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Nous sommes le jeudi de la troisième semaine de stage. Aujourd'hui, deuxième RAID en forêt. Mission : se camoufler tout en relevant les faits et gestes des autres groupes, les traces d'animaux si nous en trouvons et de nouvelles balises. L'inconvénient c'est qu'on ne peut pas empêcher les autres de nous épier, mais on peut toujours essayer de leur rendre la tâche complexe. Je suis persuadée que Kevin et Rayan vont vouloir tricher et nous mener la vie dure mais heureusement, sur cet exercice, on ne peut pas duper Max. Il vérifie nos relevés en comparant avec ceux de vrais soldats qui se prêtent au jeu pour nous corriger.

Il est environ 14h et je suis terrée dans un faussé en respirant le moins possible pendant qu'Antoine observe le groupe de Julien, Evan et Christian. Je sais que la zone où nous sommes est idéale pour se planquer mais je ne suis pas convaincue d'être totalement invisible...

- Il faut qu'on bouge, me chuchote Antoine en s'asseyant à côté de moi.

- Pourquoi ? Ils dorment ou quoi ?

- Non mais ils installent déjà leur campement, ça sert à rien de rester là, ils faut chercher autre chose.

- On est trop proche, comment est ce qu'on peut sortir d'ici sans se faire choper ?

- On a juste à ramper quelques mètres et on sera hors de leur champs de vision.

- T'as pensé à ceux qui nous observent à nous ? Si on tombe sur eux je te rappelle que c'est un mauvais point...

- Je savais pas que t'était aussi à cheval sur le classement.

- Je dis ça pour toi andouille !

- Ok ok, l'andouille va passer devant pour vérifier qu'il n'y a personne...

Antoine se glisse hors de notre cachette et observe attentivement les alentours.

- C'est bon viens, il n'y a personne. On s'en va.

Je le rejoins doucement. Destination : la clairière de notre premier RAID. Elle est assez loin et le chemin pour y aller doit être emprunter par un certains nombre d'espèce, idéal pour nos observations.

Nous mettons une bonne heure pour retrouver la route mais ça en valait la peine ! On peut compter le passage d'une famille entière de sangliers, d'une ou deux biches et de quelques autres membres du stage.

- C'est peuplé par ici ! lance Antoine.

- C'est une bonne chose que la faune sois préservée.

- Tu adores les animaux toi, pas vrai ?

- Exact, ça se voit tant que ça ?

- Hum... Oui, carrément !

- Au lieu de te moquer de moi, regardes par là, il y a des balises qu'on a pas relevé la dernière fois.

- Je ne me moque pas de toi. Tu les relèves ?

- Ouais !

Après avoir longer le sentier sur un kilomètre ou deux, nous devons passer par le sous bois pour rejoindre notre point de repos. On ne croirait pas comme ça mais le temps passe vite, il est déjà presque 18h...

- Ça te tarde de retrouver ta petite clairière pas vrai ? me taquine Antoine.

- Oui, j'adore cet endroit ! Avoues qu'il est super bien placé !

- Oui j'avoue tout ce que tu veux ! Mais fais gaffe, tu vas finir par t'y installer et y vivre !

- Toi, si je décide de te pousser tu vas finir dans les ronces et les orties, alors ne me cherches pas trop !

- Ah oui ? Essayes un peu pour voir !

Sans réfléchir, je fonce sur lui et le heurte violemment, ce qui le projette sur le tas d'épines derrière lui ! J'éclate de rire en voyant son air confus.

- Alors on fait moins le malin maintenant ! Tu ne me crois toujours pas capable de me défendre seule ?

- Si, mais pas contre moi !

- Parce que tu es mon ami je ne devrais pas me défendre ? Tu rêves !

- Je ne t'ai pas attaqué !

- Si, tu t'en aies pris à ma crédibilité !

- Bon ça va, viens m'aider à me relever au lieu de rire comme une bécasse !

J'aurais bien répondu à ce nouvel affront mais j'obtempère et viens l'extirper de sa condition... Nous finissons notre route jusqu'à la clairière sans trop se parler. Je suis occupée à me moquer d'Antoine qui, lui, est occupé à se retenir de se gratter... Les orties ne l'ont pas vraiment épargné... Je rigole mais je culpabilise, c'est quand même de ma faute s'il s'est blessé. Mais je crois me souvenir que nous avons pris de la vinaigrette dans nos affaires...

Enfin arrivés ! Nous posons nos affaires et nous accordons quelques minutes de pause. J'en profite pour faire mon mea-culpa :

- Viens pas là que je te soigne, dis-je à Antoine en sortant la boîte dans laquelle est rangée notre ration.

- Euh, tu comptes me soigner comment avec ça ?

- Avec de la vinaigrette.

- Hein ?! Mais j'suis pas une salade enfin !

- Mais non bêta, le vinaigre est connu pour apaiser les piqûres d'orties.

- Peut être mais là il n'y a pas que du vinaigre dans ton truc !

- Oh ça va, tu crois qu'il n'y a que du paracétamol dans le Doliprane® ? L'huile de la vinaigrette fait office d'excipient.

- Mouais, je ne suis pas convaincu...

- Si tu préfères te gratter jusqu'au sang, libre à toi...

- Bon ok, ok...

Je lui étale doucement le mélange sur les piqûres.

- Aïe !

- Roooh mais quel douillé !

Je me marre intérieurement. Lui enduire le bras de vinaigrette en repensant à sa comparaison avec une salade est vraiment un situation comique... Nous en profitons d'ailleurs pour manger, la marche ça creuse !

- Il était tranquille ce RAID t'en penses quoi ? me demande Antoine.

- Je n'aurais pas cru que tu emploierais ce terme après ce qu'il t'ai arrivé aujourd'hui, mais sinon oui, je suis plutôt d'accord avec toi.

- Oui fin bon, mise à part ça évidemment...

- Comme quoi, l'uniforme de l'armée ne protège pas de tout...

- Ouais bah, dis ça aux concernés...

Je me moque un peu de lui mais je comprends que son égo en ait pris un coup. Malgré cela, nous passons la soirée à jouer à 'Ni oui ni non' et à 'Qui de nous deux' pour faire passer le temps. Puis je me blottis dans mon duvet et m'endors paisiblement. Cette nuit, pas la peine de faire des quarts de surveillance.

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