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11h : mon réveil me sors du lit. Je suis encore dans le pâté mais un peu de musique va m'aider à me mettre dans l'entrain de la journée. Je lance "Maps" de Maroon 5 et tape une petite chorégraphie légèrement humiliante (je me fais honte à moi même, heureusement que je suis seule)... Je me poste devant la corbeille à fruits et réfléchis longuement sur mon choix pour ce matin. J'opte finalement pour un kaki et une banane. Je passe le reste de la matinée au marché du village, sur la place et m'octroie une pause en terrasse avec un bon diabolo menthe.

En rentrant, je prépare mes affaires, me change et direction l'arrêt de bus. Je reprends la même place que la semaine dernière et me refais le chemin dans ma tête en regardant la route. Lorsque j'arrive, Dimitri m'attend à la descente.

- Hey, qu'est ce que tu fais là ?

- J'avais envie de venir te chercher. Tu as passé une bonne semaine ?

- Oui, c'était chouette.

- Tu ne t'ai rien fais cette fois ?

- Non.

- Super ! Prête pour la balade ?

- Plus que prête !

Je lui ai menti au sujet de cette semaine parce que je n'ai pas envi de lui en parler. Je préfère profiter pleinement de ma journée de repos.

Je pose mes affaires dans un coin en arrivant dans l'allée des boxes. Dimitri m'indique qu'Eole est au pré du fond. En arrivant vers les différents champs où sont quelques chevaux qui profitent du beau temps, j'aperçois Eole qui se met à galoper dans ma direction en ruant. Mais lorsqu'il arrive à ma hauteur, il pile face à moi et colle sa tête contre mon buste... Ce grand fou ne cesse de m'étonner. Après lui avoir dis bonjour et fais quelques caresses, je lui passe le licol sur la tête et l'amène sur le chemin. Je l'attache face à son boxe dans l'allée, lui donne un bon coup de brosse et le selle. Ce coup ci, j'hésite à prendre une bombe mais je me dis que je serai mieux sans. De toute façon, Dimitri n'en prend pas non plus.

- Tu ressorts Oural ?

- Oui, il faut l'habituer à l'eau et aux sorties sur le sable.

- D'accord. On va sur quelle plage ?

- La plage sud, elle est plus facile d'accès pour les chevaux.

Je suis soulagée, avec Antoine nous allons toujours sur la plage nord et je suis quasi certaine qu'il va y passé la journée même sans moi. Quelques minutes plus tard, nous sommes fin prêts à partir. La route n'est pas très longue pour rejoindre l'océan et nous pouvons emprunter des pistes en sable, ce qui nous permet de trotter et donc, d'être un peu plus rapide. Je profite à fond d'être à cheval au milieu des pins maritimes. J'adore ce décor, il m'apaise plus que tout. Sur le chemin, je parle à Dimitri de mes projets d'avenir. Lui voudrait suivre son apprentissage au sein de l'armée et être garde à cheval, ce qui ne m'étonne pas du tout. Il m'avoue aussi qu'il crush sur une fille de son lycée et qu'il prie pour qu'elle soit dans sa classe l'année prochaine. Voilà une information qui risque de plaire à Antoine et qui m'arrange fortement... Ce n'est pas que je n'aime pas Dimitri, mais sur le long terme, si long terme il y a, il serait plus un bon pote qu'un petit ami... Enfin bref.

Nous arrivons enfin au sommet de la petite dune qui cache l'océan. Il y a un chemin exprès pour les chevaux qui descend doucement et qui est plus dur que le sable fin de la plage. Arrivée en bas, je fais une pause pour admirer l'horizon d'une hauteur différente de d'habitude. Puis, je lance à Dimitri :

- Alors, on fait la course ?

- Évidemment ! Mais laisse moi un peu d'avance s'il te plaît, Oural ne démarre pas aussi vite que son frère, il n'est pas habitué.

- Pas de soucis ! Je commence à galoper après toi.

- Ça marche !

Je laisse Dimitri s'ajuster et rassurer Oural sur le fait que l'eau ne mort pas et que le sable mouillé ne va pas se dérober sous ses sabots. Lorsqu'il commence à galoper, j'attrape mes reines et m'élance à mon tour pour le rattraper. Quand j'arrive à sa hauteur et que les frangins se synchronisent, Dimitri me fait signe que son cheval a pris ses marques et qu'on peut commencer la course. Je donne un grand coup de talon à Eole qui allonge son allure et fend le vent comme s'il voulait s'envoler ! Nous les semons en quelques secondes. Je vis l'instant présent... Je galope sur un merveilleux cheval qui donne tout pour son cavalier, au bord de l'océan... Que rêver de mieux ? Je ne me suis jamais sentie aussi bien ! Rien ne peux m'arrêter, je me sens invincible ! J'admire les vagues et la plage qui défile devant moi... Je me sens libre... Je lâche mes reines pour ouvrir les bras en grand comme si je voulais embrasser le soleil. Je ne vacille même pas, je continue de me laisser porter par le galop régulier mais rapide d'Eole. Je sens qu'il est aussi déterminé que moi pour gagner cette course mais qu'il profite autant que moi d'être là. Je regarde en arrière en reprenant mes reines. Dimitri n'est qu'à quelques mètres de moi. Oural a l'air de se sentir bien lui aussi, même s'il n'a visiblement pas encore le pied marin.

Au bout d'un petit moment, je sens qu'Eole commence à s'essouffler alors je le fais ralentir doucement. Je repasse au pas le temps que les perdants nous rejoignent.

- Alors, bons ou mauvais perdants ?

Oural secoue la tête et tape du pied par terre comme s'il était énervé...

- Lui mauvais apparemment ! lance Dimitri en rigolant.

- Bah alors mon grand, on est déçu d'avoir perdu face à son grand frère ? T'en fais pas, avec un petit peu d'entraînement tu finiras par le dépasser ! dis-je sur un ton enfantin à Oural.

Ce coup-ci, c'est Eole qui peste... Alors je me penche sur son encolure et lui murmure à l'oreille :

- Il faut bien encourager les plus jeunes. Mais ne t'inquiètes pas mon beau, tu es imbattable.

- Bon, on fait le retour en mode tranquille ? me propose Dimitri.

- Oui, il faut qu'ils soufflent un peu là...

Nous faisons donc le chemin en sens inverse, au pas, en marchant un peu plus dans l'eau. Au bout d'un moment, nous nous arrêtons pour les laisser un peu plus dans les vagues. Ce genre de thalassothérapie est excellent pour les chevaux et d'autant plus, lorsqu'on leur demande de faire un gros effort. Évidemment, eux s'amusent mais Dimitri et moi prenons plutôt une douche... Après ce petit arrêt, nous repartons vers la dune. Dernier galop avant de revenir sur le chemin du retour. Le soleil se couche doucement à travers les pins. Les rayons passent à travers les branches et viennent se poser sur mes joues et sur les crins de nos montures. Nous finissons par voir le bout de la balade en regagnant le centre.

Un bon pansage pour ces messieurs à sabots  et hop, au boxe. Je remercie une dernière fois Eole d'avoir été aussi généreux et agréable à monter. Je le caresse longuement sur l'encolure et la tête, lui fais quelques bisous sur le museau et le laisse tranquille. Puis je rejoins Dimitri, qui a terminé de s'occuper d'Oural.

- Merci infiniment pour la balade ! Jamais je ne me suis sentie aussi bien sur le dos d'un cheval, crois moi !

- Avec plaisir ! Je suis content que tu aies pu monter ici. Eole t'apprécie vachement en plus, tu vas lui manquer...

- Peut être que je reviendrai un jour qui sait...

- Ce serait avec joie que nous t'accueillerons !

- Merci beaucoup ! Bon, tu m'excuses, il faut vraiment que je rentre...

- Oui bien sûr, je t'accompagne jusqu'à l'arrêt de bus.

- Tu n'es pas obligé tu sais...

- Ça me fais plaisir, mais si tu ne veux pas je reste là...

- Non aucun soucis, au contraire.

Je récupère mes affaires et nous nous dirigeons vers l'arrêt de bus juste à côté du centre. J'y arrive en même temps que lui. Le temps de dire au revoir et merci à Dimitri que je suis déjà obligée de partir... Je me souviendrai longtemps de cette merveilleuse journée...

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