Épilogue 【𝓟𝓪𝓻𝓽𝓲𝓮 ④】

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John 

Je me retourne et constate que le frère de Sherlock et Hakan ne nous suivent plus. J'arrête mon accompagnateur en tirant doucement sur sa manche. La musique à  l'intérieur est forte, ce qui force le brun à pencher son visage vers le mien pour me comprendre.

– Tu n'attends pas Hakan ? je lui demande.

– Quelque chose me dit qu'elle n'a pas besoin de nous pour le moment, déclare-t-il dans un sourire qui l'enjolive.

Il s'empare sans pudeur de ma main pour m'emmener plus loin que l'entrée où les étudiants affluent, ce qui n'est pas très agréable. Au delà de cette sensation d'oppression, autre chose me submerge, la chaleur de la main de mon ami imprègne la mienne et me procure un frisson que je ne peux réprimer. Quelques personnes le reconnaissent, nous dévisagent, je souris maladroitement. J'ai chaud. Tout est en ébullition à l'intérieur de mon corps. Heureusement que je n'ai pas gardé la veste de costume, je serais à l'état liquide, sinon.

– Je vais chercher à boire, je préviens mon comparses en le lâchant subitement, tu veux quelque chose ?

– Ta présence me suffit, me lance-t-il. 

Plus gêné que je ne pourrais être outré, je hausse les épaules et me dirige vers une des tables près des murs de l'immense salle. Les verres en cartons alignés m'offrent un panel de boissons alcoolisées ou non. Cette soirée a déjà tendance à me rendre nerveux, est-ce qu'un semblant d'ivresse pourrait m'apaiser ? Je cède à la tentation et, dans mon élan, m'empare d'un second récipient pour l'offrir à mon compagnon, malgré les réticences de celui-ci.

En revenant sur mes pas, je vois que Mycroft et Selens ont rejoint Sherlock. J'affiche un air désolé qui signifie : « Navré, mais je n'ai que deux mains.» et je tends le deuxième breuvage au cadet des Holmes. Je vois Hakan penchée vers l'oreille de ce dernier, ils semble se disputer. Je sais que c'est souvent leur façon de communiquer, cela ne m'inquiète pas. Ce qui me taraude le plus, c'est qu'elle me jette un regard ou deux, cela pourrait donc me concerner. Les deux conspirateurs, à coups de regards froids et de grimaces qui font figure d'autorité, finissent sans doute à arriver à un consensus : Hakan abhorre une mine plus réjouie. Elle a probablement remporté la manche.

– Il y a un problème ? je m'enquiers alors auprès de mon ami.

– Pas vraiment, répond-t-il laconiquement.

– Sherlock... je le soudoie.

– John, tu devrais me faire confiance, s'agace mon ancien coloc.

– C'est le cas, je me rebiffe sur le même ton.

– Très bien, suis-moi, alors.

Je n'ai pas le temps de rétorquer qu'il me reprend la main pour me forcer à l'accompagner. Il revient toutefois sur ses pas, me forçant à faire un demi-tour un peu brutal sous les mines amusées de quelques autres jeunes endimanchés. J'en renverse mon verre, mon ami confie le sien à l'aînée des Selens. J'aperçois Hakan glisser quelque chose dans la main désormais libre de Sherlock : qu'est-ce qu'ils peuvent bien manigancer encore ?

Je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus longtemps que je suis à nouveau porté par le pas rapide et effréné de mon ancien colocataire. Sa démarche élancée est un peu trop pressante pour mes jambes un peu plus courtes. Si bien que je m'essouffle. 

–  Où on va ? j'articule entre deux goulées d'air.

– Tu as dit que tu me faisais confiance, ai-je droit comme toute réponse.

Un sourire énigmatique, que je ne lui connaissais pas encore, ne le quitte pas. Il me fait passer par des couloirs sombres, des escaliers oubliés, sans pour autant se tromper de chemin une seule fois. Le sang pulse dans son corps à un rythme bien plus rapide que la normale, je le sens dans le bout de ses doigts qui maintiennent toujours les miens. Quant à moi, le simple fait de songer à cette proximité fait remonter en moi des idées qui me font rougir.

Les Amis ProscritsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant