17. Cr-Hak-elures

168 22 16
                                    

Hakan

– Puis-je te poser une question ? se lance Sherlock.

– Tout ce que tu veux, je l'autorise. Laisse-moi finir ma phrase.

J'achève la lecture de mon paragraphe d'un compte rendu de réunion envoyé par mon père, m'étire sur le sofa et reporte enfin mon attention sur mon ami.

Ça faisait un petit moment que je n'étais plus revenue à Baker Street, et bien que John ne m'embêtait plus, j'évitais de m'y rendre. Depuis quelques temps, je me sentais étrange avec les Holmes, je me méfie de ces sensations nouvelles. John, dans son fauteuil, nous observe du coin de l'œil tout en tapant à l'ordinateur.

– Je peux savoir ce qui te tracasse ? accuse Sherlock.

– Rien, pourquoi ?

– C'est mon frère, n'est-ce pas ? renchérit-il.

– Pourquoi on doit toujours tout ramener à lui ? je m'agace.

– Donc, c'est bien lui le problème.

– Comment tu déduis ça, toi ? je m'énerve.

– Tu agis différemment depuis votre bagarre. Tu recommences à te ronger les ongles compulsivement alors que cela faisait quelques semaines que tu avais arrêté. J'ai constaté que vous vous évitiez, et moi aussi.

– Je ne t'évite pas, je m'insurge.

– Non, mais tu mets de la distance.

Il ne reste pas de marbre comme je peux si bien le faire, je vois son menton qui tremble de frustration. C'est subtil, mais visible.

– Tu te fais des idées, Sherlock, je ne t'évite pas. C'est juste que... Je me méfie à nouveau.

– De moi ? demande-t-il.

– Des amis, je le corrige. Je me protège, en fait. Ne crois pas que je ne t'apprécie plus ! Au contraire, sinon je ne viendrais pas te rendre visite si souvent.

– Merci pour moi, s'immisce John dans la conversation.

– Toi, c'est seulement quand tu ne l'embêtes pas, je le réprimande gentiment.

Pour prouver la véracité de mon affection, je rejoins Sherlock en m'asseyant sur l'accoudoir de son fauteuil. Je me mets à ébouriffer gentiment ses boucles, comme je le fais avec Leif. Bon sang que c'est agréable. Je me force à sourire, mais je cesse en constatant que ça ne marche pas.

– Je m'attache et c'est mal, je conclus.

– Ne crois pas toujours ce que raconte ton père, me dit Sherlock.

– Mycroft m'a prouvé que Père avait raison.

– Parce qu'il refuse de qualifier votre relation comme tu le souhaitais ? Tu te méprends Hakan.

– Alors c'est quoi le problème ? lance John curieux.

– Ce serait difficile à vous expliquer, dit doucement mon ami.

– Ça a un rapport avec Greenfield ? j'essaye.

– Entre autres, confirme Holmes. Ce n'est pas très bien vu de copiner avec les autres personnes qui ne sont pas sous l'égide de Greenfield.

– C'est pour ça que vous êtes si éloignés ? demande John.

– On a jamais été proche, infirme Sherlock, même avant qu'il ne rentre dans cette école proche de la secte.

– Dommage, je chuchote. Il rate quelque chose...

Sur ces mots, je glisse sans prévenir sur ses genoux et me niche contre son corps décharné.

Les Amis ProscritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant