Notre meilleur ennemi

Chapitre 29 : Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Nick est tellement nerveux qu'il inspecte les alentours pour choisir l'endroit le plus adéquat pour s'évanouir. Le moment est arrivé. Celui qu'il attend avec impatience et pour lequel il se prépare depuis qu'Aiden lui a fait sa demande en mariage au pied de la Tour Eiffel. Totalement cliché, certes, mais c'est exactement le genre de choses qui deviennent incroyablement romantiques si la bonne personne est en face de vous. Et Aiden est sans aucun doute la personne parfaite à ses yeux. Pas parfaite dans le sens où il n'a pas le moindre défaut, bien entendu. Il a des défauts, mais Nick a appris à aimer chacun d'entre eux, car ils font partie d'un ensemble merveilleux. Et maintenant, il se dit qu'il aurait peut-être dû caser tout ça dans ses vœux. Mais il est trop tard pour faire des changements. Ceux qu'il est parvenu à écrire après des heures de réflexion et de réécriture seront très bien. Enfin, il l'espère. Et il ne faut surtout pas qu'il les oublie. Peut-être aurait-il dû amener une antisèche ? Quelle est la première phrase, déjà ? Mon dieu, il est en train de paniquer.

Au bras de sa sœur, Beth, il remonte l'allée parsemée de pétales de fleurs. Les violoncellistes ont déjà commencé à jouer le Canon de Pachelbel. Tous les regards se tournent alors vers lui. Il devrait avoir l'habitude, car c'est ce qui arrive quand il plaide au tribunal, mais c'est différent cette fois ; c'est beaucoup plus effrayant. Il aperçoit Eleanor et Manon assises côte à côte dans l'assemblée. Son regard se dirige un peu plus loin, pour rencontrer celui d'Aiden. À cet instant, toutes les angoisses s'envolent car plus rien d'autre n'a d'importance. L'homme de ses rêves l'attend, sous une arche drapée d'un tissu blanc qui virevolte sous la légère brise et décorée avec des fleurs aux couleurs époustouflantes. Il n'est pas certain de son impartialité, mais Nick se dit qu'il a en face de lui l'homme le plus beau qu'il ait jamais vu, sans savoir que la même pensée traverse l'esprit d'Aiden quand il le voit s'approcher.

Quand ils arrivent au niveau de l'arche, Beth dépose un baiser sur la joue de son petit frère, puis s'éclipse sur le côté. Aux côtés d'Aiden se tient Eliza, qui lui fait un clin d'œil complice. Tout va bien se passer, arrive à distinguer Nick dans son regard. Puis il se tourne vers Aiden. Ils échangent un sourire nerveux, mais plein de sincérité. C'est comme s'ils venaient de replonger au milieu de leur premier rendez-vous. La même appréhension, mais le même désir d'être en compagnie l'un de l'autre.

— Salut, dit Aiden avec le sourire que Nick veut admirer pour le restant de ses jours.

— Salut, répond Nick, des étoiles plein les yeux.

Aiden prend une grande inspiration, puis regarde Nick de la tête aux pieds.

— Putain, ce que t'es beau ! s'exclame-t-il plus fort que prévu.

Il se retourne vers le célébrant — qui va les unir dans les minutes à suivre — comme s'il avait oublié qu'il était là.

— Pardon, s'excuse-t-il avec une grimace gênée, c'est sorti tout seul.

— Aucun problème, répond M. Jenkins, un homme d'une quarantaine d'années, dans un petit rire indulgent.

Au milieu d'un gloussement, Nick se rend compte que ce côté gaffeur est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles il l'aime. Ensuite, M. Jenkins demande aux invités de s'asseoir pour débuter la cérémonie. Il enchaîne avec son discours officiel, que Nick n'écoute que d'une oreille, trop occupé à essayer de ne pas oublier le texte qu'il a préparé. Une poignée de minutes plus tard, M. Jenkins donne la parole aux mariés pour qu'ils prononcent leurs propres vœux.

— À qui l'honneur ? dit-il regardant les deux hommes à tour de rôle.

— Tu peux commencer, s'empresse de dire Aiden en voyant le regard hyper concentré de Nick.