Les Amis Proscrits

16. Fr-Hak-tures

Elizabeth

Les jours ont passés et, tandis que Hakan s'épanouissait avec son nouvel ami, lui procurant un peu plus d''assurance, Leif pansait doucement les blessures de ses jours sombres au campus. Tout semblait merveilleux, si ce n'est que je subissais les conséquences de ma pseudo-relation avec Mycroft Holmes.

Ma véritable moitié, que j'essayais de voir le plus souvent possible, dès que le clan Selens avait le dos tourné, en pâtissait aussi. Nous devions éviter de sortir ou nous montrer en public, de peur de croiser quelqu'un qui me reconnaisse. Les rumeurs et les ragots vont vite...

En plus de tout cela, je ne pouvais plus supporter le tempérament de Mycroft. Pour quelqu'un comme Hakan, qui a le sens de la répartie plus qu'elle n'a d'affection pour autrui, c'est vivable. Je les verrai même bien emménager sous le même toit, tiens. Ce serait amusant. Quoi qu'il en soit, il faut vraiment que ma cousine se décide à calmer son père, je n'en peux plus de cette mascarade.

Ce midi-ci, j'ai rejoint le clan Selens qui déjeunait au complet sur le campus. Je n'ai pas cours avant cet après-midi, donc je préfère profiter de nous voir, ensemble. Mycroft et Sherlock sont adoptés dans ce clan désormais, je dois m'habituer à leur présence. En fait, c'est une idée de Hakan de nous réunir ainsi aujourd'hui, elle trouve qu'on se savoure plus ce genre de moment, que notre groupe de désolidarise un peu trop.

Mycroft m'accueille d'emblée avec une pique, Hakan prend ma défense avec le même humour et calme donc le jeu une première fois.

– Il est toujours comme ça avec toi ? demande Leif soucieux de ma mine contrite.

– Il est comme ça avec tout le monde, affirme Sherlock de l'autre côté de la table.

– Ça fait mon charme, prétend l'aîné des Holmes. N'est-ce pas ma puce ?

Je lève les yeux au ciel, agacée par les petits surnoms dont il m'affuble. Je ne veux plus faire semblant, si vous saviez comme j'aimerais lu faire ravaler son petit air sûr de lui.

– C'est vrai que c'est un de tes atouts d'être chiant, confirme Hakan en pouffant. Je ne t'apprécierai pas si tu n'avais pas autant de répondant.

– Le tsar des emmerdeurs, ajoute mon frère en riant.

– Si c'est ça, continue Mycroft, tu qualifies Elizabeth de reine des chieuses.

Là, plus personne ne rit. En fait, l'étudiant de la Greenfield High School a oublié quelque chose : utiliser le ton de la plaisanterie. Or, avec son air sérieux, ce genre de réplique ne fonctionne pas. Hakan essaye de rattraper la vanne.

– Il me semblait que c'était moi, la reine des emmerdeuses, dit-elle. Tout le monde s'accorde à le dire, non ?

– Cette conversation ne rime à rien, s'agace Sherlock.

– Quand on parle de titre, voici le pape des rabat-joie, s'empresse de lancer Mycroft.

– Et moi je serai quoi ? s'emballe Leif.

– Oh, à peine baron, je lâche. Tu es trop chaste et innocent pour être un emmerdeur, Leif.

Je m'amuse en voyant sa petite mine renfrognée, mais il finit tout de même par retrouver le sourire quand il entend tout le monde rire, mis à part Sherlock qui s'enquiert d'un bouquin. Hakan presse sa main sur la sienne pour l'inviter silencieusement à prendre part au débat.

– Donc si je comprends bien, résume Klaus, on a un problème de titre. Si Mycroft est le roi des emmerdeurs...

– Tu peux même l'élever au titre d'empereur, assure le cadet des Holmes.