7. Matr-Hak-ée

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Mycroft

C'est un matin comme un autre pour mon humble quotidien d'étudiant. Cela fait quelques jours que mon jeune frère s'entiche de ma camarade de classe pour travailler à leur stupide projet de fin d'année.

Hakan Selens était bien en avance ce matin. En revanche, la fatigue tirait ses traits sans qu'elle n'ait réalisé aucun effort pour le dissimuler. Quelque chose avait non seulement perturbé son sommeil, mais continuait encore à la tourmenter.

Quand elle réprime son énième bâillement de la matinée sous mon œil affligé, je ne peux plus fermer les yeux sur son problème devenu flagrant.

– Je peux savoir ce qui te prends ? je la sermonne. Le prof semble moins soporifique que toi.

– La ferme, Holmes ! se renfrogne ma camarade. J'ai vraiment pas la patience de t'envoyer des piques.

– On dirait que tu passes trop de bonnes soirées ces derniers temps, je devine. Un rapport avec mon frère ?

– Je suis pas d'humeur pour ce genre d'allusion non plus, râle-t-elle. En tout cas pas après hier soir.

– Tu...

La question allait sortir tout naturellement de mes lèvres, mais je me surprends tellement que je me suis arrêté. Qu'est-ce qu'il t'arrive Mycroft, pourquoi tu t'en préoccupes ? Si Sherlock était responsable de quoi que ce soit, ce ne serait tout de même pas ton souci ! Et pourtant, Hakan a l'air si mal en point que je ne peux plus réprimer ma demande.

– Veux-tu m'en parler ? je pose la question, enfin.

Dans un premier temps, la jeune fille se retourne vers moi sans cacher sa surprise. Elle m'observe avec attention, puis, comme si elle se souvenait que c'était à moi qu'elle s'apprêtait à se confesser, elle rebrousse chemin.

– Franchement ? feule-t-elle. Qu'est-ce que t'en as à faire ?

– J'essaye juste d'être courtois, je dis en haussant les épaules. Tu devrais essayer parfois.

Elle ne dit plus rien, mais bâille à nouveau et lutte contre l'endormissement. Soudain, elle soupire.

– Depuis quelques temps, je vais chez ton frère pour travailler, commence-t-elle. Jusque-là pas de problème. Sauf qu'à chaque fois, il y a son coloc qui nous observe.

– John Watson ? (elle confirme d'un signe de tête) C'est un problème ?

– Chaque fois, on finit par aller dîner à l'extérieur. Ce sont des soirées agréables, je ne vois jamais l'heure passer. En plus, voir ces deux là se lancer dans des discussions, c'est vraiment intéressant ! D'autant plus que...

– Que tu sors jamais, je la coupe.

– Comment tu le sais ? elle me demande.

– J'en ai parlé avec Elizabeth, je lui avoue.

– Pardon ?

Là, elle ne rigole plus du tout. Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine, mais il faut que je fasse diversion immédiatement sous peine de ruiner mon plan en cours de construction.

– Il n'y a pas quelque chose de grave dont tu voulais me parler ? j'insiste.

– Ouais... (elle se redresse pour être confortablement assise) Hier, quand le valet de mon père est venu me chercher, j'étais pas rentrée à Baker Street. Du coup, il m'a attendue une vingtaine de minutes et m'a vue rentrer de l'extérieur. Ça n'a pas loupé, mon père a été mis au courant.

Les Amis ProscritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant