Chapitre 7 : Ce n'était pas quelqu'un de bien

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Tout au bout d'une longue allée de gravier se dresse le manoir St. Vincent, une très grande demeure de style victorien comptant sans doute plus de pièces que toutes les maisons d'une rue réunies. Autour de cette bâtisse, un immense terrain s'étend sur des centaines de mètres, jusqu'à atteindre la lisière de la forêt environnante. Le calme qui y règne d'habitude est bouleversé par la foule de personnes vêtues de noir qui entrent dans le manoir, afin d'assister à la réception organisée par la famille. Cela permet de remercier tout le monde d'être venu les soutenir aux obsèques. Enfin, pour les St. Vincent, il s'agirait plutôt d'une opportunité de voir qui sont vraiment leurs amis et à qui ils peuvent se fier. Ce qui semble naturel chez les autres familles en deuil devient une stratégie commerciale ici.

La voiture de Nick et Aiden remonte lentement l'allée jusqu'à s'arrêter dans un coin qui n'a pas déjà été pris d'assaut par les autres invités. Aiden enclenche le frein à main et coupe le moteur avant de se tourner vers son fiancé, qui semble pensif.

— On n'est pas forcés d'y aller, dit-il d'une voix bienveillante. Tu n'as qu'un mot à dire et je nous sors de là.

— Quelqu'un le remarquera si on n'y va pas.

— Tu crois qu'on est si populaires que ça ? Il y a des dizaines de personnes ici. Deux de moins ne feront pas la différence.

— Je connais bien ce genre de personnes. Crois-moi, ils remarquent ce type de choses. Et ils n'oublient pas. Le moindre stupide ragot pourrait remonter aux oreilles de la police, et c'est ce genre de détail qui peut tout foutre en l'air. Il faut qu'on fasse acte de présence.

— D'accord, concède-t-il. On va y aller.

Voyant que cette situation rend Nick de plus en plus nerveux — malgré ses efforts pour faire bonne figure — Aiden prend sa main dans la sienne.

— Tout ira bien, articule-t-il avec le ton le plus rassurant possible. Toute cette histoire sera bientôt derrière nous. Et dans quelques semaines, on sera enfin mariés. Dans les moments difficiles, il faut que tu te raccroches à ça.

Nick lui sourit et pose son autre main sur celle d'Aiden.

— Tu as raison, affirme-t-il. Je me demande ce que je ferais sans toi.

— Tu sais très bien que c'est moi qui me demande ce que je ferais sans toi. Je me le demande depuis le tout premier jour où tu m'as parlé.

— Tu veux dire, le jour où tu es venu me demander où était le fastfood le plus proche, alors que tu aurais pu simplement regarder sur Google ?

Aiden lâche un petit rire en repensant à son état de stress lorsqu'il avait essayé de trouver le courage d'aborder le plus bel homme qu'il ait jamais vu de sa vie.

— Ouais, tu m'as évité de mourir de faim ce jour-là, répond-t-il avec un air faussement sérieux. Comment commencer une relation d'une meilleure manière ? Même si c'est vrai que c'était juste une excuse pour venir te parler.

— Tu aurais pu trouver une excuse un peu plus subtile, qui n'impliquait pas de la mayonnaise et des oignons frits.

— L'essentiel c'est que ça ait fonctionné. Je suis passé de l'oignon frit à la bague de fiançailles. Peu de gens peuvent en dire autant.

Nick ne peut pas s'empêcher de rire. Ça fait du bien de lâcher prise, même pour quelques instants. Ça ne lui était pas arrivé depuis la mort de Charles.

— Vraiment très classe... rétorque-t-il d'un air taquin. Je pense que personne ne peut en dire autant, puisque tu es le seul homme au monde qui utilise cette technique de drague.

Notre meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant