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22 SEPTEMBRE 2017
OMNISCIENT
BARCELONE
Alicia se tient debout sur la terrasse. Une clope coincée entre son index et son majeur, elle expire un nuage de fumée. La brune le regarde disparaître dans l'air, les micro particules se fondent dans la masse pour devenir invisibles à l'œil nu. Elle voudrait être invisible.
Ses yeux sont humides, sa bouche tremble légèrement et elle tire une nouvelle taffe de sa clope. Marc se tient à quelques pas de la brune.
- Dis ce que tu as à me dire, je suis là maintenant.
- Je suis une personne monstrueuse, horrible. Ouais, je suis un monstre, une criminelle, une meurtrière, tout ce que tu veux, déclare-t-elle précipitamment.
Elle titube légèrement avant de s'appuyer contre la table de la terrasse. La brune jette sa clope au sol et l'écrase avant de soupirer. Ce soupir si symbolique et habituel de sa personnalité.
Marc reporte toute son attention sur la jeune femme, elle se mord la lèvre montrant un signe de nervosité.
- Que se passe-t-il ? dit-il en la regardant le visage soudain inquiet.
- J'ai détruit la seule chose qui pouvait nous garder ensemble.
Ses yeux brillent, elle a des difficultés à trouver ses mots. Elle hésite, choisissant ses paroles avec précaution malgré toute la nicotine qui parcourt ses veines.
- J'étais pas prête, on ne l'était pas. Avant que tu me coupes, j'ai pris la meilleure des décisions pour moi et pour toi. Je m'en voudrai toute ma vie mais c'est trop tard, murmure-t-elle. C'est mieux ainsi.
Des larmes coulent sur ses joues, son corps est pris de tremblements, ses joues se noircissent à cause de son mascara. Elle renifle péniblement sous les yeux du footballeur.
- Explique toi, dit l'espagnol avec énervement.
- Je voulais t'en parler et j'te jure que j'ai essayé de te dire. Mais t'aurais pas voulu de ce gosse !
Marc déglutit, il n'arrive plus à réfléchir correctement. Il vient de heurter un mur, de se prendre une claque en pleine figure. Il ne réalise pas, le footballeur est troublé. Il traverse un brouillard épais qui l'empêche de comprendre.
- T'es enceinte ? Demande-t-il, le souffle court.
La jeune femme secoue négativement la tête et les larmes reprennent de plus belle.
- Explique toi Alicia, parce que je ne comprends pas vraiment.
- Je ne le suis plus, dit-elle si doucement qu'il n'est pas sûr de l'entendre.
Seconde claque. Marc examine la jeune femme pensant à une blague. Il attend son rire mais rien ne se passe. La brune baisse les yeux et fixe ses pieds. Marc se sent mal. Son estomac est retourné, son cœur explosé et son monde s'écroule. Sa vision se trouble et un sanglot lui échappe soudainement en comprenant qu'elle ne ment pas.
- J'ai tué cet enfant, il était juste ici, dit-elle d'une voix brisée en fixant son ventre.
Marc passe ses mains sur son visage et dans ses cheveux. Il vit un cauchemar, un véritable enfer. Il se sent trahit, blessé jusqu'à la racine. Il est retourné dans tous les sens. Il passe devant Alicia pour regagner l'intérieur de la maison et ses amis.
Ils n'ont pas couché ensemble depuis plus d'un an.
Marc s'arrête devant la baie vitrée, dos à la brune, sa voix est éraillée :
- Quand ? C'était quand ?
Il tremble, ses mains tremblent, son corps frémit, sa tête tourne. La bile lui monte et lui brûle la gorge.
- Juillet, je l'ai fait en juillet, elle lâche d'une voix tremblante.
- Comment t'as pu faire ça Alicia ?
Il se tourne vers elle, un sentiment de trahison lui perce le cœur comme un coup de couteau. Marc la déteste.
- Essayes de me comprendre, bordel, s'exclame-t-elle en larmes.
- J'y arrive pas.
- On n'était plus ensemble, tu es parti. Est-ce que tu peux comprendre ça ? T'en voulais pas d'enfants, pas à ce moment !
- Bon sang, t'avais pas le droit de décider toute seule ! C'était mon enfant, c'était le notre. Moi aussi, j'avais le droit de décider de son avenir ! il hurle.
Sa gorge le brûle et sa voix déraille. Il n'ose même plus la regarder dans les yeux.
- Mais t'étais pas prêt ! Et ta carrière ? T'as pensé à ta carrière ?
- Bien sûr que je l'étais.
- Je suis désolée, déclare-t-elle en s'approchant.
Elle se jette à son cou, les larmes inondent ses joues. Marc tient Alicia contre lui, complètement anéanti. Il ne ressent plus rien. Il veut pleurer lui aussi mais rien ne sort de son âme asséchée, complètement vide de sentiments. Une brèche vient de s'ouvrir à l'intérieur de lui, une fissure vient de marquer son cœur. Son monde s'est écroulé et il ne comprend pas vraiment les conséquences, trop sonné par cette annonce.
La brune s'accroche à lui comme on s'accroche à une bouée de sauvetage lors d'une noyade. Il est perdu, complètement noyé par les événements.
Parce qu'au final, ils sont deux âmes brisées et déchirées.
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Voilà le chapitre, je ne vous ai pas trop laissé dans l'attente ...
