J'ouvre doucement les yeux. Je suis toujours allongée sur le sol. Antoine est à côté de moi, inerte. Je lève difficilement la tête. Il n'y a plus personne autour de nous, il ne reste que quelques flammes qui brûlent encore dans la nuit. J'essaie de secouer Antoine :
- Réveilles toi... Antoine, aides moi...
Mais je n'ai plus de force pour quoi que ce soit... Je me sens m'évanouir petit à petit...
Le matin, je me réveille sur un lit, à l'infirmerie du camp. Je regarde la pièce, de haut en bas et de droite à gauche. J'ai encore la vision un peu floue mais je perçoit l'infirmière dans l'embrasure de la porte en face de moi qui semble faire demi tour. Quelques minutes plus tard, je la vois revenir avec Max. Il s'assoit sur une chaise à côté de mon lit.
- Comment tu te sens ?
- Euh... Un peu barbouillée... lui dis-je en marmonnant. Pourquoi je suis ici ?
- Tu as reçu une balle sur le genoux. Heureusement, celui qui a tiré est mauvais viseur, elle n'a fait que déchirer la peau.
Je sors petit à petit du brouillard. Max me demande sur un ton calme :
- Est-ce que tu peux me raconter ce qu'il s'est passé ?
- Euh... On dormait, et on s'est retrouvé dans la cour arrière...
- Qui vous a amené là bas ?
- Kevin et sa bande...
Max pousse un grand soupir en fermant les yeux et en serrant les points... Mais il garde son calme.
- Ce sont eux qui ont allumé un feu ?
- Oui.
- Qu'est ce qu'ils vous voulaient ?
- Ils voulaient qu'on ratent notre dernière semaine... Ils étaient juste jaloux de notre réussite... Et à mon avis, ils voulaient aussi se venger de moi quand je les ai balancé pour Clément...
- Et après ?
- Je me suis énervée parce que Kevin n'arrêtait pas de m'insulter et Antoine à voulu... D'ailleurs, il est où Antoine ?!
- Il va bien...
- Non ! Dis moi où il est ! Il ne bougeait plus quand je me suis réveillée ! lui crie-je en m'affolant.
- Calmes toi, il est à l'hôpital.
- Quoi ? Pourquoi ?! Qu'est ce qu'il a ?!
Des larmes se mettent à couler le long de mes joues...
- Ne t'inquiètes pas, tu pourras le voir aujourd'hui. Continues, que s'est-il passé ensuite ?
- Il a voulu me protéger parce que Kevin allait me tirer dessus avec un pistolet... Mais il s'est pris un coup de masse par Rayan qui est arrivé par derrière... J'ai voulu l'aider mais c'est là que j'ai reçu une balle dans la jambe sans doute... Je me suis effondrée à côté de lui...
- D'accord. Il n'y a rien d'autre ?
- Non... Je ne crois pas... C'est allé tellement vite... Tout s'est enchainé d'un coup, ça n'a dû durer que une ou deux secondes...
- Bon. Reposes toi ma grande. Je viendrai te chercher cette après-midi pour aller voir Antoine.
- D'accord.
Max sort de ma chambre et je fonds en larmes... Je ne pense qu'à Antoine... Pourquoi il a fallu qu'il essaie de me protéger... Et pourquoi il a fallu que je m'énerve et que les choses se gâtent à cause de moi ? S'il lui est arrivé quoi que ce soit de grave, je ne me le pardonnerai jamais !
Soudain, quelqu'un toque à ma porte. C'est Maé. Il entre et s'approche de moi doucement. J'ai l'air pathétique à pleurer comme ça... Il s'assoie sur la chaise et me souris gentiment.
- Comment tu te sens ?
- On m'a déjà posé cette question...
- Oui, mais je n'ai pas eu de réponse pour me rassurer, me dit-il en rigolant.
- Je suis inquiète pour Antoine... J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave...
- Je ne sais pas grand chose mais ne t'en fais pas, tu le connais il est robuste.
- Ce n'est pas ça le problème... Un coup dans les cervicales ça peut tuer quelqu'un...
- Tu en sauras plus cette après-midi.
- Oui... Mais au fait, le stage, comment ça se passe ?
- Ce matin, quand on ne vous a pas vu arriver dans la grande salle pour le petit déjeuner, on a demandé aux autres s'ils vous avaient vu ce matin. Julien nous a dis que la porte de votre chambre était restée ouverte mais que vous n'étiez pas dedans... Alors moi et quelques autres militaires sommes allés vous chercher sur le domaine. C'est le sergent Lucas qui vous a trouvé...
- Je vois...
- Du coup, on s'est occupé de vous. Ce sont mes collègues qui se chargent de l'encadrement aujourd'hui. Le Commandant Foret lui, va se charger du cas des gars qui vous ont fais ça...
- J'ai vraiment été stupide...
- Mais non, tu n'as pas à t'en vouloir ! Ce sont eux les responsables, pas toi.
- Certes... Mais quand même !
- Bon écoutes, reposes toi, je reviens t'apporter ton repas de ce midi d'accord ?
- D'accord.
Il sort à son tour de la pièce. Je regarde l'horloge au dessus de mon lit : 11h30... Wow, je suis restée si longtemps que ça dans les vapes ?!
Comme promis, Maé revient avec un plateau contenant le repas de ce midi. Il ne peux pas rester avec moi mais ça m'arrange, j'ai vraiment l'air d'une loque comme ça... J'ai un bandage au genoux et il y a une paire de béquilles à côté de mon lit... Je suppose que je vais devoir m'en servir. Après avoir manger l'équivalent d'un dixième de mon assiette, je ferme les yeux, me sentant à bout de forces...
Au bout d'un moment, je suis réveillée brusquement par Max, Maé et le sergent Lucas qui entrent dans ma chambre. Ils posent les yeux sur mon assiette encore pleines.
- Tu n'as presque rien mangé... Ça ne va pas t'aider à reprendre des force, me dit le sergent sur un petit ton triste.
- Je n'avais pas très faim...
- Bon ce n'est pas grave. Tu veux voir Antoine je suppose, lance Max l'air nerveux.
- Oui !
- Alors chausses toi, nous t'amenons à l'hôpital.
Je m'assoie sur le lit, mets ma chaussure gauche pendant que Maé m'aide à mettre la droite, ce qui me gêne énormément, mais m'arrange quand même puisque avec mon genoux, j'aurais eu du mal... Ensuite, il s'agit de marcher avec des béquilles. Je ne me suis jamais fais mal au point d'avoir besoin de béquilles... J'avance maladroitement vers l'extérieur de l'infirmerie. Je manque de me casser la figure à plusieurs reprises avant d'atteindre la voiture. Maé et le sergent ne nous accompagnent pas, ils doivent rester pour aider à encadrer les autres engagés.
Sur le trajet, Max m'explique ce qu'il va se passer pour Kevin et sa bande. Ils seront tous jugés au conseil disciplinaire militaire mais Kevin et Rayan auront droit à un passage devant le juge puisqu'ils ont fais usage d'armes à feu et arme blanche sans autorisation et qu'ils auraient pu nous tuer... Je ne réagis pas à ces nouvelles. Ils n'ont que ce qu'ils méritent.
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Option de vie
Genç KurguUn stage à l'armée, Cassiopé ne s'attendait pas à être la seule fille des 40 participants... Elle aurait facilement pu passer au dessus des moqueries de certains garçons, si c'était resté dans le cadre du sexisme des ados de collège... Mais ça a vit...