Laure avait l'impression d'avoir devant elle le visage qu'elle connaissait le plus au monde, mais il lui parut paradoxalement étranger. Si identique à ses souvenirs, mais en même temps changé.
Tu n'avais pas cette barbe en partant.
Tu n'avais pas toutes ces cicatrices.
Tu n'avais pas de larmes au coin des yeux.
Laure avait l'impression que le temps s'était suspendu. Elle ne brisa pas leur échange visuel jusqu'à ce que son prénom lui revienne à l'esprit.
Arès.
Mon bel Arès, si fort et si triste.
Laure fondit en larmes.
Arès essaya de la serrer dans ses bras mais elle résistait. Elle ne savait pas si elle voulait le gifler ou l'embrasser, l'éteindre ou le repousser.
- Ma Laure, chuchota t-il de sa voix rauque.
Cette voix qui habite mes rêves... Serait-ce un rêve ? Me suis-je cognée la tête ? Suis-je morte ?
Laure le regarda à nouveau, tremblotante.
- Arès ? dit-elle d'un filet de voix.
- Je suis là, tout va bien.
Et soudain, la colère remplaça le choc. Elle le frappa en pleine poitrine, incapable de toucher à son visage maintenant si expressif. Il semblait blessé par son geste et son rejet.
- Menteur !
Arès resserra sa poigne autour de son bras pour la blottir contre lui. Laure hurlait, enragée, mais des larmes la secouèrent à nouveau.
- Pourquoi... Si longtemps...
Il essaya de l'embrasser mais Laure tourna la tête. Il soupira.
- Ma Laure, souffla t-il. Laisse-moi t'embrasser.
Elle laissa sa tête retomber sur son épaule, poussée à bout. Elle mouilla son buste de larmes. Arès posa doucement ses lèvres sur son crâne, tout en la serrant contre lui.
- Je ne partirai plus jamais. Je te le jure.
Laure se cramponna à ses vêtements tandis qu'il la portait jusqu'à son cheval. Ils retournèrent au village sans qu'il ne se décide à la lâcher. Laure non plus ne le lâchait pas. Elle avait l'impression glaçante qu'il pouvait disparaître à tout moment.
- Vous revoilà, se réjouit Maximus sur son propre destrier. Laure, comment vas-tu ? J'étais certain que voir Arès te...
- Je veux descendre, dit-elle soudainement.
Arès s'exécuta. Il la tint par la taille pour la faire descendre du cheval, sans la quitter des yeux. Les cheveux de Laure étaient si longs et brillants qu'il n'osait pas encore les toucher. Son parfum de lavande aussi lui avait manqué. Elle aurait été parfaite sans cet orage dans les yeux - un orage dont il se savait le responsable.
- Laure, lança Danaé d'un ton jovial, ton mari est revenu ! Je suis si heureuse pour toi, ma grande.
Laure esquissa un sourire. Oui, Arès était de retour. Elle l'enlaça tendrement pour sentir sa présence. Il est vraiment là. Soulagé de voir que sa colère s'estompait, Arès lui rendit son étreinte avec plus de vigueur.
- Je ne te quitterai plus, répéta t-il. Aucun éloge, aucune couronne de laurier ne vaut la peine de te perdre.
- À la fin, on est parvenu à me faire croire que tu étais mort. As-tu une idée de ce que ça fait, de garder espoir quand tout le monde autour toi te dit que celui que tu aimes n'est plus ?
- Pardonne-moi, Laure...
- Je sais que ce n'était pas de ta faute. Tu n'as fait que servir ton empereur et tu as honoré ta promesse. Tu es rentré.
Arès embrassa Laure sur les lèvres, sans se soucier des villageois rassemblés autour d'eux. Danaé couvrit les yeux de ses fils, gênée. Mais Arès sentit que quelque chose clochait. Laure était émue de le revoir ; il était persuadé qu'elle l'aimait encore. Elle répondait à son baiser. Elle avait enroulé ses bras autour de son cou. Alors pourquoi semblait-elle toujours si triste ? Qu'est-ce qui clochait ?
- Laure, souffla t-il à quelques centimètres de son visage, je tiens toutes mes promesses. Tu en as eu la preuve aujourd'hui. Désormais, nous serons ensemble pour toujours. Maximus, tu peux abreuver nos chevaux. Nous mangeons ici puis nous retournons à Rome. Plus de temps à perdre.
Arès se dirigeait vers Danaé pour la remercier de sa bonté, mais il sentit les doigts de Laure échapper aux siens. Elle ne le suivait pas.
- Laure ? l'interrogea t-il, les entrailles nouées. Mon amour, que t'arrive t-il ?
Elle avait les yeux brillants de détermination.
- Arès, tu sais que je t'aime.
- Mais ? s'enquit-il, réticent à entendre la suite.
Laure poussa un soupir. Arès ne lui facilitait pas la tâche. Il la regardait déjà comme si elle allait le trahir, et jamais elle n'aurait voulu lui causer tant de peine.
- Je ne rentrerai pas à Rome, déclara-elle. Je souhaite rester vivre ici.
⚔
J'ai un peu de retard, désolée 🤗 Bonne chance à ceux qui passent le bac, personnellement je suis en vacances (chez moi, mais en vacances quand mm 😅). Des gros bisous ❤❤❤
VOUS LISEZ
Couronne de laurier
RomanceRome antique, Un combattant dans une arène. Ce qu'il veut ? Gagner pour sortir de son exil et retrouver sa place parmi les siens. Ce qu'il ignore, en revanche, c'est qu'il n'y a pas seulement une couronne de lauriers à remporter, mais aussi la main...