Option de vie

23

Dernier jour avant le weekend. Nous effectuons quelques missions encadrées dans la forêt, puis quelques exercices de combat que je remporte haut la main face à Kevin. Face à Antoine c'est une autre histoire :

- Alors tu as peur de frapper une fille ?

- Une fille ? Quelle fille ?

- Ha-Ha très drôle... Moi au moins je n'hésite pas, dis-je avant de lui mettre une droite bien placée.

Un peu étourdi, Antoine me refait face et essaie de me mettre au sol. Mais je suis plus rapide que lui, esquive et le plaque face contre terre attendant l'abandon.

- Ok ok, d'accord, t'as gagné ! crie-t-il en tapant le sol avec sa main.

Je le lâche doucement et l'aide à se relever, arborant un sourire fier. Mais avant que je m'en rende compte, il retourne mon bras et me jette au sol... Je ré-ouvre les yeux et le vois au dessus de moi, avec le même sourire que celui que j'ai eu dix secondes plus tôt mais avec son air charmeur habituel en plus... Je l'ai peut être cherché mais je ne vais pas m'avouer vaincue :

- C'est de la triche, tu as abandonné je te signale !

- Personne n'a dit qu'on doit se limiter à un seul combat ! Alors tu te relèves ou le score est exæquo ?

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase que je lui plante mon genoux entre les jambes avant de me remettre debout. Il grogne de douleur et j'en profite pour lui décalquer mon poing dans la tronche ! Mais voilà qu'il m'arrête net en entourant mes phalanges de sa grande main. De l'autre, il tente de me retourner mon coup mais j'esquive chacun de ses mouvements tout en ayant une main prise au piège... Après quelques minutes, je termine cet affrontement en lui donnant un coup de pied dans le ventre ce qui lui fait perdre son équilibre et son souffle, accessoirement. Je lui souris de haut tandis qu'il se tient les côtes :

- Alors, K.O. ce coup ci ?

- K.O., tousse-t-il, complètement abasourdi.

- 2-0 alors ! Comme quoi les filles ne sont pas toujours les plus faibles, n'est ce pas ?

- Tu es de loin, la fille la moins faible que j'ai rencontré ! Mais vas dire ça à Kevin et Rayan plutôt.

- Kevin a déjà eu à faire à mon poing avant toi, il est prévenu. Et Rayan est trop une mauviette pour venir s'y frotter !

Nous en rigolons et retournons faire état des scores auprès de Max.

- Pas mal Séloir ! Vous avez de quoi vous faire du soucis pour la semaine prochaine Rivière ! lance Max mort de rire.

- Je saurai être à la hauteur de l'adversité Commandant !

- Parfait ! Bel esprit ! Je suis très fier de vous deux, vous êtes de loin les meilleurs de ce stage ! Je suis content de finir ma carrière sur cette note !

- C'est tellement dommage que vous nous quittiez mon Commandant, dit Maé.

- C'est vrai, qu'est ce que tu vas faire après ?

- Ne t'en fais pas Cassiop, je vais retourner derrière les fourneaux ! Ça m'ira très bien ! Et je ferai de la musique avec ton père aussi.

- C'est pas faux... J'espère que tu ne vas pas regretter, sinon je serai obligée de te dire que je te l'avais dis !

- Aucun soucis ! Et ne vous inquiétez pas Lieutenant Firam, vous avez été un très bon élève et êtes un très bon élément, je suis sûr qu'avec la reprise du commandant Liéraq, vous gravirez vite les échelons.

- Merci de croire en moi mon Commandant ! Je ne vous décevrez pas ! Vous êtes un excellent instructeur et si j'en suis là c'est grâce à vous !

- C'est votre volonté et votre détermination qui prime mon Lieutenant, croyez moi.

- Merci mon Commandant.

Cet échange entre Maé et Max m'a vraiment ému, je suis peut être une sensible, mais je comprends que Maé soit reconnaissant envers Max de l'avoir amené jusqu'ici. Quoi qu'il en soit, je suis certaine, moi aussi, qu'il va aller loin et haut dans l'armée.

Il est l'heure de retourner au camps. Même rituel que la semaine dernière, je prends une bonne douche avant d'aller manger avec les autres. Ce weekend va me faire le plus grand bien, j'ai des courbatures à des muscles dont j'ignorais l'existence... Soudain, mon téléphone vibre. C'est un message de Dimitri : "Ça te dirait de venir monter Eole dimanche ? Tu lui manques !". Je souris en lisant mon écran et réponds que ce serait avec plaisir, bien que je ne sois pas sûre que ça plaise à mes articulations... Mais monter me manque beaucoup trop alors tant pis !

Je vais m'assoir à ma place habituelle car ce soir, le reste du camps ne mange pas avec nous, il sont en mission nocturne. Je suis seule, perdue dans mes pensés quand je sens une sensation familière... Je sais qu'Antoine m'observe de sa place... Je tourne légèrement la tête mais pas assez pour le regarder dans les yeux. Quelques secondes plus tard, quelque chose à changer et je vérifie un peu plus directement dans la direction d'Antoine, mais il n'est plus là... Soudain le voilà qui s'installe en face de moi ! Je le regarde d'un air interrogateur :

- Qu'est ce que tu fais ?

- Je termine de manger pourquoi ? me répond-il innocemment.

- Sans blague ? Non mais qu'est ce que tu fais ici ? dis-je en insistant.

- Oh ici, je fais partie du stage non ?

- Arrêtes de te moquer de moi ! Pourquoi tu es venu à cette place ?!

- D'accord d'accord ! Désolé, dit-il en riant, je viens te tenir compagnie, ça te vas comme argument ?

- J'ai pas besoin de toi.

- On est toujours pas amis après deux semaines ? Il a ce ton charmeur que je lui connais bien.

- Si, tu es mon ami, mais je ne suis pas déboussolée sans toi ! Je le provoque comme à mon habitude.

- Je n'ai pas dis ça, mais tu fais pitié comme ça toute seule...

- J't'emmerde !

Il éclate de rire et me regarde droit dans les yeux, ce qui me fait littéralement fondre... Wow, mets toi une claque !

C'est le sergent Lucas qui s'occupe de nous déposer chez nous ce soir. Pendant tout le trajet il n'a pas arrêté de faire des blagues, toutes plus nulles les unes que les autres, mais nous n'avons pas pu nous empêcher de pleurer de rire !

Lorsque Antoine descend de la voiture, il me propose de se retrouver à la plage demain vers 13h et j'accepte aussitôt ! De toute façon je comptais bien y aller pour profiter de l'océan un jour sur deux. En repartant, je remarque que le sergent me lance des petits sourires qui m'intriguent... Il le remarque et me lance :

- Il n'y aurait pas un petit quelque chose entre Antoine et toi par tout hasard ?

Il n'en fait pas du tout trop...

- Quoi ? Pas du tout ! On est amis, rien de plus.

- Hum, je ne suis pas si sûr que ça demeurera tel quel bien longtemps...

Il se moque un peu de moi en disant ça mais ça me fait sourire... Ce qui m'angoisse (hormis tout) c'est l'ambiguïté quasi constante qui plane entre nous... Je me fais peut être des films, mais toutes ses sensations que j'ai quand il est là ou qu'il me regarde me perturbent... Mathieu dirait que c'est dans ma tête, Liam qu'il y a peut être anguille sous roche et Charlotte que c'est étrange... De toute façon, je ne le connais que depuis deux semaines et je risque de ne plus jamais le revoir après le stage.

Arrivée devant chez moi, je dis bonsoir au sergent Lucas et m'affale sur le canapé. Je passe ma soirée à donner des nouvelles, à en prendre, à jongler entre ma série policière et mon téléphone, écouter de la musique au lieu de subir les coupures pub et tout ça, en buvant un bon thé à la vanille. Et que serait un bon thé à la vanille sans quelques petits biscuits que j'ai découvert dans le placard de la cuisine ? Les propriétaires sont vraiment gentils de m'avoir fait les courses pour ce weekend. Je passe donc une très bonne soirée avec ma solitude.