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La demeure du patricien ayant organisé l'affrontement au Colisée était presque aussi grande que celle de l'Empereur. Des colonnes grecques se succédaient autour des murs et des patios menaient à l'intérieur, qui était aussi blanc que l'extérieur.

Un médecin avait pansé la plaie d'Arès, qui se reposait dans la salle de réception.

- Es-tu guéri, jeune vainqueur ? demanda l'épouse du patricien.

Les yeux de la femme étaient rouges - avait-elle pleuré ?

Soudain, Arès se souvint du nom de ce couple de patriciens : il s'agissait de Flavius et d'Hélène Cornix. Les Cornix étaient déjà, dans son adolescence, une puissante famille.

Hélène frotta ses yeux avec l'extrémité de sa toge blanche, assortie à celle de son mari.

- Oui, répond t-il en se redressant. J'aimerais retrouver ma famille, si vous le permettez.

- Les Octavius, fit Hélène. C'étaient de nobles patriciens. Pourquoi a t-il fallu que tu gâches cela ?

Arès crispa sa mâchoire et Hélène recula, effrayée. Il ne l'aurait jamais frappée mais un gladiateur qui avait tant de sang sur les mains n'était pas à prendre à la légère.

- Ta mère et ton frère sont dans la pièce à côté, finit par dire Hélène.

Le cœur d'Arès bondit dans sa poitrine. Sans plus attendre, il se précipita dans la pièce voisine.

Sa mère fut la première qu'il vit. Elle avait moins bien vieilli que Hélène. Sa robe était effilochée et ses cheveux plus sel que poivre. Son visage creusé de rides fut baigné de larmes tandis qu'elle enlaçait son fils aîné.

- Arès ! Les Dieux soient loués !

Elle embrassa son front et il lui tapota l'omoplate, confus. Un jeune homme le regardait étrangement. Arès prit une minute pour reconnaître son frère, Augustus. Il avait cinq ans la dernière fois qu'il l'avait vu ! Arès eut l'impression de se revoir plus jeune. Bien que les yeux d'Augustus étaient bleus, ils avaient des traits similaires, quoique Arès avait plus de cicatrices et était plus massif.

- Augustus, le salua t-il.

Augustus n'en tint plus et serra son aîné dans ses bras. Arès avait la gorge nouée par l'émotion.

- Je ne t'ai jamais oublié, mon frère, dit Augustus en le relâchant. Je savais que tu reviendrais.

Le patricien Flavius Cornix se racla la gorge pour regagner leur attention.

- Asseyons-nous, décida t-il.

Belinda, la mère d'Arès et d'Augustus, s'assit entre ses fils, encore bouleversée par ces retrouvailles.

- Comme vous le savez, Belina et Augustus, j'ai fait une promesse au vainqueur de ce tournoi, rappela Flavius. Arès semble ignorer l'enjeu de sa victoire.

- Quel enjeu ? s'enquit Arès, à brûle-pourpoint.

- Un mariage, soupira Flavius en se frottant le crâne. J'ai promis au gagnant la main de ma fille.

Arès fronça les sourcils. Pour une surprise, c'en était une.

- Personne ne voulait l'épouser, reprit le vieil patricien, à cause de ses... particularités. J'ai donc augmenté sa dot.

- De quelles particularités parlez-vous ? s'enquit Arès.

Personne ne lui répondit car Hélène entra au même moment. Augustus, qui semblait plus informé que son frère, eut l'air embarrassé.

- Écoutez, poursuivit le gladiateur, j'ai remporté cette victoire pour retrouver ma place. Je dois décliner votre proposition...

- Tu ne peux pas ! s'écria Flavius avec véhémence. Ta famille est déchue et ce mariage est le seul qui pourra te profiter - et qui te sera proposé. As-tu oublié la raison de ton exil ? Gagner ce combat t'oblige à épouser Laure.

- Laure est notre fille unique, précisa Hélène.

- Est-elle malade ? Pourquoi personne ne l'a épousée ? Quel âge a t-elle ?

Arès les bombardait de questions car il se sentait dépassé par les événements. S'il avait su que cette victoire impliquait un mariage, il y aurait réfléchi à deux fois. Il n'avait aucune envie de se marier, les femmes n'étant pas dignes de confiance. La seule qui n'était pas vénale à ses yeux était sa mère.

- Elle a dix-huit ans, répondit Hélène, les yeux dans le vague. À son âge, la plupart des filles sont déjà mères.

Un tic agita Arès. Il avait donc sept ans de plus qu'elle, ce qui lui déplut déjà beaucoup.

Flavius poussa un long soupir. Arès voyait le désespoir assombrir à nouveau ses traits et lui donner l'air très vieux.

- Ma Laure, avoua Flavius, est muette et malentendante.

Voilà pour le deuxième chapitre 😊 À très bientôt ❤❤❤

Couronne de laurierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant