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06 DÉCEMBRE 2017
OMNISCIENT
BARCELONE
Le défenseur barcelonais pousse les portes de l'hôpital à vingt-heures. Son regard est accablé quand il s'avance vers l'accueil. Les regards se tournent dans sa direction, est-ce à cause de son mètre quatre-vingt-quinze ou bien de sa popularité dans le club catalan ?
Le secrétaire fixe Gérard avec des yeux ronds et semble paralysé. Piqué doit se répéter une deuxième fois pour se faire comprendre. Il lui indique l'ascenseur ainsi que le numéro de la chambre.
Ses pensées divaguent pendant que l'ascenseur monte. Il pense à Alicia, ce n'est qu'une gamine, vingt-quatre ans. Gérard n'avait pas prêté attention aux paroles d'Andrés plutôt dans l'après midi. Il avait dit qu'elle était étrange.
Les portes s'ouvrent au deuxième étage de l'hôpital barcelonais. Gérard tourne la tête à droite, puis à gauche. Il est là, assis sur une chaise, complètement seul. La tête posée dans ses mains, aucune parole ne suffirait à le réconforter, Gérard l'avait compris au moment où il l'avait aperçu.
- Jordi et Romarey arrivent dans une heure, lâche Piqué en s'approchant de Marc.
Ce dernier relève les yeux et hoche la tête sans rien ajouter de plus.
- Les médecins, ils disent quoi ?
- Ils parlent du foie, je n'ai pas tout compris... d'une insuffisance hépatique aiguë, c'est grave à priori, il dit rapidement.
Marc s'arrête et explose en larmes.
- On ne peut pas la voir, il lâche entre deux sanglots.
- Ça va aller, assure Gérard.
Il n'est pas vraiment convaincu et s'imagine, lui aussi, le pire.
- T'aurais dû la voir..., gémit Bartra. Elle était pâle et froide. Elle était glacée. C'était le bordel, il y avait de l'eau partout et des boîtes de médocs vides de paracétamol.
Il déglutit difficilement.
- Je ne peux même pas resté..., mon avion décolle demain matin. Je joue dans trois jours, c'est ma dernière titularisation avec Dortmund.
Toujours cette foutue carrière, cette maudite ambition, pense Marc tout bas. Le catalan fronce les sourcils et pose une question :
- Ta dernière titularisation ?
- Je quitte Dortmund cet hiver.
La bouche de Gérard s'ouvre sous l'effet du choc. Il bégaye et cherche ses mots face à cette annonce.
- Tu vas où ?
- Bétis Séville, j'accepte l'offre de cette été, avoue Marc.
Gérard hoche la tête. Il avait vu ce gamin partir de l'Espagne, alors qu'il était terrifié. Il avait vu Marc quitter son pays et sa ville. Le catalan a toujours été surpris par la capacité d'adaptation de Bartra, il serait incapable de quitter Barcelone, ça serait comme une trahison d'affronter son club.
- Attends, tu vas rencontrer...
- Le Barça, inévitablement. Je le sais, termine Marc.
- Alicia en pense quoi ?
- J'allais lui dire avant...
Marc s'arrête. Il passe une main dans ses cheveux nerveusement en pensant à la belle brune. Il doit rester, encore un jour de plus à Barcelone, il ne peut pas partir maintenant alors que l'état de la brune est incertain.
Le défenseur se lève précipitamment de sa chaise et s'excuse au près de Piqué, il a un coup de fil à passer. Le brun s'éloigne de quelques mètres pour appeler son coéquipier.
- Ja ? répond la voix de l'allemand.
- Marco, je rentrerai demain soir, lâche Bartra. Il faudrait que tu m'excuses.
Reus soupire.
- Tu vas rater l'entraînement, Scheiße. Le coach va nous tuer !
Le défenseur le savait déjà, il n'aurait pas seulement des problèmes avec le coach mais aussi avec la direction allemande, fautes professionnelles.
- C'est important fais-le pour moi, bitte, rajoute Marc en allemand.
- Fick dich ! Pourquoi tu prends pas ton avion normalement ?
- Tu ferais quoi si la femme que tu aimes est pas sûr de s'en sortir ?
Marco Reus ne répond rien durant quelques secondes avant de déclarer :
- Bleib bei ihr. Je te couvre.
Et il raccroche immédiatement.
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