Chapitre 17 : province de Karghezo. (2/3)

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— Je ne sais pas. Je n'ai aucun moyen d'identifier le corps.

— Il n'y avait que la traînée qu'il avait ramenée avec lui qui avait de la valeur.

Saalyn ne releva pas l'insulte. Elle connaissait suffisamment les humains et leurs sentiments. Elle savait que les femmes d'une famille voyaient rarement l'arrivée d'une nouvelle venue d'un bon œil.

— Ses seuls biens étaient sa ferme. Il n'avait que quelques outils en bronze, répondit un homme. Rien qui intéresse des assassins.

— Je n'ai pas dit qu'il a été assassiné.

— C'était implicite dans vos questions.

Celui-là était intelligent. Elle reconnut celui avait été presque paralysé en la voyant.

— Qui êtes-vous pour Dresil ?.

— J'étais un de ses plus proches amis. Mon nom est Vorsu.

Saalyn sortit un petit carnet et un crayon. Le jeune paysan regarda les deux objets d'un air admiratif. Il n'avait jamais rien vu de tel. À la limite, il pouvait imaginer comment fabriquer un carnet. Ce n'était qu'un petit codex vierge. Mais le crayon, une sorte de plume manufacturée en bois capable d'écrire des lignes entières sans être rechargée était quelque chose d'extraordinaire. Il soupçonnait que même en Helaria c'était quelque chose de rare, réservée à quelques personnes.

La mine du crayon était cassée. Saalyn sortit un couteau d'une poche de son chemisier, un petit canif pliable, pour le tailler. Quand elle estima la pointe suffisamment fine pour ses besoins, elle rangea l'outil. Elle nota tout ce que Vorsu venait de lui dire de son écriture fine. Il se pencha pour voir ce qu'elle écrivait. Mais contrairement à son ami Mace, il ne savait pas lire l'helariamen. Ni l'yriani d'ailleurs. Il aimait bien les histoires, les grandes épopées, la poésie. Mais comme beaucoup de paysans d'Ectrasyc, il préférait les entendre de la bouche des conteurs itinérants qui passaient parfois dans leur communauté. Ils étaient capables d'aller au-delà des mots pour rendre l'histoire vivante. Ils parvenaient même à faire oublier que dans la plupart des cas, les héros étaient des stoltzt, parfois des gems, plus rarement encore des bawcks. Mais quasiment aucune épopée ne mettait en scène un représentant des nouveaux peuples.

— Vorsu !

Le ton de Saalyn était nettement impératif. Vorsu se rendit compte qu'elle lui posait une question, mais perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu.

— Excusez-moi, dit-il.

— Il n'y a pas de problème. Vous disiez tout à l'heure avoir remarqué beaucoup de passage. Quel genre de passage ?

— Des petits groupes, quatre ou cinq personnes à chaque fois. Pas plus. Des négociants.

— Vous en êtes sûr ?

— Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ?

De la main elle désigna les ruines fumantes derrière elle.

— À votre avis, ce sont des négociants qui ont fait ça ?

Vorsu ne répondit pas. Il avait compris.

— Étaient-ils armés ? continua Saalyn.

— Les négociants ont toujours des gardes pour se protéger.

— L'Yrian est un endroit relativement sûr. Une escorte légère suffit pour assurer sa protection. Mais un négociant qui sort du royaume, pour aller sur la grande route de l'est par exemple, aura besoin d'une meilleure protection. Essayez de décrire l'équipement qu'ils avaient.

L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant