5. C-Hak-eter

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Leif

La sortie des cours ! Ma libération ! Je cours presque jusqu'à notre lieu de rendez-vous habituel : celui où Quentin vient nous rechercher à l'heure convenue. Étrange, je vois déjà Hakan, mais elle est avec deux autres étudiants. Je les connais de vue, mais je ne savais pas qu'elle avait tissé des liens avec les Holmes. Ah, j'ai compris, ils fument.

Hakan et Lizzy ont commencé à la fin de l'école secondaire. Pour ma cousine, c'était une façon de lutter contre le stress et la pression de sa mère et pour ma sœur, ben... Elle dit que ça réduit les douleurs chroniques de sa jambe.

– Hé, Leif ! me lance-t-elle.. Je suis la première, j'ai gagné.

– Tu ferais mieux de te dépêcher de t'intoxiquer avant que Quentin ne te voie.

Le clan est au courant de ce passe-temps, mais pas le personnel de maison. Vous imaginez si l'un d'entre eux le racontait à notre père ? Elle se ferait remonter les bretelles ! Pour toute réponse, mon aînée se contente de hausser les épaules et de tendre le mégot au plus jeune des deux garçons.

– Tu sais Leif, me dit Hakan. Ce n'est pas pour le paquet que je consomme sur l'année que Père dirait quelque chose.

– Tu veux parier ? je rétorque.

– Non merci, se ravise-t-elle. Mais c'est pour te préciser que je n'en abuse pas non plus.

– Et moi, je peux essayer alors ? je demande avec un air de défi.

– Touches-y et je te démonte à coups de canne, répond-t-elle froidement.

– Tu le traites toujours comme si tu étais sa mère ? interroge soudain l'aîné des Holmes.

– Au cas où tu n'aurais pas remarqué, objecte ma sœur. On n'en a plus, de mère.

– Et tu n'as plus de cigarettes non plus, rétorque le blond. Si tu continues à me dénigrer comme cela, il va falloir que je te les fasse payer.

– Théoriquement, intervient le second frère. C'est moi qui les achète. Par conséquent, ce serait à moi, qu'elle devrait les payer.

– Je vous dois rien du tout moi, se défend Hakan. S'il n'y a que ça, je vous les rembourse.

Pour enrayer la querelle qui s'annonce, je me lance sur un nouveau sujet de conversation.

– Euh... Mycroft c'est ça ? j'hasarde. Tu n'es pas au pensionnat de la Greenfield High School ?

– Exact, dit-il. On ne fume pas là-bas non plus.

– Ce n'était pas l'objet de ma remarque, je me justifie. En fait, j'ai reçu une convocation durant l'été pour les rejoindre aussi, mais j'ai refusé.

– Vous y êtes tous les deux ? demande Hakan.

– Non, tranche Sherlock. Ce genre de manières, très peu pour moi. J'ai une colocation la semaine. Non loin d'ici, un étudiant en médecine partage les frais avec moi.

– Vous ne vous voyez pas le soir ? j'insiste incrédule.

Pour moi, cela est inconcevable. Jamais je n'ai été séparée de ma sœur plus d'un week end. L'idée d'être trop loin d'elle et de sa protection, même si elle m'agace la plupart du temps, je ne peux pas m'en passer.

– Leif, m'interpelle Hakan, Je pense que tout le monde ne partage pas les mêmes liens familiaux que nous. Toi aussi, tu pouvais obtenir l'opportunité d'aller à Greenfield si tu avais vraiment voulu. Alors oui, tu aurais été séparé de nous, c'est vrai. Penses-tu que tu en aurais souffert ? Sûrement pas. Ça me répugne de l'admettre, mais Mycroft a raison sur un point : je te materne trop. Tôt ou tard, je vais devoir couper le cordon... à la tronçonneuse.

Les Amis ProscritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant