Mycroft
L'attente est insoutenable, j'ai juste envie d'une chose : sortir pour savoir ce que les Selens se disent devant notre porche.
Notre famille au grand complet s'est réunie dans le salon, en train de nous évertuer à faire semblant de rien, jetant des œillades inquiètes par la fenêtre. Seul Sherlock ne cache pas sa curiosité. Il fixe la vitre sans un mot depuis près de vingt minutes.
– Sherlock, rappelle à l'ordre ma mère, viens t'asseoir. Laisse-la tranquille. Je suis certaine qu'elle doit se sentir oppressée par ton regard.
– Ce n'est pas elle que je surveille, rétorque-t-il sans bouger.
Nous avons rarement été proche, mon frère et moi, je dois le reconnaître. Néanmoins, je ressens parfaitement sa frustration, pour la simple raison que, moi aussi, je m'inquiète pour Hakan. Je ne le dirais pas à voix haute, il ne faut rien exagérer, mais je dissimule une crainte à son égard.
Je m'approche de mon cadet et pose ma main sur son épaule, je le sens tressaillir sous mes doigts raides.
– Je comprends, dis-je en accompagnant mon geste, mais tu dois lui faire confiance. Elle est capable de se gérer toute seule comme une grande.
– Qu'en sais-tu ? réplique-t-il sur la défensive.
– Je l'ai observée pendant longtemps, nous avons travaillé souvent ensemble. Je ne peux pas prétendre la connaître aussi bien que toi, c'est un fait. Toutefois, s'il y a une chose dont je suis certain au sujet de Hakan, c'est qu'elle était prête à faire face à cette crise depuis un moment.
En réalité, je m'efforce de me convaincre. Je sais que j'ai raison, mais malheureusement une part de moi continue de se tracasser. J'ai amené Hakan ici, je me sentirais responsable s'il lui arrivait quoi que ce soit dans ces lieux.
– Tu ne peux pas t'empêcher de la scruter non plus, observe mon frère.
– Oh la ferme ! dis-je en m'éloignant.
– Mycroft ! me réprimande ma mère.
– Elle revient ! J'entends s'exclamer Sherlock.
En effet, j'aperçois la silhouette de la jeune fille se diriger vers la porte. Je me place devant Sherlock volontairement, pour l'empêcher d'accourir vers elle : Hakan n'a pas besoin d'un pot de colle dans l'immédiat. Elle s'avance en forçant un sourire qui se veut courtois. Elle a quelque chose à demander. Je serre les poings, essayer de cacher mon énervement. Pourvu que Lawrence n'ait pas remporté la guerre.
– Monsieur, madame, dit-elle en s'adressant à mes parents sans même oser nous regarder. Je vous ai déjà remercié à de nombreuses reprises pour m'accueillir chez vous. Je ne le ferai jamais assez.
– Hakan, non... chuchote Sherlock peiné.
– Cependant, continue la jeune fille en nous ignorant, je suis parfaitement au courant que j'abuse de votre générosité.
– Ne fais pas ça, j'ordonne d'une toute petite voix.
Je voudrais me montrer plus convaincant, mais je n'arrive pas à élever la voix. Si elle retourne avec son père dès à présent, elle devra assumer une lourde défaite. Elle ne peut quand même pas ruiner tous ses efforts (tous nos efforts) en si peu de temps.
– J'aimerais vous demander s'il était possible d'en abuser encore un peu, poursuit-elle. Durant la période de vacances, en fait.
Chacun de mes muscles se détendent, un par un, c'est une petite victoire, alors ? Mon cadet et moi fixons nos parents du regard, attendant une réponse positive.
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Les Amis Proscrits
FanfictionRetrouvons Sherlock, Mycroft, John... mais aussi Hakan, Leif et tous les autres personnages fétiches d'« Une colocataire irascible » à l'âge de vingt ans. Dans cet univers particulier, le père d'Hakan est là pour former et diriger au mieux sa progé...