Et on se sent vivre

34- semaine de garde

Je claque la porte du bureau derrière nous avant de me tourner vers Cora, qui est déjà en train de baisser les stores brusquement, afin que personne ne puisse nous voir. Nous nous retrouvons alors toutes les deux dans ce bureau au teint vert, et aux allures d'infirmerie, sans que personne ne prenne la parole.

  -« Quoi ? je crache, énervé qu'elle m'est interrompu, mais curieuse tout de même. »

Ma meilleure amie ignore mon ton désagréable et tire une chaise vers moi, lentement, très lentement. Arrivée au milieu de la salle, quelques décennies plus tard, elle l'arrête soudainement dans sa course avec un bruit désagréable et grinçant. Je fais une grimace et la blonde s'asseoit alors à califourchon avant de me dévisager.

-« Alors... par où commencer....
- Par le commencement débile ! je la presse. J'ai pas le temps de t'écouter parler dix ans !
- Oh ! Calme! crit-elle. »

J'avais oublié qu'il ne fallait jamais crier plus fort que ce petit démon à la figure d'ange.

-« Bon. Je recommence.
- Vu que tu n'a même pas commencé... je murmure pour moi même.
- Comme je m'apprêtais à te dire, insiste ma meilleure amie avec un regard noir à mon attention, c'était ma semaine de surveillance du hangar cette semaine.
- Ah oui. Et ? Ça c'est bien passé ?
- Justement. La semaine de garde consiste à rester après les cours au hangar, y dormir, puis repartir en classe le lendemain matin et ainsi de suite durant la semaine, pour surveiller les danseurs.
- Merci, je sais. C'est moi qui ai inventé ce système idiote.
- ET ! me coupe Cora. On doit passer cette semaine avec un autre surveillant.
- Oui tu étais avec...
- Mais laisse moi finir bordel Sunny ! crie t'elle.
- Oui, oui, pardon, je m'empresse de dire pour la calmer.
- Hum. Et j'ai donc du passer ma semaine avec Brett. »

Je souris alors comme une adolescente apprenant un potin croustillant. Quoique, entre nous, je suis toujours comme ça. Je me contiens alors d'exploser de rire, mais l'échange de regard avec ma meilleure amie, très sérieuse, m'achève. Mon rire retentit dans la petite pièce du bureau, se frayant un passage parmi les quelques meubles présent. Une armoire remplies de dossier sur les danseurs présent, un bureau, et au fond, un étroit lit double.

-« Laisse moi deviner, je ris en essayant de retenir mes larmes, vous avez dû dormir dans ce lit ? »

Je désigne du doigt le petit couchage qui est sensé pouvoir accueillir deux personnes. Cora se retourne doucement vers moi, un air coupable, tel une enfant prise la main dans le sac.

Voyant que je me moque implicitement d'elle, ma meilleure amie s'écrit :

-« Eh ! C'est pas drôle, ok ?! C'est quand même très dur de dormir avec un garçon durant sept jours, et d'essayer de résister ! »

Je m'arrête soudain de rire et écarquille les yeux en direction de ma dévouée complice.

-« Attends, quoi ! je m'écris. T'es folle ! Pas à ce point, et aussi vite coco !
- Non, non ! C'est pas ce que tu crois, m'arrête elle. Nous n'avons pas couché ensemble, ni quoi que ce soit, mais... »

La petite blonde s'interrompt alors en regardant ses pieds, qu'elle balance dans le vide.

-« Mais quoi ! je continue, n'en pouvant plus.
- Mais rien ! Il m'a simplement, embrassé...
- Oh mais c'est gén... je commence à crier, hystérique, me levant brusquement.
- Sur le front. »

Je me rassied aussitôt. Stop. Sur le quoi ? Je m'arrête de suite de crier, et dévisage d'une moue mauvaise ma meilleure amie, qui est toujours aussi sérieuse !

-« Attends. Tout ça pour ça ! Il t'as embrassé sur le haut de ton visage ?! Cette partie là de ton corps ?! je crie en lui appuyant fortement sur le front.
- Eh ! C'était vraiment attentrissant...
- Et tu qualifie ça d'urgence totale ?! As-tu un problème cora ?!
- Ta gueule Sunny. Pitié, ferme la. Tu as peut être beaucoup d'expérience amoureuse, sexuelle et tout ce que tu veux. Mais moi, je n'ai eu que quelques petites amourettes ! Alors si tu pouvais être plus compréhensive et bien vouloir comprendre que pour moi, un simple baiser sur le front échangé avec un gars que j'aime beaucoup, ça me perturbe. »

J'hoche la tête, compréhensive et embêtée de m'être emportée. C'est vrai que j'ai toujours eu plus d'expérience que Cora. Avec son petit côté rentre dedans, j'ai parfois l'impression que certains garçons ont  peur de se faire rejeter. Pourtant, cette petite diablesse a juste besoin d'un peu d'attention masculine, comme nous toutes sur terre.

Cora regarde le sol en croisant ses jambes, un peu embêté par ses propos. Soudain, je percute sur ce qu'elle vient de dire et redresse ma tête, vivement. Ce n'est pas à cause de ce qu'elle m'a reproché qu'elle est gênée ! Mes lèvres s'étendent alors en un sourire malin et attendrissant envers ma meilleure amie.

  -« Mohhhh...
  - Quoi ? riposte t'elle, méfiante.
  - Tu as dit que tu l'aimais ! Cora ! Tu aimes Brett ! Tu l'as dit !
  - Hein ? Non, je... je n'ai jamais dit ça, ment t'elle en piquant un far.
  - Cora aime Brett ! Brett aime Cora ! Cora plus Brett ! je scande. »

La petite blonde accourt vers moi afin de me faire taire. Une fois que aucun son ne sort de ma bouche à cause de sa main plaquée sur mes lèvres, elle se prend un fou rire impossible à contrôler que je m'empresse de rejoindre.

Lorsque nous arrivons à nous calmer, Cora reviens sur mes paroles et me chuchote :

  -« Tu crois qu'il m'aime ? »

*****

C'est tout pour aujourd'hui ! Ce chapitre est un peu plat mais il permet de mieux connaître Sunny et Cora je pense.

Que pensez vous qu'il va se passer par la suite?