Chapitre XX : La Résidence. (1/2)

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Les draps dans lesquels se réveilla Ternine étaient particulièrement doux. Au cours de ses voyages, il n'avait jamais rencontré une telle texture. Ils n'étaient pourtant pas tissés dans une matière luxueuse. Ce n'était que du simple coton, mais les Helariaseny avaient une manière bien à eux de le préparer. Il était sûr que la technique pourrait facilement être appliquée par les autres contrées. Les pauvres pourraient avoir un peu de confort à moindre frais. Ils ne pouvaient pas payer cher, mais ils étaient si nombreux, il y avait certainement un moyen de s'enrichir pour un homme d'affaire entreprenant.

Hélas, ce ne serait pas lui qui exploiterait ce filon. S'il avait bien compris les intentions de Littold, dans quelques jours il quitterait définitivement le continent d'Ectrasyc. Et il n'y mettrait plus jamais les pieds. En tout cas, pas tant que Brun serait vivant. Si ce n'était pas encore fait, le roi d'Orvbel n'allait pas tarder à mettre sa tête à prix. Il allait regretter certaines choses. Il avait vécu toute sa vie en Ectrasyc. Il n'était même pas allé en Shacand, le continent sud.

Le Shacand était en grande partie inexploré. Et les destructions des feythas se limitaient à la côte nord. Il constituait la nouvelle frontière, d'immense territoires vierges à coloniser. Contrairement à l'Ectrasyc, le continent était tranquille. La seule puissance locale était le Mustul. Et ses dirigeants assuraient l'ordre de façon efficace. Et puis, il y avait de la place, alors qu'en Ectrasyc, pratiquement toutes les zones habitables étaient occupées et toute extension constituait un combat contre une nature dégradée et hostile.

Toutefois, certaines paroles de Littold laissaient penser que ce n'était pas sa destination.

À côté de lui, sa compagne d'une nuit gémit doucement. Il se tourna vers elle. Elle dormait toujours. Elle devait faire un cauchemar. Il descendit les draps jusqu'à la taille. Il hésita un instant avant de la dénuder totalement. Elle était magnifique. Il repoussa les cheveux sur le côté pour lui dégager le dos. Il se régala un moment du spectacle. La veille, il avait remarqué qu'elle avait du mal à plier un genou, séquelle d'un accident qu'elle avait dû avoir très jeune. Mais il n'en voyait aucune trace sur son corps. Avec beaucoup de délicatesse pour ne pas la réveiller, il lui caressa le dos du bout des doigts, descendant le long de l'épine dorsale jusqu'à la chute de reins. Cela sembla la calmer. Un sourire apparu sur ses lèvres.

La veille, il avait été surpris de la confiance que pouvaient accorder une femme à son amant, même pour une nuit. C'était la première fois qu'il ne se comportait pas en maître d'esclave, la première fois, qu'une femme se donnait à lui de son plein gré, sans qu'il l'y oblige. Et la nuit avait été fantastique ; la femme s'était totalement abandonnée entre ses bras. Il n'avait qu'un seul regret : ce n'était pas Littold.

L'attitude de la stoltzin quand il l'avait rencontrée lui avait pourtant fait croire qu'il y avait quelque chose entre eux. Mais il s'était trompé. Il se rendait compte qu'il avait interprété les réactions d'une stoltzin d'Helaria de la même façon que pour une humaine d'Orvbel ou d'Yrian. Or tout les différenciaient. Il avait commis l'erreur de jugement la plus monumentale de sa vie. Heureusement, il y avait des humaines en Helaria. Et bien qu'il ait eu plus de difficultés que quand il travaillait pour Brun et qu'il avait libre accès aux concubines de second rang du harem, il avait réussi à se trouver une compagne pour la nuit.

Instinctivement, il ne put s'empêcher de comparer les deux femmes. Comme la plupart des Helariaseny, elle était belle, mais d'un style différent de la stoltzin. Elle avait un corps ferme et mince. Sa musculature fine se dessinait joliment sous une peau mate. Une fois de plus, il se demanda dans quelle mesure le mode de vie de la Pentarchie en était responsable.

En caressant la peau douce et sans défaut, il se remémora leur rencontre. Pour lui, c'était presque comme lorsqu'il avait perdu sa virginité. Il s'était révélé maladroit dans ses tentatives. Et bizarrement, c'est cela qui avait fait la différence. Ça l'avait fait rire. Ça et le fait qu'elle l'ait trouvé exotique.

L'esclave (La malédiction des joyaux - Livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant