Chapitre 13 : Tu es le seul à qui je fais confiance

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Nick remonte la rue jusqu'à son bureau, l'un des clients qu'il représente à ses côtés. Tandis qu'ils conviennent de la date de leur prochain rendez-vous, une jeune femme marche près d'eux d'un pas pressé. Nick n'a même pas le temps de remarquer sa présence avant qu'elle ne le bouscule. Puis, elle disparait aussi vite qu'elle est apparue, dans l'angle de la rue. Sur une intuition, le jeune avocat plonge la main dans la poche de son manteau et sent un morceau de papier à l'intérieur. Il s'empresse alors de dire au revoir à son client en lui serrant la main, afin de pouvoir regarder ce qu'il y a sur ce papier.

Instantanément, Nick reconnait l'écriture d'Alex. Lorsqu'ils étaient en cours ensemble, ils écrivaient toujours sur des feuilles pour communiquer entre eux sans créer de bavardages qui forceraient les profs à les réprimander. Mais aujourd'hui, le message qu'elle a glissé dans sa poche est de nature bien plus importante et sérieuse que des commérages sur d'autres élèves.

Retrouve-moi au Motel Bayview à 15h30. Viens seul et n'en parle à personne.

Il se retourne pour voir si son amie est en train de l'observer de loin, mais elle a disparue.

****

Quelques heures plus tard, Nick arrive au lieu de rendez-vous. Dans la foulée, il repère Alex, qui a sorti sa tête par la porte de sa chambre. Elle lui fait rapidement signe de venir après avoir balayé les alentours du regard pour s'assurer que personne ne l'a suivi. En entrant dans la chambre de motel, Nick se rend compte qu'Alex a l'air complètement épuisée, les cheveux attachés à la va-vite, des cernes sous les yeux et une agitation qui indique une trop grande consommation de caféine. Rapidement, il remarque aussi toutes les photos et les post-its sur le mur, ce qui le pousse à lui lancer un regard explicite qui signifie : Mais qu'est-ce que t'as fumé ?

— Je dois découvrir qui a vraiment tué Charles, se défend Alex en le remarquant. Quelqu'un veut me piéger. Et tu l'as dit toi-même : Turner me suspecte déjà. Soyons réalistes, aucun jury ne pensera que je suis innocente en voyant mon casier...

Ce n'étaient que des erreurs de jeunesse. Passer de foyer en famille d'accueil, tout ça pour revenir en foyer, et avoir de mauvaises fréquentations peut pousser à faire des bêtises que l'on regrette amèrement par la suite. Alex a commencé à vendre du cannabis pour récolter assez d'argent et prendre son indépendance. À ça se rajoute des vols à l'étalage. Jamais rien de cher, mais bien assez pour lui causer du tort. Cela faisait presque dix ans qu'elle avait laissé cette vie derrière elle, mais les gens ont tendance à juger les autres pour les erreurs passées. Alex ne le sait que trop bien. Et Nick laisse entendre qu'il comprend son argument en hochant la tête à contre-cœur.

— C'était quand la dernière fois que tu as fermé l'œil ? demande-t-il, à la fois pour changer de sujet, mais aussi parce que la réponse l'intéresse réellement.

— Tout va bien, je ne suis pas fatiguée.

Nick fronce les sourcils d'un air dubitatif, montrant qu'il voit clair dans ses conneries.

— Ton œil gauche a l'air d'être figé et ta paupière droite fait des bonds...

— C'est juste à cause du café, ça. Il faut que je continue. Je me rapproche de quelque chose.

— D'un malaise, peut-être ?

Nick esquisse le début d'un sourire, mais Alex le regarde de travers pour lui faire comprendre que sa blague n'était pas drôle.

— Je suis sérieuse, lui assure-t-elle. Je le sens.

Nick soupire et met ses inquiétudes de côté pour regarder le mur des recherches de plus près. Il décide de ne pas tourner autour du pot et de dire ce qu'il pense sans aucun filtre de politesse.

Notre meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant