Chapitre 12 : Peut-être que c'est toi

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Maintenant que le ciel étoilé s'est installé sur la ville, les seules sources de lumière restantes sont les réverbères dans les rues et les phares des quelques voitures encore présentes sur les routes. Eleanor voit ces lumières s'infiltrer dans l'église à travers les grands vitraux le long des murs. Malgré ça, il y fait assez sombre. Quelques cierges sont allumés un peu partout, mais l'atmosphère ne s'en trouve pas réchauffée pour autant. Eleanor n'a pas vraiment l'habitude de venir à l'église, hormis pour les mariages et les baptêmes au sein de sa famille. Mais ce soir, elle ressent le besoin inexplicable de changer cela. Ces derniers jours ont été très difficiles et, dans une tentative désespérée, elle recherche du réconfort et du calme en ces lieux.

Elle allume un des cierges près de l'autel à l'aide d'une longue allumette, puis regarde vers le plafond, toutes ses pensées dirigées vers Charles. Elle ne peut s'empêcher de se demander comment elle en est arrivée là. Sa vie a pris un tournant tragique et tout est désormais incertain. Mettant de côté ses opinions cartésiennes, elle décide d'essayer de s'adresser directement à Charles, car à ce moment précis, elle veut croire qu'il peut l'entendre. Elle en a besoin.

— Je me sens bête de faire ça... murmure-t-elle d'une voix fragile. C'est beaucoup trop dur sans toi. Je veux m'accrocher tant que je peux pour continuer ce qu'on avait prévu, mais...

Un sanglot qu'elle tente de retenir la force à s'arrêter un instant. Une larme coule le long de sa joue, dans la lueur émanant de la flamme.

— Je suis désolée, conclut-t-elle simplement, ne se sentant pas capable d'en dire davantage.

Le grincement de la double porte de l'église fait sursauter la jeune femme, qui se retourne immédiatement pour voir si quelqu'un est entré. Elle ne distingue qu'une silhouette dans l'ombre, mais elle entend des bruits de pas résonner dans l'allée entre les bancs. Eleanor se rapproche donc, après avoir essuyé la larme sur sa joue, plissant les yeux pour mieux voir. Une fois dans la lumière, Eleanor réalise avec étonnement que la silhouette est celle de Manon. Cette dernière arbore une attitude nonchalante, presque comme si elle avait été invitée à venir ici.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demande Eleanor, d'un ton sec et agressif.

— Je t'ai suivie après la réunion avec les autres.

Le visage d'Eleanor laisse transparaître sa stupéfaction.

— Pardon ?! dit-elle, abasourdie. Tu comptes me harceler maintenant ? Va te faire soigner !

Puis, elle se dirige vers la sortie sans attendre, tout en lançant un regard noir lorsqu'elle passe devant Manon. Mais elle est arrêtée dans son élan.

— Il faut qu'on parle, lâche Manon d'un air grave.

— De quoi, exactement ? On n'a rien à se dire, toi et moi.

— Alex. On doit s'assurer qu'elle ne nous envoie pas tous en prison. Toi aussi tu penses qu'elle est coupable, non ?

— Je pense qu'elle t'a peut-être balancée à Turner. C'est tout. Et honnêtement, c'est ton problème, pas le mien.

Aïe, coup bas. Mais certainement un coup bas mérité, en ce qui concerne Eleanor. Cette dernière tente encore de partir, mais Manon se rapproche d'elle, décidée à ne pas lâcher l'affaire.

— Ça va devenir ton problème quand elle se servira de ce que tu as fait cette nuit-là contre toi, articule-t-elle les yeux fixés sur Eleanor, comme si elle allait s'envoler si elle venait à détourner le regard.

— Laisse-la faire, rétorque Eleanor sans se défiler. Je n'ai rien à me reprocher.

— Même si c'est vrai, tu restes une complice. Tu as gros à perdre aussi.

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