quand ils s'occupèrent de son pubis, mais elle en avait tant subi ces dernières semaines qu'elle parvint à garder son calme. Puis ils la massèrent pour détendre ses muscles. Elle n'avait jamais été massée. Elle trouva cela agréable, regrettant qu'il faille une telle épreuve pour qu'elle découvre ce plaisir. L'huile lui laissa la peau aussi douce que le permettaient ses pierres. Le corps préparé, on s'occupa de ses mains et de ses pieds. Ses ongles furent soigneusement taillés et recouverts d'un vernis rouge. Ses cheveux aussi furent arrangés, peignés jusqu'à ce qu'ils soient lustrés et deviennent brillants. Ils les laissèrent tomber librement dans le dos. Le maquillage fut très simple, juste un peu de bleu sur les paupières et de rouge sur les lèvres. C'était son tatouage qui allait intéresser Brun, pas les produits qu'on allait lui étaler sur le corps.
Cela faisait plus d'un monsihon que l'on s'occupait d'elle. Ce fut seulement au bout de ce laps de temps qu'elle put commencer à s'habiller. Elle s'attendait aux tenues que lui avait fait porter Ard pendant son voyage. Mais la robe qu'on lui enfila la couvrait entièrement. Elle s'ouvrait sur le devant, comme un peignoir, mais ce n'en était pas un, c'était une robe en soie blanche décorée de broderies et de perles, ces deux éléments étaient noirs pour être clairement visible sur le tissu immaculé. Elle était conçue spécialement pour la jeune femme, le motif était une reproduction exacte de son tatouage, sans les couleurs. Elle était fermée par une cordelette de soie argentée. Des chaussons en satin perle complétaient sa tenue.
Elle ne devait pas se salir en se rendant au palais. Une voiture vint la prendre pour la conduire. Cette tâche, c'est Biluan en personne qui s'en chargea. Revoir son tortionnaire lui inspira un mouvement de recul. Mais il ne pouvait rien lui faire. Sa matraque électrique la mettait dans un tel état qu'il ne pouvait pas l'utiliser sur elle juste avant sa présentation au roi.
Il monta à côté d'elle. La voiture quitta le sérail de Biluan pour remonter l'avenue qui menait au palais. Ce dernier occupait un vaste espace à l'est de la cité, sur une colline qui surplombait la mer.
— Prête pour le grand jour ? demanda-t-il, pas trop nerveuse ?
— Pourquoi faite vous semblant de vous intéresser à ce que je ressens ?
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L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)
FantasíaSoixante ans se sont écoulés depuis la guerre qui a mis fin au règne des tyrans. Une civilisation a pu renaître sur les ruines, malgré la subsistance de poches de chaos. Mais la plus grande partie du continent reste mortelle. Vivant en limite de la...