Une semaine s'écoula suite au mariage.
La nuit tombée, Laure faisait les cent pas dans sa chambre. Arès passait ses journées au palais et ses soirées chez ses cousins ou dans les jardins. Dans sa nouvelle armure de général, il semblait encore plus autoritaire qu'avant. Plus inaccessible, aussi.
Laure, elle, jouait de la lyre au moins une heure par jour. Cela ne suffisait pas toujours. Belinda montait souvent le ton contre elle, car elle n'avait rien de la belle-fille dont elle avait rêvé. Maia, trop occupée par ses tâches ménagères, n'avait pas beaucoup de temps à lui accorder, si bien que Laure ne pouvait parler qu'à elle-même.
Elle regarda par sa fenêtre, sans apercevoir Arès. Mis à part une lune blanche, le ciel était d'un noir profond, comme de l'encre. Les jardins étaient donc faiblement éclairés.
Laure enfila un châle et se prépara à sortir. Puis, en descendant les escaliers, elle se demanda si elle avait vraiment envie de voir Arès. La dernière fois, il était allé trop loin. En fait, ils passaient leur temps à se disputer. Comment faire la paix avec lui ?
Il était tout de même le meurtrier de Marcus. Bien que n'ayant jamais été amoureuse de ce dernier, il avait été son seul ami et son unique moyen de quitter Rome pour reconstruire une vie loin des conflits de patriciens. Arès avait gâché cette chance.
Elle le retrouva sous le kiosque, appuyé sur une rembarde en pierre grise. Ses cheveux bruns étaient ébouriffés par le vent.
- Retourne à l'intérieur.
Comment avait-il senti sa présence alors qu'elle n'était même pas encore sous le kiosque, qu'il était dos à elle et qu'elle n'avait miraculeusement fait aucun bruit ?
- Ne me donne pas d'ordres, s'irrita t-elle.
Non, ils étaient incapables de s'entendre.
Elle attendit quelques secondes derrière lui, un peu gênée.
- Pourquoi passes-tu tout ton temps à l'extérieur ? demanda t-elle.
- Et toi, à l'intérieur ? renchérit-il en lui faisant face.
Laure était prise de court par ce rebond.
- Eh bien, j'ai été enfermée toute ma vie dans la demeure des Cornix, déduisit-elle en frissonnant dans son châle.
- Tu ne devrais pas sortir dans cette tenue légère.
Laure leva les yeux au ciel. C'était tout Arès, ça : donner des ordres ou faire la morale.
Arès l'observa comme s'il avait deviné le fond de sa pensée. Depuis leur première rencontre, Laure se sentait fascinée par les deux couleurs qu'abritait son regard. C'était original, peut-être un peu bizarre, mais ça lui plaisait.
- Je dormais souvent à la belle étoile, dit-il simplement.
Laure se posa une série de questions. Qui avait-il tué, pour se retrouver exilé ? Où avait-il passé ces dix dernières années ? Comment était-il parvenu à battre tous ces combattants au Colisée ?
Ils étaient très opposés mais, en même temps, Laure leur trouvait des similitudes. Comme leur solitude et leur colère.
Elle savait qu'Arès n'avait pas envie de parler, alors elle s'abstint de poser ses questions. Elle vint se placer à côté de lui et ils cherchèrent du regard les rares étoiles jusqu'à ce qu'Arès ne lui ordonne une deuxième fois de rentrer. Laure comprit qu'il cherchait à la garder à distance, et que c'était la véritable raison de son errance dans les jardins.
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Au petit matin, Laure se réveilla seule dans son grand lit, terriblement malade. Elle aurait dû écouter Arès et rentrer. Conséquence : elle toussait et son nez coulait à flots. Catastrophée, Laure se dit que les autres l'entendraient tousser et comprendraient alors que ses cordes vocales fonctionnaient correctement.
Maia vint la réveiller une heure plus tard. Elle lui fit couler un bain chaud dans lequel Laure plongea en tremblant comme une feuille.
- Je suis enrhumée, Maia. Je ne peux pas quitter ma chambre aujourd'hui.
- Bien, maîtresse, j'expliquerai cela aux maîtres.
En descendant, Maia prépara donc un plateau pour Laure. Ses maîtres étaient à table quand elle leur annonça la nouvelle.
- Comment ça, malade ? s'exclama Belinda. Cette fille est invalide et maigre comme un clou, et en plus elle a de la fièvre !
- Il faudrait peut-être appeler un médecin, lança Augutus à Arès.
- J'irais la voir après le repas, décida son époux.
Quand Laure sortit de son bain et mangea le plat de Maia, Arès déboula dans leur chambre pour la première fois depuis une semaine.
Sans attendre de permission, il se pencha vers la silhouette recroquevillée de Laure pour prendre la température de son front. Laure ferma les yeux. Le contact d'Arès était si apaisant, cette fois, et sa paume agréablement chaude. Elle ne vit pas le pli d'inquiétude qui venait d'apparaître entre ses sourcils.
- Maximus va te chercher un médecin, déclara t-il en s'asseyant près d'elle. Têtue comme tu es, il fallait bien que ça t'arrive.
- Allez donc au palais, mon général, plaisanta t-elle malgré son nez bouché. Je ne voudrais pas vous retenir.
- J'irai plus tard, sombre folle.
Il reprit sa température. Sa main s'attarda sur la joue rosie de la jeune fille. Elle planta son regard bleu-gris dans le sien, indéchiffrable. Ils se fixèrent jusqu'à ce que Maximus ne revienne avec le médecin.
Arès s'écarta de Laure, qui était allongée de tout son long sur le lit. Il fut furieux de retrouver Flavius et Hélène Cornix, ainsi qu'un médecin qu'il reconnut bien : Sextus Cassius, un oncle de Marcus et également le mari de son ancienne amante.
Dans l'encadrement de la porte, Paulla souriait d'un air pincé.
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Le chapitre suivant promet des éclats de voix 😂 Hâte de tout écrire ! Je vous embrasse ❤❤❤
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Couronne de laurier
RomanceRome antique, Un combattant dans une arène. Ce qu'il veut ? Gagner pour sortir de son exil et retrouver sa place parmi les siens. Ce qu'il ignore, en revanche, c'est qu'il n'y a pas seulement une couronne de lauriers à remporter, mais aussi la main...