Arès avait été arraché à sa famille à seulement quinze ans. Vous découvrirez bientôt les raisons de son exil.
Ce dont vous pouvez être certains, c'est qu'il est rentré à Rome, à présent, et qu'il a pénétré dans le Colisée avec la ferme attention de gagner. Il ne portait pas le nom du Dieu de la Guerre pour rien.
Pendant ses années d'errance, il s'était entraîné sans relâche. Il mettrait les autres gladiateurs à terre. Il retrouverait sa place parmi les siens.
Il allait rentrer à la maison.
Arès était dans l'arène, suivi des autres combattants. Tous étaient grands et bâtis comme des rochers. Arès crispa la mâchoire. Beaucoup de sang serait versé mais il le fallait. Il était trop tard pour reculer.
La victoire, songea t-il, ou la mort.
Pour l'instant, personne ne le reconnut sous son masque d'acier. Mais lui, reconnut les siens. C'étaient les citoyens les plus notables, confortablement assis dans leur tribunes attitrées. Les patriciens.
Une raison de plus pour en mettre plein la vue.
- Que le combat commence !
À peine prononça t-on ces mots qu'un gladiateur fondit sur Arès. Ce dernier le repoussa en rugissant. Son adversaire tomba dans l'eau autour de l'arène. Une eau infestée de crocodiles.
Les Romains applaudirent de plus belle.
Après un tel succès, d'autres assaillants prirent Arès en grippe. Ils tentèrent de le désarmer mais son épée était comme le prolongement de son corps. Nul ne possédait sa fougue et sa détermination, d'où leur échec. Il mit une poignée d'hommes à terre, dont trois qui perdirent la vie.
La foule était en délire. Arès fut submergé par une bouffée d'espoir. L'espoir de laver l'honneur de sa famille et d'obtenir le grade élevé qui lui venait de droit.
- Tu ne devrais pas laisser le public te distraire ! s'exclama un gladiateur blond.
Arès s'était trop vite enthousiasmé. Il évita la lame du blond de justesse. Cet homme était le dernier encore debout, ce qui le rendit plus redoutable.
Arès fit craquer ses doigts. Il avait le goût du sang en bouche et suait à grosses gouttes. Le gladiateur blond et lui tournaient autour de l'arène, face à face, sans se quitter des yeux. Les spectateurs retinrent leur souffle devant ce moment décisif.
- Lâche ! lança le blond. Montre ton visage, au lieu de le cacher !
Arès passa à l'offensive. Il devait en finir vite, car ses forces l'abandonnaient. Il était temps de gagner !
Le blond évita son coup et abattit son épée, contrée par le bouclier d'Arès. Seul le crissement des lames métalliques retentissait. Arès se fatiguait à vue d'œil et, après quelques tentatives, le blond pourfendit son flanc. Arès tomba à genoux. Sa chair à vif brûlait et il avait l'impression de prendre feu.
Je ne mourrais pas aujourd'hui ! Je suis allé trop loin !
Arès reprit son épée avant que le blond n'abatte la sienne et la planta dans son ventre. Une giclée de sang tâcha son masque. Le blond avait hurlé, avant de perdre l'équilibre.
Tout en pressant sa plaie au flanc, Arès se releva. De son pied, il écrasa le torse du blond pour le maintenir au sol.
- Je veux cette victoire, croassa le blond, dont les dents étaient devenues rouges. Je la veux...
Arès dressa son épée sur la gorge du mourant.
- Une dernière volonté ?
- Qui es-tu ? parvint à articuler le combattant blond.
De sa main libre, Arès retira son casque. Il dévoila sa barbe de trois jours, ses cheveux bruns courts et ses yeux.
L'un était vert.
L'autre, bleu.
Il n'y avait qu'un seul vairon connu à Rome en ce temps-là.
- Je suis Arès Octavius, cria t-il pour que tous l'entendent, et je suis revenu pour triompher.
Le blond écarquillait les yeux.
- C'est impossible...
Sans le laisser finir, Arès lui trancha la gorge.
Un "hourra" tonitruant lui répondit, faisant trembler les gradins. Quoique certains restèrent perplexes. On se souvenait encore de lui. Arès embrassa le Colisée de son regard bicolore, les bras levés vers le ciel.
- Une couronne de lauriers pour notre vainqueur ! exigea quelqu'un.
On le porta jusqu'à la tribune principale en scandant son nom. Arès obtenait enfin ce dont il avait rêvé pendant ces années de solitude. Il lui tardait de retrouver sa mère et son frère. L'avaient-ils vu ? Étaient-ils fiers de lui ?
Un vieux patricien s'approcha d'Arès, qu'on avait reposé parterre. Sa toge était blanche comme ses cheveux mais son expression s'assombrissait de plus en plus.
Un silence lourd comme du plomb s'installa.
- Vaillant guerrier, déclara enfin le patricien, tu as remporté ce tournoi. Mais avant de recevoir ta couronne de lauriers, panse ta blessure. Une longue discussion nous attend.
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Le premier chapitre s'achève 😊J'espère que vous aimerez la suite ❤❤❤
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Couronne de laurier
RomanceRome antique, Un combattant dans une arène. Ce qu'il veut ? Gagner pour sortir de son exil et retrouver sa place parmi les siens. Ce qu'il ignore, en revanche, c'est qu'il n'y a pas seulement une couronne de lauriers à remporter, mais aussi la main...