Je ressangle, me hisse sur la selle et règle mes étriers. Je commence à détendre au pas puis fais quelques tours de trot et enfin galope aux deux mains.
- À faux !
J'entends une voix qui crie derrière moi et je m'arrête pour déterminer sa provenance. En faisant demi tour, je me rends compte qu'elle vient d'un garçon qui s'est accoudé à la barrière. Je l'interroge en me rapprochant de lui :
- C'est toi Dimitri ?
- Tu galopais à faux tu as remarqué ? Et oui c'est moi.
Il se trouve que lorsque qu'il a crié, je m'apprêtais à vérifier ce détail... Mais hors de question qu'il le sache !
- Oui j'ai remarqué et j'allais justement rectifier. Moi c'est Cassiopé si ça t'intéresse.
Je prends le ton le plus sec possible car son attitude ne me revient pas vraiment, mais il semble le sentir et prend la décision de s'adoucir :
- Je sais, tu veux que je t'installe une barre ?
- Oui je veux bien, un vertical à 70 centimètres s'il te plait.
- 70 centimètres ? Tu montes chez toi ?
- Oui depuis que je suis née, 70 centimètres c'est rien.
Il rigole et me lance le plus beau des sourires. Ce gars doit avoir un an de plus que moi mais pas d'avantage. Ses cheveux roux ambrés reflètent la lumière du matin et ses yeux noisettes sont tellement perçants, que j'ai cru sentir un frisson parcourir ma peau...
- Vas-y !
Je sors de ma rêverie, rattrape mes rênes et m'élance au galop sur les barres. Je les passes aux deux mains et demande à Dimitri de m'installer un double vertical à 85 centimètres puis un oxer à 1 mètre. Là encore, c'est un jeu d'enfant, surtout avec Eole qui saute extrêmement bien. Depuis le début, je n'arrête pas de lui parler et de le complimenter sur sa régularité et sur la facilité que j'ai à le monter.
- Tu parles aux chevaux toi aussi ?
- Évidemment ! Tout passionné se doit de parler à son cheval. C'est la meilleure façon d'établir un lien avec lui.
- Je sais. Moi aussi je parle à mon cheval, même si des fois, il est trop occupé à manger pour m'écouter...
Dimitri esquisse un petit rire et je me rends compte qu'il s'est approché de moi, toujours perchée sur la selle d'Eole, et qu'il est maintenant au niveau de sa tête.
- Il t'aime bien. Je pense que ça lui plairait que tu reviennes le monter.
- Tu crois que je pourrais venir monter ici hors du cadre de mon stage ?
- Oui je pense, mon oncle a remarqué ton niveau et un cavalier de plus pour sortir les chevaux serait le bienvenu selon lui.
- Le chef de la brigade c'est ton oncle ?
- Oui et je vis avec lui à l'année ici, comme ça je suis près des chevaux.
La joie d'avoir rencontré un autre passionné commence à monter en moi et cela me donne encore plus envie de revenir pendant les prochaines permissions. Malgré moi, j'affiche un sourire béat d'admiration et il ajoute sur un ton gêné et timide :
- Je lui demanderai pour que tu es plus de chance qu'il dise oui...
Je le remercie et me dirige vers la carrière où tous les autres ont vaguement commencé à détendre. À les voir, j'ai vraiment l'impression que monter à cheval est quelque chose d'ultra complexe, je jette un coup d'œil malicieux à Dimitri qui me fait comprendre qu'il est aussi exaspéré que moi et nous en rigolons tous les deux.

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Option de vie
JugendliteraturUn stage à l'armée, Cassiopé ne s'attendait pas à être la seule fille des 40 participants... Elle aurait facilement pu passer au dessus des moqueries de certains garçons, si c'était resté dans le cadre du sexisme des ados de collège... Mais ça a vit...