Klaus
Sitôt mon cours de gestion arrivé à son terme, je m'empresse de rejoindre la cafétéria pour y rejoindre le clan Selens. Ce nom, nous nous le sommes donné délibérément et ce depuis l'école secondaire. Nous l'acceptons sans contrainte, puisque nous lier à d'autres personnes qu'à la famille de façon sentimentale est proscrit.
Elizabeth et moi, nous sommes les enfants de Jude Selens et de David Reisman, la sœur et le meilleur ami de notre oncle Lawrence. Les deux hommes se sont rencontrés dans un pensionnat pour garçons de bonne famille ici même, à Londres. Cependant, nous avons toujours vécu sous le même joug de notre oncle depuis que mon père nous a lâchement abandonné, sans explication. Je suis le seul des quatre rejetons à l'avoir connu, mais je n'en conserve aucun souvenir. Nous n'avons aucune photo, aucune nouvelle. Rien. Seulement mes recherches, celles dont je ne parle à personne excepté Hakan. Le seul secret que je souhaite garder, même si nous avons juré de ne jamais rien nous dissimuler entre nous. Ce n'est que mon jardin secret après tout.
Quand j'arrive enfin, je retrouve déjà Hakan, qui m'a visiblement devancée et qui, en plus, n'est pas seule. Un garçon que j'ai peut-être déjà croisé dans les couloirs est avec elle. Je l'interroge du regard, elle me répond d'un signe de tête pour me faire comprendre qu'elle m'attendait vraiment. Dois-je comprendre que ma cousine a convié un étranger à notre table ?
– Tu t'es fait un ami ? je la nargue.
– Je te présente mon nouveau partenaire de travail pour mon stupide cours de psychologie, râle-t-elle.
– Il a un nom, le partenaire ?
– Sherlock, répond simplement le principal intéressé.
– Enchanté, je dis un peu décontenancé, Klaus Reisman, troisième année GRH. Alors, vous avez sympathisé ?
– Pas vraiment, ronchonne à nouveau Hakan. Dis, t'as pas un cachet ?
Ah, la douleur la taraude un peu, d'où sa mauvaise humeur.
– Tu as de la chance, je remarque, il m'en reste sûrement un. Mais dorénavant, tu te débrouilles toute seule parce que je suis pas ta pharmacie, Hak.
– J'ai contacté Grace tout à l'heure, se justifie la jeune fille. Elle devrait m'apporter mon traitement d'ici un quart d'heure. Sauf que j'ai pas la patience d'attendre plus longtemps.
Je m'exécute et lui tends une vieille gélule de morphine qui traînait dans mon sac. À force de la surveiller pour qu'elle n'en fasse pas trop, j'ai toujours un médicament ou deux qui lui appartient dans mes affaires. Elle se dépêche d'avaler le comprimé sans eau avant de sortir de se renfermer dans son mutisme.
– Vous n'avez pas l'air de bavarder des masses, je constate en voyant les deux étudiants se toiser.
– Hakan est toujours vexée du sujet qui nous a été attribué, m'explique ledit Sherlock.
– Ce sujet est aussi nul que stupide ! se défend ma cousine.
– Non, tu es stupide, renchérit son camarade. Si tu t'es sentie visée ce n'est pas son problème.
– C'est quoi le sujet ? je demande. Ça touche au handicap ?
– Non, tranche Hakan en colère.
– À la place des femmes dans notre société ? je retente.
– Ta gueule, Klaus ! me lance-t-elle énervée.
– « Le développement de l'enfant dans les familles dites atypiques » déblatère l'autre garçon.
– Ils sous-entendent quoi par « atypique » ? j'insiste.
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Les Amis Proscrits
FanficRetrouvons Sherlock, Mycroft, John... mais aussi Hakan, Leif et tous les autres personnages fétiches d'« Une colocataire irascible » à l'âge de vingt ans. Dans cet univers particulier, le père d'Hakan est là pour former et diriger au mieux sa progé...