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Le lendemain, Laure et Augustus refusèrent de se morfondre : ils se lancèrent à la recherche des jumeaux roux.

- Je ne pourrais pas parler devant les gens dehors, rappela Laure.

- Ni devant tes parents ?

Elle secoua la tête. Augustus eut la sagesse d'esprit de ne rien ajouter.

Ils allèrent donc rendre visite aux Cornix. Laure se sentit toute drôle quand elle retourna chez ses parents. Cette demeure avait longtemps été sa prison. Elle s'était sentie si seule et désespérée ici. Mais aujourd'hui, elle était plus forte.

- Bienvenue à vous.

Hélène et Flavius vinrent les accueillir. Laure culpabilisa quand sa mère versa des larmes de soulagement en la voyant si bien portante. Elle mérite de savoir toute la vérité. Ils s'installèrent ensuite dans le salon.

- Belinda Octavius n'a pas pu se libérer ? regretta Flavius.

- Elle est encore toute retournée par le départ d'Arès, prétendit Augustus.

En vérité, elle n'était même pas au courant qu'ils rendaient visite aux Cornix. Belinda s'opposait vivement à l'amour unissant son fils à leur ancienne esclave. Mieux valait qu'elle reste en dehors de tout ça.

- Nous sommes venus pour vous demander quelque chose, reprit-il. Sauriez-vous où sont Maximus et Maia ?

- Après les avoir affranchi, répondit Flavius, Arès m'a sollicité pour leur trouver un travail.

- Et où sont-ils ?

Augustus avait du mal à patienter. Laure se sentait heureuse pour lui à l'idée qu'il retrouve sa bien-aimée.

- Chez un menuisier, fit Hélène. Flavius vous écrira l'adresse.

- Je vous remercie infiniment.

Augustus ne perdit pas de temps pour ressortir, l'adresse en tête, mais Laure s'attarda encore un peu auprès de ses parents. Ils la pensaient capable de lire sur les lèvres.

- Comment te sens-tu, ma fille ?

Elle sourit pour leur faire comprendre qu'elle allait mieux. Il faut qu'ils sachent. Je dois leur dire que j'entends.

- Arès te manque t-il ? voulut savoir Hélène.

En faisant semblant de lire sur ses lèvres, Laure rougit en secouant la tête. Sa mère esquissa un sourire en coin. Elle avait compris plus qu'elle ne le montrait.

- Reviens nous rendre visite, dit Flavius en guise d'au revoir.

Elle les embrassa puis sortit rejoindre Augustus, qui ne tenait plus en place.

- J'ai tellement hâte de la revoir ! s'exclama t-il. Nous irons à pieds jusqu'au menuisier, ce n'est pas loin.

Au bout d'un quart d'heure, Laure se sentit essoufflée mais pas son beau-frère. Il vérifia même sur un plateau en argent, qu'un vendeur avait exposé devant son commerce, l'état de ses cheveux.

- Augustus, chuchota Laure, amusée, calme-toi.

- Je ne peux pas. Depuis que je l'ai vue au marché d'esclaves, il y a cinq ans, j'ai su que je ne voudrais personne d'autre. À chaque fois que je la vois, j'ai l'impression de faire n'importe quoi mais je me sens en même temps si heureux...

- Tu avais dix ans ? s'étonna Laure, avant de se taire pour éviter d'être entendue.

- Oui, mais ça n'avait aucune importance. Elle était si belle et triste que je n'aurais jamais laissé un maître tyrannique l'acheter. Et pour qu'elle se sente bien, j'ai aussi demandé à ce que son frère soit esclave chez nous. Ils étaient bien, avant que je ne gâche tout...

Tu es un bienfaiteur, Augustus.

Quand ils arrivèrent enfin chez le menuisier, il prit une profonde inspiration. Laure posa sa petite main sur son épaule tremblante.

- On entre ?

Il acquiesça :

- D'accord, mais j'ai peur de sa réaction. Elle est partie il y a si peu de temps...

Augustus n'en tint plus et ouvrit la porte. Un homme trapu cessa de donner des coups de marteau sur les pieds de la table qu'il vissait. En face de lui, Maximus se figea.

- Maîtres ! Enfin non... c'est l'habitude... je ne sais pas quoi dire.

Il se gratta la nuque. Ce géant roux semblait si mal à l'aise dans ce petit espace.

- Nous sommes venus vous rendre visite, répondit un Augustus tout aussi gêné. Je pensais que tu préfèrerais travailler avec des chevaux.

- On n'a pas toujours ce qu'on veut.

Sa phrase ne plut guère à Augustus. Il tendit la main au menuisier.

- Je m'appelle Augustus Octavius. Voici ma belle-sœur, Laure.

- Et moi, c'est Lucius, dit-il d'une voix bourrue. Aucun patricien n'est jamais venu ici, et encore moins pour des esclaves.

Augustus tiqua. Laure se demandait encore si elle devait parler malgré la présence du menuisier.

- Où est Maia ? lâcha t-il enfin.

Le silence s'étira, jusqu'à ce que Laure ne cède :

- Maximus, tu sais qu'Augustus ne l'oubliera jamais. Vous n'êtes plus des esclaves et un mariage est envisageable si...

- Maia ne va pas tarder, l'interrompit le rouquin. J'espère qu'elle s'efforcera d'expliquer à Augustus ce qu'il refusera sans doute de comprendre.

- Elle n'est plus une esclave, bons Dieux ! rugit Augustus. Ce n'est pas difficile à comprendre !

Lucius s'interposa entre le jeune Octavius et son ancien esclave.

- J'ignore de quoi vous parlez, dit Lucius en fronçant les sourcils, et vous avez mentionné un mariage. Or c'est moi que Maia a promis d'épouser.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

Augustus s'empara du col du menuisier mais Laure le retint de toutes ses forces. Maximus baissa les yeux, l'air sincèrement navré.

- Tu as vendu ta sœur ! hurla un Augustus enragé. Comment as-tu osé !

- C'est faux ! s'indigna t-il. Elle l'a décidé de son plein gré !

- Mais ça ne fait même pas une semaine que vous avez quitté la demeure, rappela Laure.

Elle commença à sincèrement détester la tournure des événements.

- J'ai fait une proposition à Maia et elle l'a acceptée, répondit simplement Lucius. J'ai du travail, alors je vous prierai de quitter les lieux.

- Je vais le tuer ! s'emporta Augustus que Laure retenait à grande peine.

Et, comme pour ne rien arranger, Maia s'annonça, un panier de courses en main. Sa silhouette se figea quand ses yeux croisèrent ceux d'Augustus.

J'ai un peu de retard, désolée 🙃 À bientôt pour la suite ❤❤❤

Couronne de laurierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant