Chapitre 25 : Garde à vue

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Peu de temps après l'arrestation, les invités se sont évaporés les uns après les autres, des sourires gênés sur leurs visages. Nick et Aiden ne pouvaient que sourire à leur tour, n'ayant pas grand-chose à dire pour expliquer cette situation incongrue. Eliza est restée un moment pour les aider à ranger et pour s'assurer que l'avocat de Lucas avait bien été contacté.

Désormais, seuls les serveurs s'agitent autour d'eux. Les deux hôtes finissent par se laisser tomber sur les tabourets hauts du bar, épuisés par cette soirée qui a tourné au fiasco. Nick pose sa tête sur l'épaule d'Aiden, cherchant désespérément du réconfort chez la personne qui a toujours été son roc, contre vents et marées.

— Ça me rend malade qu'on ne puisse rien faire pour aider Lucas, lâche Aiden dans un soupir.

— Je sais. Moi aussi. Mais quoi qu'on fasse, ça ne ferait que nous causer du tort. Et je ne peux pas le représenter, à cause du conflit d'intérêt.

— Oui, je sais. Mais ça fait vraiment chier.

Nick ne peut qu'acquiescer. Toute cette situation n'est qu'une géante épine dans le pied dont ils se seraient bien passés. Surtout à moins de trois jours de leur mariage.

— J'espère qu'ils vont vite éclaircir tout ça, dit Nick. Son avocat est très bon, il le sortira de là dès la fin de sa garde à vue, j'en suis sûr. Et puis je n'imagine vraiment pas que Lucas soit capable de tuer quelqu'un. Peu importe les problèmes qu'il y avait entre lui et son frère, ça me semble improbable. Turner a trouvé une cause probable suffisante pour l'arrestation, mais il va falloir y aller fort pour une inculpation.

Aiden reste immobile un moment, puis il ouvre la bouche comme s'il avait quelque chose à dire mais que les mots étaient coincés dans sa gorge. Le son d'une nouvelle notification émane du téléphone de son fiancé, et Aiden se ravise. Nick consulte ce nouvel e-mail qui provient d'une adresse inconnue.

Si on te demande, ça ne venait pas de moi.

En pièce jointe, il y a une photo d'un rapport d'autopsie. Nick comprend alors que le mail provient de l'agent Jordan Evans, à qui il avait demandé cet énorme service. Et vu l'adresse d'expédition, il a dû l'envoyer depuis un cybercafé ou une bibliothèque. Depuis un endroit où on ne remontrait pas jusqu'à lui en tout cas. Une fois qu'il réalise de quoi il s'agit, Nick étudie l'image avec grande attention. Une certaine partie du document est censurée — pour éviter trop de fuites, même au sein du poste de police — mais les éléments importants sautent aux yeux de Nick.

BLESSURES EXTERNES :

- HÉMATOME SUR L'AVANT-BRAS DROIT.

- ENTAILLE À L'ARRIÈRE DU CRÂNE.

CAUSE DE LA MORT : HÉMORRAGIE DUE À UNE BLESSURE PÉNÉTRANTE AU TORSE.

Nick tourne alors l'écran de son téléphone en direction d'Aiden, pour qu'il puisse lire. Son visage affiche une immense surprise, mais Nick n'arrive pas à déceler s'il est troublé par le contenu du document, ou simplement par le fait qu'il ait réussi à l'obtenir.

— Donc Charles a été poignardé, c'est ça ? chuchote-t-il pour confirmer qu'il a bien interprété les conclusions du rapport.

— On dirait bien, oui.

Une mort violente. Il s'est probablement débattu. Il a probablement souffert avant de rendre son dernier souffle. Une mort que Nick ne souhaiterait même pas à son pire ennemi.

****

4ÈME HEURE

Lucas a l'impression d'être assis à cette table depuis une éternité. Objectivement, il sait que ça ne doit faire que quelques heures qu'il est dans la salle d'interrogatoire, mais le temps passe très lentement quand un inspecteur de police vous rabâche les même questions, encore et encore, et que vous devez expliquer que vous n'avez pas assassiné votre frère. Après le court trajet en voiture jusqu'au poste, Lucas avait dû retirer tous ses effets personnels et les déposer dans une boîte, recouvrir ses doigts d'encre noire afin de laisser ses empreintes sur un document prévu à cet effet, puis poser pour ses photos anthropométriques, de face et de profil. Il n'est pas en prison, mais il se sent déjà comme un criminel. Car c'est comme ça qu'il est traité. En attendant le retour de Turner, il pense à la façon dont sa mère avait assuré avoir fait le nécessaire pour inciter le service de police à faire leur travail le plus rapidement possible ; ce qui est une façon détournée de dire qu'elle les avait menacés. Il est prêt à parier qu'elle fait beaucoup moins la fière maintenant qu'ils ont arrêté le dernier fils qui lui reste. La situation est peut-être horrible, mais cette pensée le fait sourire. Je paierais cher pour voir sa tête, pense-t-il l'espace d'un instant.

Notre meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant