Les Amis Proscrits

Épilogue 【𝓟𝓪𝓻𝓽𝓲𝓮 ②】

Hakan

La sonnette de la porte d'entrée retentit, une seule fois. Ce n'est pas la personne que j'espérais de l'autre côté de la porte, ce n'est pas la surprise que je m'évertue à préparer depuis des jours.

L'avantage d'être la seule de la maison à avoir sa chambre au rez-de-chaussée, c'est que je peux me précipiter et être la première à voir qui entre chez nous. Quentin ouvre justement quand j'arrive dans le vestibule, prête, Sherlock sur mes talons. 

La jeune fille qui nous fait face semble hésitante et timide. Pourtant, ses cheveux courts en pagaille et ses yeux verts plein de malice laissent entendre qu'elle est beaucoup plus spontanée en temps normal. Je comprends immédiatement de qui il s'agit, même si je ne l'ai jamais rencontrée.

– Tu es Elie, c'est ça ? je m'assure.

– C'est ça, me confirme-t-elle. Et tu dois être Hakan ?

Je lui tends la main pour la saluer en forçant un sourire.

– Correct, je réponds le plus chaleureusement qu'il m'est possible de le faire. On est ravi de pouvoir enfin mettre un visage sur la copine de Lizzy.

– Hé bien voilà, dit-elle en riant. C'est moi.

Elle reporte ensuite son attention sur Sherlock et s'interroge de la même façon que pour moi.

– Klaus ? hasarde-t-elle.

– Oh non ! je la corrige. C'est juste... un bon ami à moi. Malheureusement, tu ne rencontreras pas Klaus ce soir, il est en déplacement. Mais une prochaine fois, je l'espère. 

En me retournant vers le brun, je constate que quelque chose manque dans la tenue que je lui ai achetée à l'occasion de cette soirée.

– Sherlock, je l'invective, je ne t'avais pas acheter un nœud papillon, avec ça ?

– Il m'engonce, rétorque-t-il.

– Je t'ai offert le costume au complet, je le sermonne. Tu pourrais au moins le mettre.

Nous nous disputons du regard, en silence, quand des pas pressés descendent l'escalier et nous rejoignent : c'est mon petit frère.

– Ben alors, pourquoi vous attendez tous dans l'entrée ? s'étonne Leif. On peut aller dans le salon, non ?

Tandis qu'il fait connaissance d'Elie et l'emmène dans la pièce de vie, Sherlock embraye et je le retiens.

– Si tu crois que tu vas t'en sortir à si bon compte... je commence.

– Tu ne peux pas toujours obtenir ce que tu veux, Hakan. Alors accepte ta défaite. Le col de chemise est suffisant.

Il me regarde de son regard froid, mais un sourire trahit très vite son visage faussement sérieux. Je dépose donc les armes et le laisse gagner.

– Je suppose qu'on attend encore que Lizzy termine de se préparer, lâche Leif avec dépit.

– A-t-elle seulement commencé ? plaisante la nouvelle venue.

– Toi, je t'aime bien, je lui lance.

– Tu avais dit la même chose de moi avant de ravaler tes paroles lors de notre rencontre, observe Sherlock.

Je laisse passer les quelques rires avant de reprendre plus sérieusement.

– En fait, j'attends un invité surprise. Du coup, Elizabeth a du temps. Si tu veux la rejoindre Elie, je peux te...

– Non ça va je... Je peux attendre.

Elle s'empourpre brièvement avant de lancer un banal sujet de conversation. Le courant semble parfaitement passer entre elle et Leif, cela me fait plaisir. Son petit côté garçon manqué, qui contraste tellement avec l'allure raffinée et précieuse de Lizzy m'amuse. Et je ne dis pas ça parce qu'elle porte des Dr. Martens sous sa courte robe aubergine ! Ma cousine en profite pour arriver sur l'entrefaite.