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Tous les regards étaient braqués sur Laure. Elle n'osa pas se défiler.

- Dis aux Cornix que je les recevrai dans les jardins, déclara t-elle.

- Est-ce vraiment ce que tu souhaites ? l'interrogea Arès.

Laure esquissa un sourire triste et donna pour toute réponse :

- Ce sont mes parents.

Elle alla donc les rejoindre dehors. Seule.

À peine arriva t-elle à leur hauteur que sa mère fondit en larmes. Elle enlaça sa fille en tremblant.

- Comment as-tu pu disparaître ainsi !

- Pardon, bafouilla Laure en lui rendant son étreinte.

En entendant leur fille prononcer son premier mot depuis des années, ses parents sursautèrent.

- C'était donc vrai, constata amèrement Flavius en fuyant son regard. Tu nous as tous bernés.

- Pardon, répéta t-elle.

Elle prit leur mains pour les forcer à l'écouter, le coeur battant à tout rompre.

- J'ai fait des erreurs et je m'en veux. Je vous en veux aussi. Il nous faudra un peu de temps pour apprendre à nous faire confiance de nouveau. Mais ce n'est pas une raison pour se haïr.

- Comment puis-je te haïr, la reprit Hélène. Tu es mon seul enfant.

Flavius semblait partagé entre sa fierté de patricien et son amour paternel. Oui, songea Laure. Nous avons simplement besoin de temps pour ressouder nos liens.

- Et si nous retournions manger avec les Octavius ? proposa Laure. Arès et moi avons beaucoup d'histoires à vous raconter.

- Oh, Laure ! s'émut sa mère. Parle-moi toute la nuit, s'il le faut. Ne te mure plus jamais dans le silence, promet-le moi.

- C'est promis.

Le père, la mère et la fille se regardèrent. Laure commença sincèrement à croire qu'ils pourraient faire la paix, un jour ou l'autre. Tout comme elle, avait fait la paix avec Arès après un début de relation tumultueux.

Elle était devenue une Octavius, certes, mais son sang était purement celui d'une Cornix. Et elle ne nierait jamais ces origines.

- Bienvenue à vous ! s'exclama Belinda quand les Cornix s'attablèrent.

Arès essaya de déchiffrer l'expression de Laure pour savoir comment cette rencontre s'était déroulée. Elle lui prit la main.

- Ne t'inquiète pas, Arès.

Il lui sourit tendrement.

- Quand tu es sortie, dit-il, j'ai discuté avec notre famille et nous sommes tombés d'accord.

- Sur quel sujet ?

- Je vais bâtir une seconde demeure dans le village où tu as été vivre ce mois-ci.

- Est-ce bien vrai ? s'écria t-elle.

Elle se sentit si heureuse, tout à coup, qu'elle avait dû mal entendre.

Arès l'embrassa furtivement pour confirmer.

- Tu iras là-bas pendant les étés, quand l'envie t'en prendra. Augustus et Maia sont enchantés par cette idée. Ma belle-sœur songe même à accoucher là-bas, loin de la frénésie romaine.

- Merci, Arès.

Elle avait la voix enrouée par l'émotion. Les autres membres de la famille, en plein débat, ne firent pas attention à eux.

- Tu es le meilleur époux que j'aurais pu avoir, admit-elle. Heureusement que tu as remporté ce tournoi dans l'arène.

- C'est réciproque, Laure. Tu as illuminé ma vie. Je m'étais battu au Colisée pour une couronne de laurier seulement. Je n'aurais pas pu imaginer qu'un trésor plus grand encore m'avait été offert.

Elle posa sa tête sur son épaule.

- Cela me manque, de ne plus regarder les étoiles avec toi, fit-elle. Et si nous échappions à ce repas pour les observer dehors ?

Une lueur passa dans le regard bicolore d'Arès.

- Quelle merveilleuse idée.

Les mois qui suivirent la naissance de l'enfant d'Augustus furent célébrés par celle de l'enfant d'Arès. Fou de joie à la fin des couches, le général avait orné la tête de son épouse de sa propre couronne de laurier.

Les années passant, les Octavius étaient devenus une famille nombreuse et influente, notamment auprès de l'empereur. Mais, bien que leur demeure principale fut à Rome, les Octavius préféraient leur demeure au sud, où la mer et l'air chaud plaisaient tant aux enfants.

Assis sur un rocher où il avait les pieds dans l'eau, Arès vagabondait dans ses pensées.

Les enfants et Laure dormaient encore. Il les aimait tellement, d'un amour féroce. Il se savait près à tout pour les protéger, bien que cette grande famille lui avait apporté toute la sérénité dont il avait besoin.

Il avait d'abord été un enfant ordinaire, puis un assassin. Il était sorti de son exil en gagnant. Il s'était marié avec une fille hors du commun et la guerre l'avait hissé au plus haut dans l'estime de tous, bien que seule l'estime de ses proches compta pour lui.

Ensuite, il était devenu père. Le bonheur que cela lui procurait était indescriptible. Est-ce trop beau pour moi ? Ces jours parfaits vont-ils durer ?

Deux mains entourèrent sa taille. Arès reconnut le rire de Laure et il la porta sur ses genoux.

- Enfin réveillée ? la taquina t-il en la dévorant du regard.

Avec ses nouvelles courbes, elle semblait embellie et comblée par une joie maternelle mystérieuse. Arès ne pourrait jamais la trouver laide. Il l'aimait plus que lui-même et chérissait chaque moment passé ensemble.

- Les enfants te cherchent. Ils veulent monter à cheval.

- Pas de temps à perdre, alors, répondit-il.

Main dans la main, ils descendirent du rocher et marchèrent jusqu'à leur maison pleine de rires et d'enfants. Exactement comme il l'avait rêvé.

FIN

Voilà que Couronne de laurier s'achève ! Déjà ? J'en suis toute retournée. Arès et Laure vont me manquer 😊
J'espère que vous avez apprécié. Personnellement, j'ai pris du plaisir à écrire chacun de ces chapitres ❤❤❤
À bientôt pour de nouvelles histoires !

Couronne de laurierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant