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Le reste de la journée fut morne. Augustus avait mis le salon sans dessus sans dessous avant de s'exiler dehors. Belinda essayait de garder la tête plus froide en demandant à une parente de leur "prêter" une esclave - la plus laide possible, avait-elle exigé. Une vieille borgne venait donc remplacer les jumeaux roux.

Laure s'isola. Elle n'avait de cesse de jouer de sa lyre, sous le kiosque. Elle pinçait les cordes en refoulant les émotions qui se bousculaient elle : la colère, parce qu'Arès était sans pitié ; la gratitude, parce qu'Arès prenait soin de sa famille ; la frustration, parce qu'Arès n'était pas près d'elle...

Arès, et encore Arès.

Il ne faudrait pas qu'il devienne une l'obsession.

Laure cessa de jouer et soupira. Il l'obsédait déjà plus que nécessaire. Désespérée, elle balaya du regard les bosquets et fleurs. Chaque fois qu'elle se remémorait leur baiser, une pression comprimait son ventre. C'était dans un véhicule, elle était malade et lui fâché, mais elle savait d'avance que ce serait l'un des plus beaux souvenirs de son existence. Elle ferma les yeux pour profiter de l'air chaud de cette fin d'été.

- Où est-elle encore passée ? lança Belinda à quelques pas.

Le soleil se couchait, à présent. Arès ne tarderait pas. Le cœur de Laure bondissait rien qu'à l'imaginer de retour...

- Si seulement elle entendait ! reprit la mère Octavius, qui ne trouvait toujours pas sa belle-fille dans le jardin.

Tes vœux seront bientôt exaucés.

Laure se leva en esquissant un sourire forcé. Belinda saisit son bras et la fit entrer à l'intérieur.

- Si tu attrapes froid de nouveau, je ne donne pas cher de ta peau ! Et Arès perdrait définitivement la raison... Malgré les apparences, tu sais te montrer attachante. Tu es la prunelle de ses yeux.

Laure ne montra pas combien cet aveu lui fit plaisir. Arès était attaché à elle. Peut-être était-il amoureux d'elle ? Cette idée lui plaisait tant qu'elle la rejeta tout de suite. Elle ne supporterait pas une désillusion.

- Tu as de la visite, lui expliqua sa belle-mère à l'aide de gestes.

La jeune fille fronça les sourcils. Puis, dans la salle de réception, elle la vit.

Paulla.

Laure s'inclina légèrement pour souhaiter la bienvenue à l'épouse du médecin qui avait failli lui ôter la vie. Mais cet effort lui coûtait. Cette femme était sans doute aussi venimeuse que son mari. Laure resta polie en lui accordant autant de confiance qu'à un serpent.

- Je suis venue prendre des nouvelles de Laure, indiqua Paulla. Je suis navrée pour ce qu'il s'est passé.

Belinda, qui n'était au courant de rien, demanda :

- De quoi parlez-vous ?

- De... Eh bien, Sextus a tenté d'empoisonner Laure.

- Par tous les cieux ! C'est là l'origine du courroux d'Arès !

Le visage de Paulla se chiffonna, et Laure sut que c'était de la jalousie. Elle avait d'ailleurs les yeux rougis. Laure pointa le doigt vers la porte pour lui intimer de sortir.

- Ma belle-fille a raison, cracha Belinda. Sortez et ne revenez plus, sale Cassius !

- Je suis désolée, murmura Paulla. Et Arès... Est-il ici ?

- Je t'ai ordonné de sortir, catin ! s'époumona Belinda.

Laure voyait bien que Paulla retenait ses larmes à grande peine.

Couronne de laurierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant