Chapitre 30

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- XXX -

Ces cheveux bruns ondulés mi-longs, ce teint pâle, ces yeux sombres... Il ne me faut pas longtemps pour reconnaître cet homme. Malgré l'urgence et la gravité de la situation, j'arrive encore à réfléchir. J'analyse la situation d'un rapide coup d'œil. Il n'y a aucune échappatoire possible. A en juger par sa prise ferme et sans tremblement sur son arme, il est évident qu'il n'hésiterait pas à tirer si j'essayais de faire le moindre mouvement.

Sans le lâcher des yeux, j'utilise le bouton d'appel automatique sur mon portable et je prie pour qu'il ne voie pas mon action, et n'entende pas non plus la sonnerie ou la voix de l'interlocuteur qui ne manquera pas de se manifester d'ici peu.

Par précaution, mais aussi parce que mes cours de psychologie m'ont donné une idée de la façon dont gérer une situation de crise plus ou moins semblable à celle-ci, je décide de rompre le silence.

- M. Wallace, c'est bien ça ?

Le sourire de l'homme brun en face de moi s'agrandit jusqu'à dévoiler des dents d'un blanc immaculé.

- Je suis surpris que vous vous souveniez de moi.

- Je n'oublie pas facilement les visages des gens que je rencontre.

- Nous ne nous sommes croisés qu'une seule fois pourtant, et si je n'avais pas entendu autant parler de vous, je dois avouer que je ne me serais jamais souvenu de votre existence. Heureusement pour moi, une personne a récemment parlé de vous et plus important encore de votre proximité avec mademoiselle Wood et croyez-moi, il s'agissait là d'une excellente nouvelle. Enfin... Pour moi en tout cas. Après tout, je suis du bon côté de cette arme, pas vous.

Si je me souviens aussi bien de lui, c'est uniquement parce que j'ai eu tout le loisir de l'observer minutieusement le jour où Lexa lui a annoncé son renvoi. Je me souviens aussi qu'il avait été trop occupé et trop en colère pour ne serait-ce que remarquer ma présence dans la pièce à ce moment-là, alors si cette personne ne m'avais pas mentionnée, nous n'en serions très probablement pas là actuellement.

Dans ma main, une voix indistincte résonne. Heureusement le son est étouffé dans ma paume ce qui ne lui permet pas d'arriver jusqu'aux oreilles de l'homme qui se tient devant moi.

Je sais qu'il m'est impossible de crier au secours dans mon téléphone, mais je sais aussi que Lexa est maligne et qu'elle comprendra très vite. Elle a juste besoin des informations importantes pour savoir quoi faire et moi juste de gagner du temps.

- M. Wallace, que faites-vous dans mon salon ? Et pourquoi venir jusqu'ici avec cette arme ?

- Ce que je fais ici ? Je viens finir le travail. Il faut croire que le dicton « on n'est jamais mieux servi que par soi-même » est vrai.

Ses paroles tombent comme une pierre dans mon estomac. Finir le travail ? Est-ce que ça veut dire que Lexa avait raison et que mon accident n'avait rien d'un accident ?

Ce n'est pas le moment de penser à ça. Je dois me concentrer sur le moment présent, et ce dont j'ai besoin maintenant c'est de temps. Heureusement il semble vouloir parler, et faire parler quelqu'un reste la meilleure façon de gagner du temps dans ce genre de situation – du moins c'est ce qu'ils disent à la télé. Il ne me reste donc plus qu'à poser les bonnes questions, tout en faisant attention à ne surtout pas le contrarier davantage. Pour le moment il semble relativement calme, mais j'ai déjà eu un aperçu de son tempérament et je sais qu'il est capable de s'énerver rapidement.

- Que voulez-vous ?

- Ce que je veux ?

Son sourire refait son apparition et je le regarde avancer d'un pas dans ma direction.

LOTS - Looking Over The StarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant