Mon réveil me tire d'un rêve effrayant... Je tombais dans un immense trou noir en plein milieu de mon jardin chez Mamie... Heureusement je suis dans mon lit, près de la plage et il fait soleil. J'ai rendez-vous avec Dimitri vers 14h au centre et je dois prendre le bus de 13h15 pour être à l'heure. Mais j'ai le temps, il n'est que 11h. Je prend mon temps pour sortir du lit et prendre un petit déjeuner copieux. En prévision des courbatures supplémentaires qui vont apparaître ce soir, j'applique de la pommade sur celles déjà présentes. Je repense tout à coup à ce moment où Antoine a posé sa main sur mon genou pour me soigner il y a environ deux semaines. Je me souviens de cette sensation de chaleur et de cette brume qui m'avait complètement envahi le cerveau... Puis je revois son regard quand j'ai découvert ses yeux verrons pour la première fois... Un flot de souvenirs revient en moi et tout mon travail pour effacer mes doutes est anéanti... Je crois même que des larmes coulent de mes joues à cet instant précis...
Mon téléphone vibre et me sort de ma détresse... C'est Dimitri : "Il me tarde d'être à cet après-midi". Je ne prends même pas la peine de répondre, je suis trop mal. Je m'allonge une minute ou deux sur le canapé pour reprendre mes esprits. J'essaie de me calmer en considérant le fait qu'Antoine est un garçon très attentif aux autres et que c'est une amitié sincère, mais plus j'y pense et plus j'ai la tête qui tourne... Je mets de la musique pour éviter de trop réfléchir. Je chante sur "Let it go" de James Bay que je connais sur le bout des doigts. Le moment de me préparer est vite arrivé quand je commence à retrouver l'espace-temps. J'enfile mes affaires d'équitation que j'avais prise pour la visite du site d'entraînement, mets le reste dans mon sac à dos et commence à sortir pour aller à l'arrêt de bus. Je n'attends pas longtemps avant qu'il arrive. Il n'y a presque personne mais je préfère m'assoir dans un coin qu'en plein milieu. Après être descendue, je marche quelques minutes pour arriver devant le portail du centre. L'odeur de fumier qui plane sur tout le domaine me fait me sentir comme chez moi. Certaines mauvaises langues diraient que c'est sale et que la référence à ma maison est risible mais ce n'est qu'une façon de dire que l'atmosphère d'un centre équestre me fait respirer librement. J'aperçois Dimitri dans l'allée des boxes et vais le rejoindre.
- Salut !
- Hé ! Comment vas-tu ? me demande-t-il.
- Très bien merci, et toi ?
- Nickel ! Je suis content que tu sois là.
Je ne fais pas attention à sa remarque et lui demande où est Eole.
- Dans son boxe au fond. Tu peux commencer à le préparer.
- Tu vas monter Céleste ?
- Non je l'ai déjà sortie ce matin. Mais Oural a besoin de se détendre.
- Oural ?
- C'est le frère d'Eole. Il s'entendent très bien et on en profite pour leur apprendre à travailler côte à côte pour les missions.
- C'est pratique pour vous et au moins ils sont ensemble.
- Oui !
Je lui souris pour clore la conversation et me dirige vers le boxe d'Eole. Il porte une couverture bleue marine sur le dos et lève la tête quand j'arrive devant sa porte.
- Salut mon beau, comment ça va aujourd'hui ?
Il secoue la tête et s'approche de moi. Je lui caresse le chanfrein et l'encolure tout en le regardant droit dans les yeux... Ce cheval a vraiment quelque chose en plus, comme s'il pouvait lire en vous comme dans un livre ouvert... Il me rappelle Idaho, le cheval de ma tatie, avec qui j'avais les mêmes sensations. Je rentre doucement à côté de lui et retire sa couverture en continuant de lui parler. Quelques temps plus tard, Eole est pansé et sellé, prêt à être monté. Je sors voir si Dimitri est prêt. Oural est attaché dans l'allée devant son boxe. C'est un magnifique hongre rouan, assez musclé mais avec un port de tête relativement fin. Dimitri finit de lui attacher son collier de chasse, et me dis de commencer à détendre dans la carrière.
Le domaine est vraiment beau et très spacieux. Il y a tout ce qu'il faut pour que les chevaux soient entraînés et chouchoutés dans les meilleures conditions possibles. La détente se passe bien. Eole est un peu excité en voyant son frère arriver mais ils restent concentrés tous les deux. Nous sautons d'abord en individuel sur un petit parcours avec doubles, triples et oxers, puis nous essayons de les faire sauter côte à côte sur un enchaînement de petits verticaux.
- Ils sont doués !
- Oui ! Le colonel est très fier d'eux !
- Je peux lui faire sauter un parcours à 1 mètre 10 ?
- Bien sûr, il adore sauter haut ! Pour ça c'est un vrai crack !
Dimitri descend d'Oural pour m'installer les barres et je m'élance comme si j'étais en concours. Prise par la sensation du galop régulier d'Eole, je me laisse presque porter sur les obstacles et profite pleinement de cette sensation de vol en l'accompagnant et lui faisant totalement confiance... J'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais mais je me rends compte qu'il est déjà 16h et que le temps que je rentre chez moi, ce sera l'heure de retourner au camp. Je m'occupe d'Eole, le récompense avec une pomme et le remercie pour cette séance. Je rassemble mes affaires et Dimitri me raccompagne à l'arrêt de bus.
- J'ai une chance de te revoir dimanche prochain ? me demande-t-il.
- Laisse moi réfléchir... Oui tu as une chance.
- Génial ! Ça te dirais une balade sur la plage ? Ou tu préfère sauter ?
- La seule chose qui rivalise avec un parcours d'obstacle, c'est bien une balade sur la plage !
- Super ! Vivement dimanche prochain alors !
- Merci beaucoup en tout cas, de me laisser monter au centre.
- Avec plaisir ! On a rarement l'occasion d'avoir de l'aide pour sortir les chevaux.
- Si je peux rendre service tant mieux !
Il marque une pause et fixe mon bras.
- Qu'est ce que tu as là ? me demande-t-il en pointant ma blessure.
- Oh rien c'est juste une égratignure.
- Une égratignure ? On dirait plutôt que tu t'es pris une balle...
- C'est pas grave, les balles qu'on utilise pendant les RAID s'écrasent sur la peau, elles ne l'a transperce pas.
- Peut être, mais celle-ci t'a sacrément amoché quand même... remarque-t-il.
- C'est juste un gros bleu.
Le bus apparaît au bout de la route. Je dis au revoir à Dimitri et m'installe à la même place qu'à l'aller, sans me tourner pour lui faire signe.
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Option de vie
Подростковая литератураUn stage à l'armée, Cassiopé ne s'attendait pas à être la seule fille des 40 participants... Elle aurait facilement pu passer au dessus des moqueries de certains garçons, si c'était resté dans le cadre du sexisme des ados de collège... Mais ça a vit...