Chapitre 16 : Qu'est-il arrivé à Eliza ?

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"Vous êtes arrivé à destination" annonce la voix monotone du GPS sur le tableau de bord d'Alex.

Devant elle se dresse une grande bâtisse aux airs de maison d'hôtes haut-de-gamme. Seule de la verdure est visible à l'horizon. Il y a plusieurs hectares de terrain tout autour du bâtiment principal. Son attention se porte vers l'immense fontaine qui se trouve juste en face de l'entrée. Elle n'était pas sur les photos qu'Alex a regardé sur leur site. Peut-être qu'elle est récente. Ou peut-être que l'angle des photos ne permettait pas de la voir.

Elle avait vu la façade qu'elle a sous les yeux en ce moment-même, le grand parc à la lisière des bois et les différentes salles communes. Mais pas cette fontaine. Alex avait pourtant consulté le site de la clinique de White Oak à de nombreuses reprises au cours de ces deux derniers jours. Une fois qu'elle avait lu le dossier médical — déposé devant la porte de sa chambre de motel par une personne inconnue — elle ne pouvait s'arrêter de se demander la raison pour laquelle Eliza avait séjourné ici. D'après les dates griffonnées sur les pages, son séjour avait eu lieu avant la mort de ses parents. Les événements étaient donc sans lien. Alors pourquoi ?

Une recherche sur Google n'avait rien donné. Évidemment.

Mais Alex le sentait : quelle que soit la vérité, c'est ce dont Charles devait se servir pour tourmenter Eliza. Sinon, pourquoi quelqu'un lui aurait-il donné ce dossier ? Pour la conduire sur une fausse piste et la détourner de la vérité, peut-être ? Alex devait en avoir le cœur net. Et comme elle n'avait aucune autre piste pour en savoir davantage sur le meurtre de Charles, enquêter sur place lui paraissait être la seule chose à faire. Mais elle savait très bien qu'on lui fermerait la porte au nez si elle venait poser des questions sur une ancienne patiente sans que sa présence n'ait la moindre légitimité. Il lui fallait donc une couverture. Quelque chose de crédible, mais que personne ne s'embêterait à aller vérifier avant qu'elle ne soit déjà repartie avec les informations nécessaires.

Aujourd'hui, elle répond donc au nom de Marie Campbell, une jeune journaliste qui voudrait écrire un article sur White Oak et sur les bienfaits des thérapies proposées à leurs patients pour le journal local. De la publicité gratuite, c'est toujours bon à prendre. Et comme elle s'y attendait, le docteur Tchang, chef de la clinique, avait accepté la proposition. Par téléphone, Alex avait dû insister quelque peu pour pouvoir venir dès le lendemain afin de se faire une première impression des lieux, de son personnel, et surtout, de ses résidents. Y aller au culot est parfois la solution la plus efficace.

Alex sort de sa voiture et passe devant la pancarte sur laquelle on peut lire : Clinique White Oaks, votre santé est notre priorité. Le ciel est partiellement assombri par des nuages menaçants en ce mercredi après-midi, mais la jeune femme n'y prête pas vraiment attention. Elle est bien trop concentrée sur sa mission. Elle sait qu'elle ne peut se permettre aucun faux pas si elle veut enfin des réponses.

Le hall de la clinique ressemble à la réception d'un hôtel. Et pas le genre dans lequel Alex séjourne en ce moment, près d'une autoroute et d'une déchetterie. Plutôt le genre qui vous donne une addition très salée à la fin de votre séjour. Le sol en marbre brille de mille feux, de grandes colonnes en pierre se dressent tout autour de la pièce, et le plafond est presque aussi haut que celui d'une cathédrale. Une admission ici doit être hors de prix, pense immédiatement Alex.

À peine arrivée à l'accueil, une femme rousse à la silhouette élancée lui sourit de toutes ses dents et lui souhaite la bienvenue. Le badge épinglé sur son uniforme blanc et noir indique que son nom est "Sandra". Alex lui explique alors la (fausse) raison de sa venue ici, ce qui pousse Sandra à lui demander sa carte de presse. Bien entendu, Alex avait prévu le coup ; Elle a fait du mieux qu'elle pouvait pour créer une fausse carte qui semble le plus authentique possible avec le peu de temps qu'elle avait. Elle tend donc la carte au nom de "Marie Campbell" à Sandra, qui s'exclame alors d'une voix chantante :

Notre meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant