19. M-Hak-illage

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Elizabeth

Je retrouve Mycroft et Hakan devant l'opéra au moins vingt minutes plus tôt que ce n'était prévu. Mon cœur est lourd, j'ai envie de pleurer, ce qui ne m'aide pas à marcher plus vite.

– Tu es en avance ? s'étonne Holmes en me voyant arriver.

– Comme quoi tout arrive, je réplique en me contenant.

– Liz, quelque chose ne va pas ? décèle ma cousine.

– Ça va, je tranche. Ça va bien, pourquoi ? Qui s'en soucie ? Hein, qui ?

La douleur est trop forte, je refusais de craquer, mais c'était sans compter que mon corps me trahirait de cette façon. Hakan me dévisage sous l'incompréhension de ma colère si soudaine. J'aimerais tant lui en vouloir. C'est un peu de sa faute tout ça !

Non, je mens. Je ne veux pas admettre que c'est aussi la mienne, simplement. Mes sanglots explosent sans que je puisse les retenir. Je flanche sur l'épaule de ma cousine, qui me réconforte péniblement, à sa manière.

– Mais enfin, Lizzy, qu'est-ce qui se passe ?

– Il se passe que je gâche tout ce que je touche, tout ! je dis en reniflant. Même si je m'applique à sauver quelque chose, je dois m'abstenir, pour ne pas te faire de tort. Je n'en peux plus Hak, je ne peux plus de supporter tout ça. Je ne peux pas sans cesse me priver pour que tu aies le monopole de tout ! Merde !

Mycroft qui écoutait sans rien dire jusqu'à présent prend alors le relais. Il raconte à Hakan ce que nous convenions quand on se séparait le soir, révélant ainsi la relation que j'entretiens secrètement avec quelqu'un d'autre depuis plus d'un an. Pendant ce temps, l'aînée des Selens écoute patiemment le discours de son ami tout frictionnant mon dos, attendant que mes pleurs cessent.

Quand je fais à nouveau bonne figure, Hakan prend une décision qui ne m'étonne guère.

– Il faut qu'on ait une conversation, tous les quatre.

– Je ne peux pas affronter le clan Selens pour le moment, je décrète.

– Ce ne sera pas le clan au complet, réplique ma cousine. On est six maintenant. Soit... Il est temps d'arrêter les frais, de vous voir souffrir pour des broutilles.

– Tu vas rompre l'autorité de ton père ? s'étonne Mycroft.

La jeune fille acquiesce en silence, elle sort machinalement un paquet de cigarettes de son sac dans lequel nous nous servons tous les trois sans exception. J'ai besoin de me calmer, j'ai besoin de reprendre. C'est bête, j'avais arrêté. Toutefois, plus rien ne me retient, maintenant.

Ensuite, Hakan se remet à parler, mais elle ne regarde au loin. J'ai du mal à saisir à qui elle présente des excuses :

– Je regrette d'avoir eu à vous imposer des choix que vous ne vouliez pas, de vous faire subir tant d'épreuves. Vous me protégez tous alors que je pensais, au contraire, tous vous préserver du fléau qu'est mon père. Maintenant, même les Holmes sont concernés par ces bêtises. Je dis "stop".

– Qu'est-ce que tu comptes faire ? intervient Mycroft. Tu as un plan j'imagine.

– Le début seulement, répond-t-elle. Je dois régler quelques détails avant. Et puis...

– Ça risque de nous attirer plus d'ennuis que tous ceux que nous avons déjà ? je la coupe.

– Non, affirme-t-elle, seulement pour moi, en fait. Je ne veux prendre aucun risque, plus aucun.

Les Amis ProscritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant