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- Comment ça, fuir ?

Laure planta son regard farouche dans celui de Maia.

- Oui je vais fuir, confirma t-elle.

Laure avait décidé de ne plus s'apitoyer et donc, de parler à nouveau. Elle ne pouvait plus passer des journées entières à se morfondre dans cette demeure alors qu'on allait probablement la marier à ce venimeux Sextus, qui la plongerait dans un enfer sans fond.

- Mais où iras-tu, Laure ? s'inquiéta Maia. Avec qui ? Et Arès ?

- Je dois sauver ma peau avant tout. Viens, je vais prévenir les autres. Il faudrait que vous me couvriez au cas où des gardes se lanceraient à ma recherche dans les prochains jours - je dois avoir un peu d'avance sur eux.

- Attends !

Elles descendirent pour faire irruption près des autres dans le salon - ils étaient restés depuis la visite de leur parente. Laure fit signe aux nouveaux esclaves de leur laisser un peu d'intimité.

- Qu'y a t-il ? demanda Augustus.

- Laure veut fuir Rome, répondit son épouse.

Maximus recracha le pain qu'il avait en bouche et Belinda s'opposa vivement à ce projet :

- Je refuse de laisser la femme de mon fils quitter sa maison !

- Mère, commença Laure.

Belinda sursauta. C'était la première fois qu'elle l'entendait.

- Je vous prie de me comprendre. On risque de me marier à un autre, notre ennemi de surcroît !

- Et mon frère ? la coupa Augustus. Comment penses-tu qu'il réagira s'il rentre et ne te trouve pas à nos côtés ?

- Comment penses-tu qu'il réagira en me voyant mariée à un Cassius ?

Nul ne répondit. Ils réfléchissaient à une alternative, en vain.

- Laissez-moi fuir quelques temps, reprit Laure. Vous devez simplement me couvrir le plus longtemps possible, ne pas avertir les autres de ma disparition avant que je ne me sois suffisamment éloignée. Et si Arès rentre...

Sa voix se brisa comme du cristal lorsqu'elle prononça son prénom. Elle dû se racler la gorge pour ne pas se laisser submerger par l'émotion.

- Si Arès rentre et souhaite me retrouver, alors il le fera, affirma t-elle.

- Tu n'as pas tort, reconnut Augustus en pleine réflexion. Maximus, pourrais-tu emmener Laure et t'assurer de sa sécurité ?

- Évidemment, dit le géant roux. Elle est de ma famille, à présent.

- Mère, poursuivit Augustus, promettez-vous de garder le silence pour le bien d'Arès et de Laure ?

- Quelle question, sanglota t-elle en se mouchant dans un carré de tissu.

- Maia, termina Augustus, aide Laure à emballer ses affaires, s'il-te-plaît.

- Je partirai le plus tôt possible, ajouta la principale concernée. Pas de temps à perdre.

- Mais où iras-tu ? répéta Maia.

- Je paierai n'importe quels paysans pour qu'ils me cachent chez eux.

- Et s'ils te font du mal ?

- Cesse de te tourmenter, Maia. Tu es la meilleure-amie que je n'ai jamais eu, alors essaie d'adopter mon point de vue : je ne veux pas en épouser un autre qu'Arès. Tant pis si cela signifie que je vivrai seule et recluse pour le restant de mes jours. Ma décision est sans appel.

Laure ne tarda pas à assembler ses affaires pour partir dans les heures qui suivirent. Belinda lui avait versé une somme d'argent généreuse en la suppliant de rentrer le plus tôt possible. Maia l'avait aidée à enfiler une sombre cape.

- Bonne chance, Laure, dit-elle, la voix enrouée. Que les Dieux soient avec toi.

Elle serra sa belle-sœur dans ses bras. Laure se faisait douleur pour ne pas pleurer, car elle devait se montrer forte pour eux.

Ensuite, elle enlaça son beau-frère, qui ne put dissimuler ses larmes.

- Excuse-moi, Laure...

- Mais enfin, de quoi t'excuses-tu Augustus ?

- Il y a quelques mois, je t'ai dit que nous serions bientôt tous réunis sous le kiosque, et... que nous serions heureux... j'ai l'impression de m'éloigner de ce rêve...

Laure tapota l'omoplate de son beau-frère.

- Je reviendrais, d'accord ? Vous pourriez même me rendre visite en attendant. Maximus sera mon porte-parole. Et il ne m'arrivera rien, je te le promets.

- Mais je devais te protéger ! Je l'ai promis à Arès.

- Et c'est ce que tu fais. Crois-moi, je serais plus en sécurité loin d'ici.

Elle sortit en gardant la tête haute, puis leur fit un signe de main avant de monter sur le dos du deuxième cheval, qui attendait dans l'étable.

- Tu n'emportes pas ta lyre ? demanda Maximus.

- Non. Elle appartient à cette demeure. De toute façon, il n'y a plus de place pour la musique dans mon cœur.

Il faisait nuit noire. Maximus portait sur sa monture les affaires de Laure. Tout deux s'éclipsèrent dans la soirée, la capuche de Laure rabattue sur son visage meurtri.

Au revoir, Rome.

Ne vous en faites pas, je vais ENFIN vous donner des nouvelles d'Arès au prochain chapitre 😉 Passez toutes une excellente soirée ❤❤❤

Couronne de laurierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant