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- Allez du nerf !

Nous avons commencé l'entraînement sur les parcours d'obstacles et je dois dire que c'est à la hauteur de la promesse...

- Plus vite !

Max et les soldats qui nous encadrent nous motivent un maximum pour que nous côtoyions nos limites. Lorsque certains peinent à passer les palissades ou à suivre le rythme, nous devons nous entraider pour développer la cohésions et  l'esprit "frère d'arme". Moi j'essaie de ne montrer aucune faiblesse pour avoir le moins besoin d'aide possible... Malgré cela, Antoine n'est jamais très loin pour me faire la courte échelle lorsqu'un mur est trop haut (il est vrai que je ne suis pas avantagée avec mon 1m60)... Mise à part le remercier vaguement entre deux souffles perdus, je ne lui prête aucune attention. Le but étant d'être concentrée, je n'ai pas besoin de distraction... Le simple fait de croiser son regard pourrait me stopper net dans ma course, je le sais.

Au bout d'un moment, nous arrivons tous les deux devant un immense mur en corde. J'enlève le chargement que nous avons récupéré plus tôt pour la deuxième partie de l'entraînement afin de facilité mon ascension.

- Quand je serais à mi-hauteur, tu me passeras les sacs pour faire passer de l'autre côté et tu pourras monter.

- On va perdre du temps, c'est un exercice contre la montre rappelles toi !

Je n'écoute pas sa remarque, trop sûre de moi et commence à grimper. Ma technique était effectivement la meilleure en terme d'efficacité mais peut être pas de rapidité... Nous arrivons quinze et seizième au point de rendez-vous.

- Je t'avais dis qu'on allait perdre du temps ! T'es vraiment bornée en plus d'être nulle !

À peine arrivés, Antoine m'agresse comme si j'étais du poisson pourri... Je m'indigne :

- Pardon ? J'espère que tu plaisantes ?

- Non, c'est de ta faute si nous sommes arrivés aussi tard ! La ponctualité à l'armée t'en as jamais entendu parler ou quoi ?

- Mais qu'est ce que tu racontes ! Nous sommes dans les premiers ! Je te rappelle qu'il y en a encore 24 qui arrivent après nous !

- Peut être que tu t'en fiches, mais pas moi ! Les valeurs de l'armée sont trop importantes pour que je relativise !

Alors que j'allais encore une fois riposter, Max nous interrompt :

- Que ce passe-t-il ici ?

Antoine fait son numéro en s'excusant platement de notre raffut tout en aillant la parfaite position militaire...

- Commandant, permettez- moi de vous poser une question.

- Je vous écoute Mademoiselle Séloir.

- Qu'elle valeur militaire privilégierez-vous entre la ponctualité et l'entraide ?

- La ponctualité est de rigueur lorsque la vie d'un de vos camarade n'est pas en jeu. Or, dans cet exercice, c'est l'entraide qui compte le plus.

- Merci commandant.

Je me félicite intérieurement d'avoir raison face à l'énervement d'Antoine. Ce qui me fait moins sourire, c'est que je découvre une partie sombre de son caractère qui ne me plaît pas du tout... Je repense donc à mon but premier, celui de réussir individuellement ce stage et ne pas m'occuper de ma sociabilité.

Sur le chemin du retour, Max vient me voir :

- Que s'est-il passé avec Antoine ?

- Ce bouffon s'est énervé contre moi parce que j'ai proposé une technique efficace mais pas extrêmement rapide pour faire passer les sacs par dessus le mur en cordage, du coup nous avons perdu un petit peu de temps et monsieur n'est pas arrivé premier... Franchement ce mec a un égo surdimensionné c'est incroyable !

- Ce n'est qu'une erreur de discernement, ne te prends pas la tête avec ça. Restes dans l'esprit d'équipe lors des exercices et occupes toi de toi pendant les temps de repos, tu es bien une des rares engagées qui se suffit à elle même crois moi !

- Merci, c'est ce que je vais faire.

Le soir venu, je suis toujours en rogne contre Antoine et ne cherche même pas à connaître son état d'esprit, je ne le regarde pas et espère bien que lui non plus ! Et je pense que non, je ne sens pas ses yeux sur moi comme d'habitude... Tant mieux !

Pour me changer les idées avant de dormir, je feuillette un livre sur la garde montée de l'étagère de ma chambre. Je ne mets pas longtemps à sombrer dans un sommeil profond.

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