Les Amis Proscrits

21. Déb-hak-le

Préparez-vous pour le chapitre le plus long de tout le calendrier !

Comme par hasard, en plein solstice d'hiver, la nuit le plus longue... ;)

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Leif

Aujourd'hui, j'ai choisi de laisser notre famille gâcher mon anniversaire. C'est le prix à payer pour gagner notre liberté, pour renverser le tyran qu'est notre père.

Vendredi soir, quand Lawrence Selens est arrivé au sein de notre résidence, il m'a à peine salué, me confortant dans l'idée que la réunion de famille qui se préparait le dimanche ne l'intéressait guère. Ma tante Jude était bien plus affectueuse en nous retrouvant tous. Immédiatement, Klaus et Hakan ont joué les émissaires pour que les Holmes viennent à notre petite réunion familiale, mais je ne comprends pas vraiment l'utilité qu'ils pourraient jouer dans cette guerre qui se prépare.

On n'a pas cessé de me demander ce qui me ferait plaisir comme présent, ou comme menu pour ce jour-là. Comment leur répondre ? La seule envie que j'ai en songeant à ce dimanche, c'est que ma sœur déclenche enfin les hostilités. L'atmosphère est pesante à la maison, nous jouons notre rôle quand les parents sont dans les parages, mais une fois entre nous, entre conspirateurs, nous ne nous parlons que très peu, las de garder le silence sur nos intentions.

*

Le jour J est enfin arrivé, l'heure H est presque atteinte, j'ai envie de vomir.

Mycroft, ponctuel, est venu le premier. Pas les mains vides puisqu'il m'a rapporté un paquet, il s'est aussi habillé en conséquence. Quoique, à y réfléchir, je ne l'ai jamais vu habillé de manière décontractée. Mon père, lui, a refusé de lui serrer la main que le garçon lui tendait, conscient que ma cousine, bien que ce ne soit pas encore officielle, compte rompre ses fiançailles débiles.

Quant à Sherlock, il est arrivé en retard, comme l'avait prédit ma sœur. Cela a fait pesté mon père, mais sans rien modifier à notre plan initial, heureusement. D'ailleurs, je ne pense pas me tromper en affirmant que Sherlock savait que ce retard le contrarierait et que c'est à dessein qu'il ne s'est pas présenté à l'heure.

Grace, dans la connivence, a suivi les instructions de Hakan, pour l'attribution des places à table. Mon aînée avait besoin de contrôler jusqu'à notre disposition dans la pièce, pour être certaine de son coup. C'est une Selens, après tout. En bout de table préside toujours mon père et à son parfait opposé, ma tante Jude. À droite de mon géniteur trône Hakan, en digne successeurs, suivi par Sherlock qui ne semble avoir d'intérêt que pour son amie. Ma cousine complète cette rangée, pour se rapprocher au mieux de sa mère qu'elle n'avait plus vu depuis plusieurs mois maintenant. En face de ce jeune trio, je suis là, entouré des deux autres garçons les plus âgés : Mycroft à ma gauche, Klaus à ma droite pour converser aisément avec notre patriarche.

Nous avons joué le jeu de notre mieux durant tout le repas, même si la nervosité de certains pouvait parfois transparaître. Et puis, voilà le moment fatidique qui était censé me réjouir, la dégustation du gâteau. Depuis que chaque membre de notre famille a douze ans, nous n'échappons pas au rituel qui suit : le discours. Une preuve d'éloquence qui est censé faire de nous une grande personne... Je me lève pour annoncer le petit changement qui se dessine, et, par conséquent, sonne le départ pour ce qui devrait être notre nouvelle vie.

– Merci à vous tous d'être là aujourd'hui, je commence. Toutefois, en des circonstances exceptionnelles, je vais céder la parole à Hakan.