Hakan
Cette réunion exceptionnelle entre Mycroft Holmes et mon père a bouleversé ma vie, les jours qui ont suivi n'ont plus du tout été les mêmes. Quentin s'est investi bien plus dans la gestion de mon quotidien ainsi que de celui de Klaus, tandis qu'il a cédé ses obligations de materner les plus jeunes de notre clan à Grace.
Une mise en place de mon temps libre a été organisée entre le valet et moi. Tant que mon géniteur était à Londres, je devais couper le contact avec Sherlock et me contenter de jouer les petites filles modèles. Pour le reste, la maison me laisse faire comme bon me semble, dans la limite du raisonnable, évidemment.
Pendant ce temps, Mycroft et Lizzy folâtrent comme des idiots le temps jusqu'à ce que je trouve la force de mettre un terme à cette comédie. Je parle de l'emprise de Lawrence Selens sur notre famille qu'il dirige comme sa société, pas des deux autres imbéciles qui sortent ensemble. De mon côté, je passe à Baker Street à la moindre occasion pour ne pas les voir. Je n'y viens pas toujours pour travailler. Rester dans cette colocation pour bavarder ou simplement lire dans mon coin en écoutant les garçons se disputer me procure une joie immense, en dépit de John qui me fait des avances en permanence. Comme aujourd'hui...
Je suis plongée dans le rapport d'activités de Selens Incorporation d'il y a deux ans, une des tâches que mon père m'a confiée, tandis que Sherlock lit un bouquin quelconque dans le même divan que moi. John, lui, achève de faire le ménage de la cuisine et insiste pour que nous sortions. Aucune formulation polie de ma part ne semble fonctionner pour lui faire comprendre que je ne veux pas bouger mes fesses de l'appartement avant un moment.
– Et un cinéma, ça ne vous tente pas ? essaye-t-il.
– T'as pas des cours à potasser ? je lance sèchement, agacée.
– Tu viens toujours ici pour étudier, trouve John comme excuse. Je pensais que ce serait sympa qu'on fasse quelque chose de plus distrayant pour une fois.
– Ce que je fais là est très distrayant, je tranche.
– D'accord...
Il prend place dans un fauteuil non loin de moi. À son air dépité, je devine qu'il s'apprête à trouver une nouvelle excuse. Ce n'est pas la première fois qu'il cherche à m'inviter de cette façon, peine perdue. Parce que moi, les excuses, les invitations, les rapprochements... ça commence vraiment à me saouler. Alors, pour couper court à tout le reste, j'attrape mon partenaire et le couche de force sur mes genoux.
– De toute façon, je dis d'un air goguenard, je ne suis plus en mesure de bouger pour le moment.
Pour ajouter du crédit à mes dires, je démêle soigneusement les boucles brunes de mon camarade d'une main tout en continuant mon analyse de document avec l'autre. Quant à Sherlock, il poursuit en m'ignorant totalement. John vire au cramoisi avant de quitter la pièce.
– J'ai compris, lâche-t-il avant de partir. Bonne soirée.
Je cesse de bouger pour l'écouter monter. Quand la porte a claqué, je soupire de soulagement. Enfin un peu de calme !
– Tu y as été un peu fort, déclare mon binôme.
– J'en avais plus que marre, je m'explique. Désolée de t'avoir brusqué, mais...
– Cela ne m'a pas dérangé, m'interrompt-il. Ça ne m'a pas déplu.
– Tant mieux, je n'ai pas envie de subir tes remontrances en plus.
– Hum... À ce propos, tu pourrais... (Il montre ma main libre) Ça m'aide à me concentrer, étonnamment.
Il porte alors mes doigts à sa chevelure sans quitter son propre livre des yeux. Je suppose qu'il est gêné par sa propre demande.
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Les Amis Proscrits
FanfictionRetrouvons Sherlock, Mycroft, John... mais aussi Hakan, Leif et tous les autres personnages fétiches d'« Une colocataire irascible » à l'âge de vingt ans. Dans cet univers particulier, le père d'Hakan est là pour former et diriger au mieux sa progé...
