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Tandis qu'il me transporte jusqu'à l'infirmerie, j'essaie tant bien que mal de retrouver mes esprits. Je suis comme shootée à la douleur et ce n'est pas des plus agréable. Je me sens comme un bout de tissu mou qui plane dans l'air or, j'ai juste la chance d'être portée par les bras musclés de mon meilleur ami. Il me dépose délicatement sur un lit de sorte à ce que j'ai le moins mal possible.

- Je reste avec toi, ou tu préfères que je parte ? me demande Antoine.

- Tu peux... Rester... Si tu veux... dis-je en marmonnant et en essayant d'aligner trois mots.

- D'accord. Tu as été formidable sur cette épreuve vraiment ! Deux heures et demie... C'est un record ! Même moi je n'aurais pas pu tenir aussi longtemps !

- Je sais, vu que tu ne l'as pas fais...

- Ah, si tu as toujours ton sens de l'humour, c'est que tout va bien ! me lance-t-il en rigolant.

- Je ne sens plus ni mes bras ni mes jambes...

- C'est compréhensible ! Qu'elle idée de rester dans une seule position pendue aussi longtemps franchement ? s'écrit l'infirmière en entrant dans la pièce.

- C'est l'entraînement... soupire Antoine.

- Madame est ce que je suis paralysée ?

- Ce n'est qu'une paralysie passagère, tu restes ici cette après-midi tu seras sur pieds demain.

- Bon d'accord...

- Monsieur Rivière je peux vous laisser vous occuper de votre camarade ? Je dois allez voir un autre blessé.

- Bien sûr, aucun soucis.

- Très bien merci. Tenez, de la pommade pour décontracter les muscles et un anti-douleur.

Après avoir donné quelques explications à Antoine, l'infirmière nous laisse seuls dans la salle de repos.

- Décidément, je devrais mettre une étiquette "Soignant personnel de Mademoiselle Séloir" me lance-t-il sur un ton léger.

- Avoues, tu adores t'occuper de moi !

- C'est pas faux.

Je souris en entendant sa réponse. Il commence à m'appliquer une noisette de crème sur les zones de mes jambes que lui a indiqué l'infirmière. Je contiens mes larmes tant que je peux, la douleur est encore très intense... Mais évidemment, je ne peux rien cacher à Antoine Rivière... Alors, en bon soignant, il ralentit ses mouvements pour me permettre d'encaisser plus facilement. Lorsqu'il passe à mes bras, je sens qu'il dessine des formes ou des mots sur ma peau endolorie. Je le regarde puis observe ses doigts glisser sur mes phalanges et remonter jusqu'au pli de mon coude. Nous nous échangeons des regards complices et des sourires amicaux, et petit à petit, la douleur s'en va.

- Tu n'es pas dégoutée de louper l'endurcissement cette après-midi ?

- Si carrément !

- Tu vas pas perdre grand chose, t'es trop forte à ce jeu là !

- Tu dis ça parce qu'au moins, tu as une chance de finir premier du classement.

- Tu crois que tu me fais de l'ombre ?!

- C'est le cas non ?

- Rigoles, n'empêche que sans moi, tu serais encore perchée sur ton rondin de bois à souffrir le martyr !

- Pfff, Maé aussi est venu m'aider tu ne te rappelles pas ?

- Si...

- Aller, tu vas tous les écraser !

- Évidemment !

Antoine finit d'étaler la pommade sur mes bras. Il faut que je lui parle d'hier soir.

- Au fait, je suis désolée de m'être endormie à côté de toi...

- Ce n'est pas grave, dit-il en souriant, je me suis endormi aussi figure toi !

- Mais... J'étais dans mon lit ce matin pourtant, dis-je sur un ton confus.

- Je me suis réveillé en pleine nuit et j'ai préféré te déplacer pour que tu dormes mieux.

- Tu veux dire que tu m'as porté jusqu'à mon lit ?

- Oui.

Je hoche la tête en regardant ailleurs... Il dit qu'il m'a bougé pour que je dorme mieux. Est ce qu'il sait que j'étais comme un bébé sur un nuage à côté de lui ? Il vaut mieux qu'il ne le sache pas.

Il est presque midi et c'est bientôt l'heure de la pause. Je prends difficilement mon médicament contre la douleur et laisse Antoine rejoindre les autres pour le déjeuner. Je vais être obligée de manger au lit...

Je passe mon après-midi à lire et discuter avec l'infirmière. Elle me fait faire quelques mouvements de temps en temps pour m'aider à retrouver de la mobilité. Je m'en sors plutôt pas mal et pourtant je partais de loin... Le soir venu, Max vient me chercher pour que j'ai le temps de prendre une douche avant d'aller manger.

- Tu arrives à marcher ?

- Je crois que oui. Il faut que je me remette sur pied pour demain de toute façon.

- Si tu te sens inapte pour le RAID ce n'est pas grave.

- Si c'est grave ! Je ne veux pas laisser Antoine seul ! Il tiendrait pas deux heures sans moi...

Max explose de rire et me lance sur un ton amusé :

- C'est marrant, quand je lui ai demandé si ça le dérangerai d'être seul pour le RAID il m'a répondu exactement la même chose !

Je rigole à mon tour :

- Au moins, il sait le reconnaître !

Je me lève doucement du lit et commence à marcher lentement. Quelques fourmis et des restes d'ankylose mais rien d'insurmontable. Après la douche, je rejoins Antoine à notre bout de table habituel pour dîner.

- Alors, t'as tout déchiré ? je lui demande en passant ma main le long de ses épaules.

- Oui, mais j'en ai chié... On ne m'a pas fait de cadeau.

- J'imagine... Tu n'es pas passé à l'infirmerie ?

- Non, personne n'y est allé, on s'est contenté d'une bonne séance d'étirements.

- J'espère que tu ne seras pas trop cassé demain...

- Non tu me connais, je suis solide ! Et toi, ça va mieux ? Tu arrives à aligner trois pas ? me demande Antoine sur un ton moqueur.

- À ton avis, comment je suis venue jusqu'ici andouille ?!

- D'accord je me tais...

Comme chaque soir, le repas se passe dans la joie et la bonne humeur. Plus tard, la rivalité avec Antoine n'a jamais été aussi forte que sur cette partie de Bataille ! Je me rappelle la première fois que j'ai joué à ce jeu... C'était contre mon cousin et je lui ai mis une raclée ! Je compte bien réitérer l'exploit avec Antoine. Et justement : première partie, gagnée; revanche, gagnée...

- Bon alors, tu n'essayes même pas de me battre on dirai !

- C'est ça rigoles... On fait la belle ?

- Pas le temps, t'as vu l'heure ? On la fera demain promis !

- T'as trop peur de perdre ta dignité sur une seule partie ?

- Euh, excuses moi mais là, question dignité tu peux te rhabillé !

Antoine fais la moue et je prends un petit air satisfait. Après m'être brosser les dents et fais des ricochets de hanche avec Antoine, je m'installe confortablement dans mon lit.

- Bonne nuit !

- Merci, dors bien !

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