Chapitre 16 : Ystreka. (3/4)

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Littold ouvrit la porte et entra sans frapper. Derrière, il y avait une grande pièce, le hall d'accueil. Il s'élevait jusqu'au dernier étage. Chaque niveau, était matérialisé par un balcon qui le ceignait. Au centre trois statues s'élevaient jusqu'à hauteur du deuxième étage. Trois allégories : le lecteur qui acquiert les connaissances du passé, l'écrivain qui ajoute aux connaissances et le scribe qui répandait les connaissances dans le monde. Les trois fonctions de la bibliothèque étaient ainsi représentées. Ce hall était fermé au fond par une porte qui donnait sur l'endroit où les livres étaient rangés. À droite et gauche, deux couloirs s'enfonçaient dans les profondeurs du complexe. L'endroit était noir de monde, des gens affairés le traversaient sans se préoccuper des autres. D'autres au contraire, qui se croisaient au hasard d'une rencontre, se réunissaient en petits groupes pour discuter. C'était donc là l'un des secrets de la puissance de la Pentarchie, un endroit très actif dont le seul but était sans cesse de développer de nouvelles idées. Littold s'engagea dans le couloir de droite. La première porte donnait sur une antichambre. Un jeune stoltzen était assis devant un bureau, leur tournant le dos. En les entendant entrer, il leva la tête. Lorsqu'il reconnut sa visiteuse, son visage s'éclaira.

Kelyätmetae le Littold, la salua-t-il en se levant pour l'accueillir.

Kelyätmetae le Laxkil, répondit-elle.

Il dévisagea l'accompagnant de la stoltzin.

— Laxkil, voici Ternine. Ternine, je vous présente Laxkil, le garde-malade du jour.

— Garde-malade, Littold exagère. Calen est capable de se débrouiller seule. Je ne suis là qu'en cas d'imprévu.

— Elle est là ? J'ai un cadeau pour elle.

D'un geste de la main, elle fit signe à Ternine de lui passer le paquet qu'il transportait. Il le posa sur une table vide que Laxkil lui désigna.

— Calen est dans son bureau ?

— Elle est sur la plage, répondit Laxkil.

— Je passerai la voir.

Tout en répondant, il avait ouvert le sac et extrait son contenu : un rouleau en papier épais maintenu fermé par une lanière de silt. Il la coupa et étala la feuille. C'était une carte. De nombreuses îles formaient un archipel allongé, vaguement orienté d'est en ouest, comme une immense bande de terre qui se serait fragmentée. Deux îles majeures étaient entourées d'une multitude de beaucoup plus petites. Pour certaines, seul le contour était esquissé alors que pour d'autres il y avait profusion de détails. Le centre des deux grandes îles était quasiment vierge, seuls les sommets étaient indiqués.

Ternine jeta un coup d'œil, mais ne parvint pas à identifier l'endroit. Il tenta de lire les indications. Il n'arrivait qu'à déchiffrer l'helariamen. Deux ou trois mots sur un chambranle de porte était à sa portée, mais sur l'ouvrage qu'il avait sous les yeux, il y avait trop d'inscriptions pour qu'il puisse en retenir plus d'une ou deux.

— C'est un excellent travail, remarqua Laxkil, et je vois que vous avez ajouté des informations. Il désigna deux petites îles.

— Cette copie date de trois mois, répondit Littold, depuis il y a peut-être eu d'autres découvertes.

— Je vais me dépêcher de l'archiver. Les pentarques en voudront une copie. Les gouverneurs aussi.

Il la laissa s'enrouler.

— Calen va être ravie, dit Laxkil.

— N'est-elle pas aveugle ? remarqua Ternine.

— Calen apprécie toujours quand la connaissance augmente, même quand elle ne peut pas en bénéficier à cause de son handicap.

L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant