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- Oh mon dieu mes os !

Le réveil de mon corps ce matin, s'apparente à l'ouverture d'une porte qui grince... Il est vrai que je n'étais pas montée à cheval depuis longtemps à cause des examens de fin d'année mais je ne pensais pas que j'allais autant le payer...

Tel un zombie, je sors de mon lit, m'habille et me faufile vers la salle commune. Je ne croise pas Antoine sur mon trajet et c'est très bien comme ça, je suis trop engourdie pour faire attention à quoi que ce soit et devoir lui parler m'aurait valu une honte absolue...  Je tiens à peine le rythme pour les salutations du matin...

La tête presque dans mon bol, je suis totalement hors du temps, je ne pense à rien, vraiment rien...

- Tu as bien dormi ? me demande Max en se penchant vers moi.

- Dormi oui, bien je sais pas trop...

- Allez courage, je sais que tu es plus solide que ça !

- Si tu le dis... lui dis-je sur un ton peu convaincu.

Aujourd'hui, direction la caserne des Sapeurs Pompiers de Saint-Médard, qui se trouve à quelques minutes du camp.  Je m'installe dans la voiture et Antoine s'assoie à côté de moi.

- Salut, ça va ? Pas trop dur le réveil ?

- Tranquille, j'ai l'habitude ! J'ai un faux ton assuré qui heureusement à l'air de passer inaperçu.

- Tant mieux parce que moi j'ai l'impression d'être une porte qui grince...

Il y a comme un air de famille avec cette comparaison et cela me fait sourire. La perspective que nous aillons le même type d'humour, sarcastique et noir sur les bords n'est pas pour me déplaire étant donné que nous sommes bien partis pour devenir officiellement amis. Mais je reste sur mes gardes, j'ai toujours un doute sur les intentions d'Antoine. Veut-il que nous soyons simplement amis ?

Nous arrivons à la caserne vers 8h. Depuis le réveil à 5h, entre le petit déjeuner, le debriefing de la journée, les instructions etc, il s'est effectivement écoulé 3h... Je perds de plus en plus la notion du temps ici... Je ne porte pas ma montre et le seul moyen que nous avons pour nous repérer dans la journée est la pause de midi.

Nous nous installons dans une salle et l'exposé des pompiers commence. Chez eux, pas de pratique pour nous, seulement des explications et des réponses aux questions.

Vers midi, nous rentrons au camp pour manger. Je discute avec Antoine tout le chemin. Nous parlons principalement de notre stage et de chaque corps de l'armée que nous avons découvert.

L'après midi, nous sommes sur l'aile gauche du camp avec le bataillon cynophile pour apprendre à conduire des chiens sur un parcours d'entrainement.  Je suis en charge de Peter, un magnifique berger allemand de deux ans, très impliqué pour son âge. Je passe un excellent moment en sa compagnie, ne m'occupant pas le moins du monde d'Antoine. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que cette histoire va beaucoup trop vite. Me fait-il des avances ? Essaie-t-il de m'amadouer ? Veut-il réellement sympathiser ? Je suis peux être prise d'une vague de paranoïa mais j'ai du mal à faire confiance aux gens quand tout n'est pas clair...

Au moment d'aller se coucher, je prend conscience que je n'ai pas adressé la parole à Antoine depuis ce midi. Je n'arrive pas à déterminer si je le regrette ou si ce n'est pas important. Après tout je suis ici pour découvrir l'armée et sortir de ma zone de confort, pas pour trouver un mec ou bavasser à longueur de temps.

Je m'endors donc la tête vide, attendant simplement le lever du jour suivant.

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