Chapitre 20

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- XX -

Je relis une dernière fois mes réponses avant de poser mon stylo. Autour de moi, la plupart des étudiants sont encore penchés sur leur devoir, concentrés et déterminés à finir de répondre aux questions avant que la sonnerie annonçant la fin de l'épreuve ne retentisse. Un coup d'œil à la grosse horloge au-dessus du tableau me permet de savoir qu'il reste encore dix minutes. C'est la première épreuve que je finis avec autant d'avance.

Hier j'ai passé la matinée sur une épreuve de pharmacologie, à jongler entre la réglementation de la création et de la mise sur le marché de nouvelles substances actives et une flopée de molécules aux noms savants : que sont-elles ? Comment agissent-elles ? Quelle est leur durée de demi-vie dans l'organisme ? Et leurs principales interactions avec d'autres molécules ? Autant de questions auxquelles j'ai répondu sans trop de mal. La difficulté venait principalement du nombre de questions et du temps imparti pour y répondre, ce qui ne laissait aucune place à la moindre hésitation, voire réflexion. Soit on connaissait les réponses, soit pas. J'ai terminé l'épreuve pile dans les temps mais ça n'a pas été le cas de tous les étudiants.

Avant ça, mon lundi a été consacré à la biophysique. Quatre heures de problèmes, de lois, d'équations et de démonstration à résoudre. De quoi commencer fort et annoncer la couleur de ce qui nous attendait pour les jours à venir. Autant l'atomistique et la mécanique des fluides n'ont presque plus de secrets pour moi, autant les lois et les subtilités de la thermodynamique restent une sorte de brouillard insaisissable. Heureusement, ma mémoire a toujours été mon plus grand allié. Alors même si les questions de réflexions les plus subtiles m'ont parfois posé quelques problèmes, le reste de l'épreuve a été relativement facile, me permettant de finir là aussi pile dans les temps.

Quand je pense à tous ces jours, ces semaines, voire ces années de travail, tout ça évalué en seulement quelques heures à travers quelques questions sur un bout de papier. Les deux dernières semaines ont été particulièrement intenses, les journées longues et fatigantes, et les derniers jours de cours tellement chargés que je n'ai presque pas eu le temps de voir mes amis. J'ai à peine réussi à croiser Lexa dans notre chambre et je n'ai pu partager qu'un seul déjeuner avec le Skykru. La semaine de révisions qui a suivi n'a pas été plus reposante bien au contraire, et j'ai même fini par me demander comment j'allais réussir à survivre aux examens vu mon état de fatigue.

Ce n'est certainement pas le week-end à Whistler avec Lexa qui m'a permis de me reposer. D'ailleurs j'ai beaucoup repensé à notre conversation le soir du gala. Après avoir séché mes larmes, on a encore longuement parlé, se confiant l'une à l'autre sur des sujets que nous avions jusqu'alors toujours évités : notre passé, ou tout du moins une partie.

Je me souviens avoir demandé à Lexa de me parler d'Aden, le jeune garçon qu'elle m'avait présenté en début de soirée. Elle m'a alors raconté qu'il faisait partie des enfants que sa mère avait aidés quand elle avait commencé à se battre pour les orphelins. Elle m'a également dit qu'il avait toujours été comme un petit frère pour elle, et que c'était devenu encore plus vrai quand Indra, l'amie d'enfance de sa mère, l'avait officiellement adopté. Indra avait déjà une fille, Gaïa, que Lexa connaissait bien, mais de qui elle n'avait jamais été aussi proche que d'Aden. Aujourd'hui le jeune garçon voyait Lexa comme son mentor, sa grande sœur, son modèle, et elle faisait en sorte d'être la plus présente possible pour lui. C'est d'ailleurs elle qui l'avait d'abord initié à l'escrime, sport dans lequel il excelle maintenant au point d'avoir intégré l'équipe national.

Elle m'a également raconté quelques anecdotes sur son enfance, et sur ce que pouvait être la vie de quelqu'un ayant suivi la majorité de sa scolarité à domicile - ce qui lui a d'ailleurs permis de passer son diplôme et d'entrer à l'université avec trois ans d'avance sur la majorité des élèves. Elle m'a aussi raconté comment elle a pu se sentir seule parfois et comment sa passion pour les sports en tous genres est née. Comment après des semaines, voire des mois à tanner ses parents, elle a réussi à les convaincre de l'inscrire à un cours de karaté avec d'autre enfants de son âge. Après quoi elle a fait du tennis, de la natation, de l'escalade, de l'escrime, de l'athlétisme, de l'équitation et même des sports d'auto-défense et de combats, ce qui lui aurait a priori valu une grosse blessure, mais elle n'a pas voulu rentrer dans les détails, le sujet semblant encore douloureux malgré les années écoulées. Elle a eu l'occasion de faire des rencontres pendant ces activités, mais pas une fois elle ne m'a parlé d'amis, si bien que j'en suis venue à me demander si elle avait déjà eu de vrais amis avec qui partager des secret, des rêves, des projets, ou simplement des bêtises ?

LOTS - Looking Over The StarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant