Épilogue 【𝓟𝓪𝓻𝓽𝓲𝓮 ①】

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Hakan

– Et celle-ci ? je demande en sortant de ma salle de bain.

– Elle te rapetisse, râle mon ami. Tu as l'air de faire un mètre vingt.

– Sherlock, j'ai pas cinquante robes ! je m'exclame. C'est déjà bien que j'en mette une.

– Et pourquoi mon avis compterait dans un choix si occasionnel ? lâche-t-il amer.

– Il n'y a que toi dans cette maison qui puisse avoir un avis objectif ! Alors fais un effort, merde !

Consciente que je suis plus sèche que je ne devrais l'être, je rejoins le jeune Holmes sur le bord de mon lit et lui saisis la main avec douceur, ce qui est encore une nouveauté pour moi.

– Qu'est-ce qui te préoccupe ? j'interroge à demi-mots.

– Pas eu de texto aujourd'hui, dit Sherlock en restant laconique.

Je comprends de suite de quoi (ou plutôt de qui) il parle. Dans une telle situation, je ne peux pas rester de marbre.

– La journée n'est pas encore finie, je tente de le rassurer. Il t'appellera sans doute ce soir. 

– Non, il a oublié. Ça commence déjà...

– Impossible ! (il me regarde étonné, avant que je ne complète) Personne ne peut t'oublier Sherlock, je peux te le jurer.

Je lui lance un petit coup de coude en pouffant de rire, ce qui a au moins le mérite de le faire sourire : j'aime mieux ça.

Depuis que John est parti préparer sa rentrée dans sa nouvelle école (ou plutôt prison pour jeunes, mais bon, cela n'est que mon avis), Sherlock est de la pire humeur qui soit. Son colocataire nous a quitté juste avant les examens de fin d'année, puisqu'il connaissait déjà son sort. Pour être honnête, je ne sais pas pour qui la séparation a été la plus difficile. John avait promis d'envoyer des messages dès qu'il en avait l'occasion,  pour raconter ce qu'il se passait dans les moindres détails. De mon côté, j'ai pris la lourde responsabilité de veiller sur le jeune Holmes pour qu'il ne s'ennuie pas, ce qui n'est pas de tout repos.

– Il est probablement avec des amis, je confie à Sherlock au moment de me relever du lit. Il faut qu'il noue des liens là-bas, ce n'est pas pour autant qu'il ne pense pas à toi. Qu'est-ce qu'il a dit la dernière fois ?

– Qu'ils partaient pour un exercice à l'extérieur, cite mon ami de mémoire.

– Voilà, sans doute qu'il ne pourra pas avoir accès à son portable pendant quelques jours, je lui explique posément. Et puis, rappelle-moi ce qu'il t'a dit juste avant de s'en aller ?

Je vois le jeune brun lever les yeux vers moi alors que j'inspecte mes robes de soirée pour la énième fois. Il me scrute, ne sachant pas si j'attends une réponse ou non. Je décide d'insister.

– Qu'est-ce qu'il t'a dit, Sherlock ?

– Il m'a pris dans ses bras, puis il est monté dans le taxi, ment-il.

– J'étais là, j'ai entendu. 

– Il m'a dit qu'il m'aimait. 

Comme je le supposais, le simple fait de dire cette phrase à voix haute le fait sourire à nouveau. Malheureusement pour moi, je ne peux m'empêcher de m'attendrir en voyant leur relation s'intensifier sous mes yeux.

Je me souviens encore de ce qu'il s'est passé, ce soir-là...

*

Cela a commencé dès notre retour de vacances, en revenant à Baker Street. John n'était pas encore arrivé, je n'avais pas encore posé le pied chez moi, pourtant je n'aurai reporté cette conversation qui attendait les deux garçons pour rien au monde. S'ils ne se parlaient pas maintenant, ils ne discuteraient jamais. Quant à ma présence, c'était un moteur, une garantie qu'ils ne tourneraient pas autour du pot.

Les Amis ProscritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant