Les Amis Proscrits

22. Hak-omplissement

Leif

Nous sommes trois à nous activer à l'étage. Les Holmes ont contacté leurs parents pour qu'on vienne les chercher, ainsi que mon aînée. Pendant que nous préparons bien vite quelques affaires supplémentaires dans la chambre de Hakan, Tante Jude l'interroge sur son lit.

– Pourquoi tu n'as jamais rien dit ?

– J'étais la seule victime, se justifie ma sœur. Ça me rassurait de savoir qu'ils étaient tous épargnés. Je pensais que si je continuais à prendre tout...

– Ils seraient préservés ? insiste ma tante.

– Voilà, c'est ça. Et puis, j'avais honte, probablement.

– J'en reviens pas qu'on se sépare aussi longtemps, je lâche en refermant le sac de voyage.

– Il va falloir qu'on soit forts tous les deux, darling, dit Hakan.

Je viens la serrer dans mes bras, incapable de retenir mes pleurs.

– Je vais être perdu sans toi, je me plains.

– Ça devait arriver un jour, me murmure-t-elle. Je suis certaine que tu vas gérer ça mieux que moi.

Le bruit de la sonnette d'entrée nous fait tous sursauter. C'est l'heure.

Mycroft

Dans la voiture qui nous ramène dans la maison de campagne de mes parents, personne n'ose prononcer le moindre mot. Mon père est venu seul, il semble détendu, mais pas plus enclin à faire la conversation. Du coin de l'œil, il observe Hakan depuis son rétroviseur, elle est paisiblement endormie sur l'épaule de Sherlock.

– Si tu continues à les fixer, dis-je à mon père, tu vas percuter un arbre.

– Navré, s'excuse-t-il, mais... Elle ressemble tellement à sa mère. C'en est effrayant.

Soudain, mon cadet enlace la jeune fille pour l'amener à lui, posant sa propre tête sur la sienne. Ses yeux se ferment également. La jeune Selens ne grimace pas, bien au contraire.

– Ça, c'est surprenant, observe mon père en voyant mon frère aussi avenant.

– Je sais, je réplique froidement. Ils deviennent presque dépendants de cette proximité.

– Et malgré cela, ils se disent juste « amis » ? se moque mon aïeul.

– Mouais.

– Tu vois cela d'un œil suspect. On dirait presque que cela te dérange, fils.

– Je ne veux pas qu'ils se fassent du mal, tout simplement.

– Je le savais que tu t'inquiétais pour nous ! s'extasie une voix féminine dans mon dos.

– Tu ne dormais pas, toi ? je m'énerve.

– C'est toi qui parle de nous comme si nous étions absents, la défend mon jeune frère parfaitement éveillé.

Notre père se met à rire grassement. Au moins, cela a le mérite de détendre un peu l'atmosphère.

– Monsieur Holmes, parle enfin ma camarade, vous avez connu ma mère ?

– Et comment ! C'est moi qui l'ai présentée à Lawrence.

– Vous étiez si proches que cela à Greenfield ? s'étonne-t-elle.

– Oh, nous étions un petit groupe très soudé. C'est regrettable que nous ne puissions plus nous entendre.

– Vous... hésite Hakan avant de reprendre, Vous pourriez être le chainon manquant qui mène à l'oncle David.